Dard de sable (Ammocrypta pellucida) programme de rétablissement : chapitre 5

2. Rétablissement

2.1 Faisabilité du rétablissement

La faisabilité du rétablissement est déterminée par quatre critères décrits dans la politique du gouvernement du Canada (2006).

 1.     Des individus capables de reproduction sont-ils actuellement disponibles pour améliorer le taux de croissance de la population ou son abondance?

Oui. Bien que la réussite du frai exige le respect d’exigences particulières liées à l’habitat, la présence continue de l’espèce dans un certain nombre de bassins hydrographiques de l’Ontario de même que l’existence de multiples classes d’âge indiquent que l’espèce se reproduit. Au Québec, des spécimens ont été récemment (c’est-à-dire depuis 1995) capturés à au moins cinq sites, ce qui indique que le dard de sable est toujours présent au Québec (Holm et Mandrak, 1996). Bien que la réussite du frai exige le respect d’exigences particulières liées à l’habitat, la présence continue de l’espèce dans certains cours d’eau (c.-à-d. les rivières L’Assomption et Richelieu de même que l’archipel du lac Saint-Pierre) indique que l’espèce s’est reproduite ces dernières années. En raison de la faible fécondité du dard de sable, le rétablissement des populations sera peut-être long (Holm et Mandrak, 1996).

2.     Y a-t-il suffisamment d’habitats disponibles pour soutenir l’espèce ou, encore, pourrait-on rendre de tels habitats disponibles par l’application de mesures de gestion ou de restauration?

Oui. Il existe un habitat adéquat pour cette espèce, bien que nos connaissances concernant les habitats adéquats sont plus importantes pour l’Ontario et davantage limitées pour le Québec. D’après les quelques informations disponibles, l’aire de répartition de l’espèce recule au Québec. Le maintien de cette espèce à long terme ne pourrait donc ne pas être garanti tant que les assauts contre son habitat ne seront pas réduits (Gaudreau, 2005, NatureServe, 2006, Holm et Mandrak, sous presse). Une meilleure gestion de la qualité de l’eau et de l’habitat actuel (par l’intendance et des pratiques de gestion optimales) pourrait permettre d’améliorer les habitats adéquats et d’accroître leur nombre. En outre, le remplacement d’un substrat vaseux par un substrat sableux pourrait permettre au dard de sable de repeupler partiellement un cours d’eau (Gaudreau, 2005).

3.     Les menaces importantes qui pèsent sur l’espèce ou son habitat peuvent-elles être évitées ou atténuées par des mesures de rétablissement?

Oui. Les menaces importantes qui pèsent sur l’habitat du dard de sable, comme l’accroissement de l’envasement et de la turbidité, peuvent faire l’objet de mesures de rétablissement. L’intendance et la mise en œuvre de pratiques de gestion optimales atténueraient ces menaces. Il sera nécessaire de déployer des efforts à la grandeur du bassin hydrographique afin de réduire, dans les sites fréquentés par le dard de sable, l’envasement et le dépôt de sédiments attribuables à l’érosion des terres, des berges et du lit des cours d’eau, au drainage agricole et à d’autres sources afin d’améliorer considérablement la qualité de l’eau(Dextrase et al., 2003, ARRT, 2005).

