Spatulaire (Polyodon spathula) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 2

Résumé

Spatulaire
Polyodon spathula

Information sur l’espèce

Le spatulaire (Polyodon spathula) est une espèce primitive et, tout comme son proche parent, l’esturgeon, il est pêché pour ses œufs qui sont transformés en caviar. C’est un poisson massif et robuste pourvu d’un long museau en forme de spatule et d’une large bouche édentée. Sa peau est lisse et sans écaille.

Répartition

L'aire de répartition actuelle du spatulaire est le réseau hydrographique du Mississippi qui s'étend du Montana jusqu'à la Louisiane, et quelques petites rivières qui s'écoulent dans le golfe du Mexique. Au Canada, la présence du spatulaire a été signalée pour la dernière fois il y a environ 90 ans, époque où il était parfois aperçu dans les lacs Huron, Supérieur et Érié.

Habitat

Il y a peu de renseignements, sinon aucun, sur les préférences en matière d’habitat du spatulaire au Canada. Les individus canadiens prélevés au tournant du XXe siècle provenaient de zones côtières intérieures ou d’affluents de taille moyenne des Grands Lacs.

Biologie

Il n’y a aucune donnée sur la biologie générale des populations de spatulaires qui vivaient dans les Grands Lacs; les données existantes proviennent des populations du réseau hydrographique du Mississippi. Le spatulaire a une espérance de vie d’au plus 50 ans et peut mesurer jusqu’à 2 m et peser plus de 80 kg. Le mâle atteint la maturité sexuelle entre l’âge de 7 et 10 ans; la femelle, entre l’âge de 14 et 17 ans. La femelle fraie tous les 2 à 7 ans. Le spatulaire migre sur de longues distances, préférant les réservoirs ou les lacs pendant l’hiver et les grandes rivières pendant la période du frai.

Taille et tendances des populations

Au Canada, la présence reconnue du spatulaire repose sur des individus récoltés dans le lac Huron, près de Sarnia, dans la rivière Spanish, un affluent de la baie Georgienne, et dans le lac Helen, près de la rivière Nipigon. L’espèce a également été présente dans le lac Érié d’après des individus prélevés dans la partie américaine de ses eaux. Au début du XXe siècle, l’aire de répartition périphérique du spatulaire a commencé à diminuer et la population relique des Grands Lacs a disparu. Aucun individu n’a été récolté dans les eaux canadiennes depuis plus de 90 ans.

Facteurs limitatifs et menaces

Cinq principaux facteurs limitatifs influent sur les populations de spatulaires : la dégradation ou la destruction des zones utilisées pour le frai, la construction de barrages qui limitent les déplacements de l’espèce, une réduction du niveau de l’eau dans les cours d’eau, la pollution industrielle et, étant donné que ce poisson atteint la maturité sexuelle à un âge avancé, la surpêche, qui peut rapidement réduire une population.

Importance de l’espèce

Dans les endroits où le spatulaire existe encore, il est reconnu comme étant une espèce pêchée à des fins récréatives et commerciales (principalement pour le caviar). Le public et les scientifiques accordent un grand intérêt à cette espèce étant donné qu’elle représente un des groupes de poissons les plus primitifs en Amérique du Nord; le milieu scientifique s’y intéresse à des fins d’études génétiques et évolutionnaires.

Protection actuelle ou autres désignations de statut

Le spatulaire a été désigné « espèce disparue du pays » par le COSEPAC en avril 1987 et ce statut a été confirmé en mai 2000. Il est actuellement inscrit à la liste des espèces disparues du pays de l’annexe 1 de la Loi sur les espèces en péril (LEP) du gouvernement fédéral [Environnement Canada, 2007]. En plus d’offrir une protection légale à l’espèce et à son habitat, la LEP exige la mise en œuvre d’initiatives de rétablissement.

Historique du COSEPAC

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a été créé en 1977, à la suite d’une recommandation faite en 1976 lors de la Conférence fédérale-provinciale sur la faune. Le Comité a été créé pour satisfaire au besoin d’une classification nationale des espèces sauvages en péril qui soit unique et officielle et qui repose sur un fondement scientifique solide. En 1978, le COSEPAC (alors appelé Comité sur le statut des espèces menacées de disparition au Canada) désignait ses premières espèces et produisait sa première liste des espèces en péril au Canada. En vertu de la Loi sur les espèces en péril (LEP) promulguée le 5 juin 2003, le COSEPAC est un comité consultatif qui doit faire en sorte que les espèces continuent d’être évaluées selon un processus scientifique rigoureux et indépendant.

Mandat du COSEPAC

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) évalue la situation, au niveau national, des espèces, des sous-espèces, des variétés ou d’autres unités désignables qui sont considérées comme étant en péril au Canada. Les désignations peuvent être attribuées aux espèces indigènes comprises dans les groupes taxinomiques suivants : mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens, poissons, arthropodes, mollusques, plantes vasculaires, mousses et lichens.

Composition du COSEPAC

Le COSEPAC est composé de membres de chacun des organismes responsable des espèces sauvages des gouvernements provinciaux et territoriaux, de quatre organismes fédéraux (le Service canadien de la faune, l’Agence Parcs Canada, le ministère des Pêches et des Océans et le Partenariat fédéral d’information sur la biodiversité, lequel est présidé par le Musée canadien de la nature), de trois membres scientifiques non gouvernementaux et des coprésidents des sous-comités de spécialistes des espèces et du sous-comité des connaissances traditionnelles autochtones. Le Comité se réunit au moins une fois par année pour étudier les rapports de situation des espèces candidates.

Définitions (2008)

Espèce sauvage
Espèce, sous-espèce, variété ou population géographiquement ou génétiquement distincte d’animal, de plante ou d’une autre organisme d’origine sauvage (sauf une bactérie ou un virus) qui est soit indigène du Canada ou qui s’est propagée au Canada sans intervention humaine et y est présente depuis au moins cinquante ans.

Disparue (D)
Espèce sauvage qui n’existe plus.

Disparue du pays (DP)
Espèce sauvage qui n’existe plus à l’état sauvage au Canada, mais qui est présente ailleurs.

En voie de disparition (VD)Note de bas de pagea
Espèce sauvage exposée à une disparition de la planète ou à une disparition du pays imminente.

Menacée (M)
Espèce sauvage susceptible de devenir en voie de disparition si les facteurs limitants ne sont pas renversés.

Préoccupante (P)Note de bas de pageb
Espèce sauvage qui peut devenir une espèce menacée ou en voie de disparition en raison de l'effet cumulatif de ses caractéristiques biologiques et des menaces reconnues qui pèsent sur elle.

Non en péril (NEP)Note de bas de pagec
Espèce sauvage qui a été évaluée et jugée comme ne risquant pas de disparaître étant donné les circonstances actuelles.

Données insuffisantes (DI)Note de bas de paged, Note de bas de pagee
Une catégorie qui s’applique lorsque l’information disponible est insuffisante (a) pour déterminer l’admissibilité d’une espèce à l’évaluation ou (b) pour permettre une évaluation du risque de disparition de l’espèce.

 

Service canadien de la faune

Le Service canadien de la faune d’Environnement Canada assure un appui administratif et financier complet au Secrétariat du COSEPAC.

 

Détails de la page

Date de modification :