Souris des moissons (Reithrodontomys megalotis) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 7

Taille et tendances des populations

Activités de recherche 

Le piégeage a été la principale méthode utilisée pour évaluer la présence ou l’absence et l’abondance de cette espèce au Canada. Les activités de recherche sont plus souvent définies en termes de nuits-pièges. Des pièges mortels ont fréquemment été utilisés pour établir la présence ou l’absence de l’espèce (p. ex. voir Reynolds et al., 1999), tandis qu’un réseau de pièges permettant de capturer l’animal vivant a été installé sur un hectare pour évaluer l’abondance (p. ex. Sullivan et Sullivan, 2004; W. Klenner, données inédites). Nagorsen (1995) s’est servi d’une combinaison de pièges mortels et de pièges permettant de capturer l’animal vivant, installés le long de transects de 500 m, pour déterminer la présence ou l’absence de l’espèce partout en Colombie-Britannique.

Abondance 

Même à l’échelle localisée (p. ex. un réseau de piégeage d’un hectare), il y a peu d’estimations de l’abondance de la souris des moissons. Bien que des densités aussi élevées que 60 individus par hectare aient été rapportées dans les prairies aux États-Unis (Whitford, 1976), l’espèce est rare à l’état sauvage au Canada; elle représente en général moins de 10 p. 100 du nombre total de petits mammifères dans un habitat donné (Nagorsen, 1995; Cannings et al., 1999; Reynolds., et al.1999). Il n’y a aucune estimation provinciale ou nationale de l’abondance de l’espèce.

Colombie-Britannique

À Prairie Valley (près de Summerland), la densité moyenne de souris des moissons pendant les mois d’automne et d’hiver varie de 4,7 individus par hectare dans un habitat de mauvaise qualité à 54,3 individus par hectare dans un habitat de bonne qualité (Sullivan et Sullivan, 2006a; tableau 1). En décembre 1994, la densité dans un champ irrigué a atteint 80 individus à l’intérieur d’un réseau de piégeage d’un hectare; la densité annuelle moyenne (±erreur-type) dans cet habitat a été de 29,2 individus par hectare (±23,5) (Sullivan et Sullivan, 2004; tableau 1). 

Près d’Osoyoos et d’Oliver, jusqu’à 22 individus ont été trouvés dans un réseau d’un hectare pendant une seule séance de piégeage (deux nuits consécutives de piégeage). Même si l’analyse des données n’est pas terminée, on estime néanmoins que la densité de population a probablement atteint un sommet à environ 40 individus par hectare (W. Klenner, données inédites; tableau 1).

Alberta

La souris des moissons est arrivée au deuxième et troisième rang pour ce qui est de la fréquence de capture de petits mammifères pendant les relevés effectués dans la réserve nationale de faune de Suffield en 1994 et en 1995, respectivement (Reynolds et al., 1999). Aucune souris n’a été capturée en 1996. Étant donné que trois années d’activités d’échantillonnage et 48 578 nuits-pièges ont été nécessaires pour capturer 95 souris des moissons, ce qui représente environ 5 p. 100 du nombre total de petits mammifères capturés (95 sur 2 050), il est évident que cette souris est présente en densité faible dans l’aire d’étude (Reynolds et al., 1999). De 1982 à 2005, aucune souris des moissons n’a été capturée au cours de plus de 6 000 nuits-pièges le long de 69 transects de relevé (14 localités) dans l’ensemble du sud-est de l’Alberta (D. Gummer, comm. pers.). De plus, plusieurs projets comprenant l’analyse de boulettes de régurgitation des strigidés recueillies partout dans le sud de l’Alberta ont permis d’identifier les restes de plusieurs milliers de petits mammifères, parmi lesquels aucun ne provenait de la souris des moissons (Schowalter, 2004; R. Poulin et R. Schmelzeisen, comm. pers.). Ces données fournissent des preuves solides de la rareté de la sous-espèce en Alberta.

Fluctuations et tendances 

Des fluctuations saisonnières spectaculaires ont été observées en Colombie-Britannique pour la souris des moissons. Durant plusieurs études pluriannuelles, il a été constamment remarqué que la densité de population atteint un sommet pendant les mois d’automne et d’hiver et diminue brusquement au milieu de l’été (Sullivan et Sullivan, 2004, 2005, 2006a; W. Klenner, données inédites). Une étude d’une durée de quatre ans n’a pas permis de constater un cycle pluriannuel (Sullivan et Sullivan, 2005); la densité variait cependant d’une année à l’autre (de 10 à 40 individus/hectare; W. Klenner, comm. pers.). En Alberta, le nombre de souris des moissons capturées dans la réserve nationale de faune de Suffield variait également, allant de 80 souris en 1994 à 15 souris en 1995 et aucune souris en 1996. Alors que les activités d’échantillonnage n’ont pas été équivalentes d’une année à l’autre, leur ampleur était semblable (Reynolds et al., 1999). 

Effet d’une immigration de source externe 

Étant donné que la souris des moissons est considérée commune dans les deux États qui bordent la Colombie-Britannique et l’Alberta (les États de Washington et du Montana, respectivement; NatureServe, 2005; voir la section « Protection actuelle ou autres désignations de statut »), l’éventualité d’une immigration de source externe existe. Cette éventualité est d’autant plus probable en raison de la capacité de dispersion (Whitaker et Mumford, 1972; Ford, 1977) et des taux élevés de recrutement (Sullivan et Sullivan, 2006b)observés dans le cas de l’espèce. Cependant, advenant un déclin important ou une disparition locale de la population au Canada, l’effet bénéfique d’une immigration de source externe peut être entravée par le manque de connectivité des fragments d’habitat propice à l’espèce situés entre les populations stables au sud et l’aire de répartition potentielle au Canada. Il est nécessaire de mieux comprendre les besoins en matière d’habitat de l’espèce, ainsi que sa capacité à se disperser dans l’ensemble du paysage fragmenté actuel du sud de la Colombie-Britannique et de l’Alberta avant d’interpréter l’éventualité d’une immigration de source externe comme un facteur de réduction du risque de disparition au Canada. Si la réserve nationale de faune constituait le seul habitat restant de la souris des moissons en Alberta, une immigration de source externe serait alors improbable en raison des centaines de kilomètres qui séparent les populations du Montana de cette aire protégée.

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