4.     Les techniques de rétablissement requises existent-elles et sait-on si elles sont efficaces?

Il existe des pratiques de gestion optimales et des activités d’intendance qui permettent d’améliorer la qualité de l’eau dans les lacs et les cours d’eau. Des améliorations de la qualité de l’eau, associées à une diminution de l’envasement, ont profité aux populations de dard de sable du Vermont et de l’État de New York (Daniels, 1993). Il existe un certain nombre de stratégies et de techniques pour améliorer la qualité de l’eau et de l’habitat à l’intention du dard de sable. Les stratégies intégrées de gestion de l’eau pour chaque bassin versant constituent un bon exemple, car elles rassemblent toutes les utilisations de l’eau et leurs effets dans l’ensemble du territoire et font appel à différentes techniques afin d’assurer la restauration des cours d’eau (c.-à-d. gestion de la qualité de l’eau et de l’envasement, réalisation d’inventaires, sensibilisation, planification et aménagement du territoire). On a déjà observé des résultats positifs pour l’éperlan (Osmerus mordax) dans les rivières Boyer et Fouquette, où les mesures prises par le comité de gestion du bassin versant ont permis la restauration de plusieurs habitats riverains et la réduction de diverses sources de pollution aquatique (Équipe de rétablissement de l’éperlan arc-en-ciel, 2003). Des efforts similaires sont également déployés dans le bassin versant de la rivière aux Outardes, dans sa partie est (G. Audet, comm. pers.).

Des réintroductions peuvent être réalisées par des relocalisations d’alevins ou d’adultes. Bien qu’aucune étude n’ait été publiée sur l’élevage du dard de sable (ARRT, 2005), l’élevage en captivité et la relocalisation ont été utilisés, dans le sud-est des États-Unis, pour le rétablissement d’autres espèces de dard en voie de disparition (Shute et al., 2005). Par exemple, des populations d’espèces de dard à situation précaire, comme Percina tanasi (poisson-escargot) et Etheostoma crossopterum, ont été établies grâce à des relocalisations d’individus adultes (Etnier et Starnes, 1993, Poly, 2004). Cependant, aucune de ces espèces de dard ne fait partie du genre Ammocrypta. Par contre, plusieurs populations de dard de sable des États-Unis et du Canada (p. ex. dans la rivière Thames) sont stables, et des analyses génétiques permettraient de déterminer si elles pourraient servir de sources à des réintroductions. Un plan devra être élaboré si les initiatives de relocalisation sont jugées réalisables et appropriées.

 Les critères ci-devant indiquent que le rétablissement est une entreprise réalisable sur le plan biologique et technique. Le niveau d’effort exigé pour le rétablissement des populations des rivières Sydenham et Thames serait modéré en raison de l’accent mis sur la restauration et la protection de l’habitat (Dextrase et al., 2003). Lorsque le dard de sable est disparu de réseaux hydrographiques, ce qui est peut-être le cas dans quatre bassins en Ontario, le niveau d’effort exigé serait élevé puisque le rétablissement de la population nécessiterait la restauration de l’habitat et la relocalisation de l’espèce (ARRT, 2005). La priorité, en matière de gestion, doit être accordée aux zones d’habitat de qualité élevée qui hébergent actuellement des populations de dard de sable. Il est à noter que le coût de la restauration d’un habitat dégradé et très endommagé est élevé.

Le rétablissement du dard de sable au Québec est possible et réalisable. Bien que l’espèce ne soit pas très abondante, elle est toujours présente dans certains cours d’eau de la province. On peut améliorer la situation du dard de sable en protégeant efficacement les habitats que fréquente ce poisson, en augmentant leur nombre et en améliorant leur qualité. Une amélioration globale des conditions environnementales qui caractérisent les bassins versants pourrait également accroître la qualité de l’eau des affluents où l’espèce est signalée. On doit d’abord combler les lacunes dans les connaissances actuelles concernant l’espèce afin d’établir des mesures de protection, d’aménager efficacement le territoire et de s’assurer ainsi de l’atteinte des objectifs du programme de rétablissement.

2.2 But du rétablissement

Le but à long terme du présent programme de rétablissement est d’empêcher la poursuite du déclin des populations de dard de sable et la détérioration de leur habitat au Canada, de même que d’assurer la pérennité de l’espèce en augmentant la répartition et l’abondance du dard de sable dans l’ensemble de son aire de répartition actuelle au Canada, et ce, en procédant à des améliorations de la qualité de l’habitat et, s’il y a lieu, à des réintroductions.

2.3 Objectifs du rétablissement

Objectifs à court terme du rétablissement (sur cinq ans)

  1. Protéger les populations et les habitats connus.
  2. Déterminer l’étendue, l’abondance et la démographie des populations actuelles dans le cadre d’un programme d’échantillonnage ciblé.
  3. Déterminer l’étendue, l’abondance et la qualité de l’habitat actuel (parcelles sableuses) dans les zones où l’espèce a été observée dans le cadre d’un programme d’échantillonnage ciblé.
  4. Définir les principaux besoins liés à l’habitat afin de définir l’habitat essentiel et de mettre en œuvre des stratégies pour protéger les habitats connus.
  5. Établir un programme de surveillance à long terme de la population et de l’habitat.
  6. Clarifier les menaces et définir des mesures correctrices à mettre en œuvre afin de réduire leurs effets.
  7. Examiner la faisabilité de la relocalisation, de l’élevage en captivité et des réintroductions.
  8. Sensibiliser la population à l’importance de cette espèce et à sa situation à titre d’espèce aquatique en péril et d’indicateur de la santé de l’écosystème.
  9. Établir des liens entre des partenaires (y compris les équipes de rétablissement de l’écosystème), les groupes d’intérêt, l’industrie, les organismes et les propriétaires fonciers intéressés à soutenir le rétablissement du dard de sable.

2.4 Mesures recommandées pour l'atteinte des objectifs de rétablissement

2.4.1    Planification du rétablissement

Les mesures de rétablissement ont été organisées en trois catégories : « recherche et surveillance », « gestion » et « intendance, sensibilisation et approche communautaire ». Bien que les mesures soient présentées en ordre de priorité, toutes sont importantes pour l’atteinte du but et des objectifs du rétablissement. Des explications font suite au tableau 6, le cas échéant.

Tableau 6. Mesures axées sur la recherche et la surveillance pour le rétablissement du dard de sable en Ontario.

NNo. Priorité Objectif Menace(S. 1.5.2) Stratégie globale vis-à-vis des menaces Approches recommandées pour atteindre les objectifs de rétablissement
R.1 Élevée iii   Relevés et cartographie de l’habitat Cartographier l’aire de  répartition et évaluer l’étendue et la qualité de l’habitat sableux situé à proximité des populations connues.
R.2 Élevée ii, iii, iv, v   Relevés et surveillance de fond

Élaborer un programme de surveillance à long terme qui inclut un protocole d’échantillonnage et de la formation.

Échantillonner les sites où l’espèce a été observée et qui abritent un habitat adéquat au moyen d’un engin approprié (senne ou chalut). 

Intégrer les découvertes à un programme de surveillance courante de la population.

R.3 Élevée vii   Élevage en captivité et réintroduction

Déterminer la faisabilité et l’à-propos de la réintroduction dans les zones où l’habitat est adéquat.

Lorsque la réintroduction est considérée comme appropriée pour rétablir des populations (historiques ou dégradées), élaborer un plan de réintroduction.

R.4 Élevée iii, iv  

Évaluation de l’habitat – Habitat occupé

Évaluation de l’habitat – Habitat inoccupé et historique

Relever les paramètres environnementaux ainsi que les caractéristiques abiotiques et biotiques de l’habitat occupé par le dard de sable.

Relever les paramètres environnementaux ainsi que les caractéristiques abiotiques et biotiques de zones où l’habitat est adéquat, mais qui ne sont pas occupées par le dard de sable.

Réaliser des comparaisons statistiques avec les résultats obtenus au point R.3 afin de déterminer si l’habitat des zones inoccupées présente des limites.

R.5 Élevée iv   Caractérisation de l’habitat essentiel Décrire et définir les principaux éléments de l’habitat essentiel de l’espèce à chaque stade de son cycle biologique.
R.6 Élevée ii, v   Inventaires Établir une méthode d'échantillonnage standard pour saisir et identifier tous les stades de développement du dard de sable et produire des inventaire ciblés dans les sites historiques et d’occupation récente de l’espèce afin de définir et de compléter les connaissances actuelles sur l’aire de répartition de l’espèce au Canada, en particulier  au Québec.
R.7 Modérée vi i Espèces envahissantes – Surveillance Surveiller les bassins hydrographiques, en collaboration avec les équipes actuelles de rétablissement de l’écosystème, afin de détecter la présence du gobie arrondi, en particulier dans le cours est de la rivière Sydenham et dans les rivières Thames et Grand.
R.8 Modérée iii, iv   Évaluation de la géologie des dépôts meubles Évaluer la géologie des dépôts meubles des zones occupées par le dard de sable afin de localiser des sources de sable nécessaires à la création de l’habitat.
R.9 Modérée ii   Recherche Mieux connaître la dynamique des populations.
R.10 Modérée vi   Recherche Mieux décrire les menaces qui peuvent restreindre l’abondance et l’aire de répartition du dard de sable au Québec.
R.11 Modérée iv   Recherche Déterminer le seuil physiologique de l’espèce en regard des paramètres pertinents relatifs à la qualité de l’eau (température de l’eau, turbidité, oxygène dissous, éléments nutritifs).
R.12 Modérée ii, v   Inventaires Dresser des inventaires précis aux sites d’observation récents et historiques et dans les zones pouvant servir d’habitat.
R.13 Modérée v   Communication et coordination Élaborer une base de données centrale pour enregistrer des données sur l’espèce, et intégrer ces observations dans le système du Centre de données sur le patrimoine naturel du Québec.
R.14 Modérée vi a-k Clarification des menaces

Quelques exemples :

Pollution/toxicité

i) Déterminer les sources importantes de sédiments et de contamination de sources ponctuelles et non ponctuelles.

ii) Déterminer la vulnérabilité du dard de sable à des contaminants connus et soupçonnés.

Récolte de poissons-appâtsDéterminer le taux de prises accessoires du dard de sable dans la récolte de poissons-appâts.

Modification du rivage

Déterminer les effets de la modification du rivage sur les processus littoraux responsables du maintien de l’habitat du dard de sable.

Modification du lit de cours d’eau et de barrages  - Évaluer les effets potentiels de modifications apportées à des barrages et au lit de cours d’eau sur l’habitat.

Espèces envahissantes

Déterminer l’effet négatif éventuel de la propagation du gobie arrondi et de toute autre espèce aquatique envahissante.

R.15 Faible ii   Choix de l’engin Relever les meilleures méthodes d’échantillonnage du dard de sable dans les habitats situés dans des cours d’eau et dans des lacs.
R.16 Faible i, vi   Génétique de la conservation Examiner le degré de variation génétique et d’isolement au sein des populations (c.-à-d. faiblesse des effectifs et préoccupations relatives à la consanguinité) et entre elles sur l’ensemble de leur aire de répartition en Amérique du Nord.
R.17 Faible iii, iv   Modélisation de l’habitat Élaborer un modèle de prévision de l’habitat afin de relever les sites où le dard de sable pourrait être présent ainsi que des zones d’habitat importantes.
M.1 Élevée i d,e,g,h Gestion et politiques Reconnaître l’importance des processus qui se déroulent dans les cours d’eau et près du littoral de même que des sources dont provient la charge de fond sableuse dans le maintien des habitats du dard de sable, et s’assurer que ces sources et ces processus sont protégés.
M.2 Élevée vi, ix   Évaluation des facteurs de perturbation à l’échelle du bassin hydrographique En collaboration avec les équipes de rétablissement de l’écosystème concernées, se pencher sur les facteurs de perturbation des populations et de leur habitat à l’échelle du bassin hydrographique.
M.3 Élevée vi i Plan de gestion des espèces envahissantes Élaborer un plan de gestion qui traite des risques potentiels et qui propose des mesures en réaction à l’arrivée ou à l’établissement d’une espèce envahissante, comme le gobie arrondi.
M.4 Élevée i   Gestion et protection de l’habitat Dresser un plan de conservation du dard de sable pour le Québec.
M.5 Élevée i   Protection de l’habitat Protéger l’habitat à l’aide de mesures légales et administratives.
M.6 Modérée viii, ix   Gestion de l'habitat  et planification municipale Inciter les municipalités à inclure les préoccupations concernant la conservation de l’habitat du dard de sable dans les documents d’aménagement du territoire .
M.7 Modérée i d,e,g,h Régimes d’écoulement des eaux S’assurer que les exigences du dard de sable liées au débits sont considérées dans la gestion de l’approvisionnement en eau et des régimes d’écoulement.
S.1 Élevée viii, ix   Intendance Élaborer des activités d’intendance avec des gestionnaires, des propriétaires et des citoyens pour protéger des habitats aquatiques.
S.2 Élevée ix   Coordination Établir l’équipe de mise en œuvre du programme de rétablissement pour l’Ontario.
S.3 Élevée ix   Partenariats Former des partenariats afin d’obtenir du financement et de mener à bien les mesures prises dans le cadre du programme de rétablissement.
S.4 Modérée vi  

Inventaires –

évaluation des risques

Demander que les lignes directrices sur les évaluations environnementales entreprises pour le compte de promoteurs en vue de la réalisation d’un projet sur un cours d’eau donné (habitat actuel ou potentiel de l’espèce) prévoient l’établissement d’un inventaire ciblant spécifiquement le dard de sable et faisant appel aux techniques appropriées).
S.5 Modérée viii, ix   Coordination avec d’autres équipes de rétablissement Travailler avec des équipes de rétablissement de l’écosystème et des équipes de rétablissement ciblant une seule espèce afin de mettre en œuvre des plans d’action pour le rétablissement et d’être mis au fait de toute observation fortuite.
S.6 Modérée viii, ix   Établissement de relations – Bassin versant Établir de bonnes relations de travail avec des superviseurs du bassin versant, des ingénieurs et des entrepreneurs afin de limiter les effets des activités réalisées dans le bassin versant.
S.7 Modérée viii, ix   Communication et sensibilisation (plan de communication)

Établir un plan de communication et de sensibilisation.

Sensibiliser les intervenants des milieux agricoles, industriels et municipaux aux effets de la pollution dont ils sont responsables sur le dard de sable et élaborer des outils à cet égard.

Élaborer des outils de sensibilisation et d’information afin de favoriser l’adoption de pratiques saines d’aménagement du territoire à l’intention des MRC, des municipalités, des propriétaires, des vacanciers, des promoteurs et des industries.

S.8 Modérée vi, viii i Espèces invahissantes Augmenter la sensibilisation du public aux impacts des espèces invahissantes sur l'écosystème naturel, favoriser l'utilisation  du système de déclaration des espèces   invahissantes de l'Ontario et élaborer un système de déclaration du gobie arrondi pour  le Québec.
S.9 Modérée     Gestion et coordination Élaborer un processus d’évaluation annuelle des mesures prises.
S.10 Modérée viii, ix   Initiatives relatives à l’intendance et à l’habitat Favoriser l’intendance parmi des propriétaires de terrains adjacents à des habitats utilisés par le dard de sable et d’autres résidents locaux. Pour que des améliorations importantes soient apportées à l’habitat, les efforts doivent être déployés à la grandeur du bassin hydrographique.
S.12 Modérée viii, ix   Intendance – Mise en œuvre de pratiques de gestion optimales Travailler avec les propriétaires fonciers afin de mettre en œuvre des pratiques de gestion optimales, y compris celles concernant les zones tampons riveraines, la conservation du sol, la gestion des troupeaux, la gestion des éléments nutritifs et des fumiers et les drains agricoles; favoriser la réalisation de plans agro-environnementaux et de plans de gestion des éléments nutritifs.
S.13 Modérée viii, ix   Aide financière aux propriétaires fonciers locaux Accroître le financement destiné au développement durable à l’intention des propriétaires fonciers et des groupes communautaires locaux.
S.14 Modérée viii, ix   Sensibilisation – Étude des préoccupations des propriétaires fonciers Communiquer clairement les offres de compensation financière de même que les préoccupations et les responsabilités des propriétaires fonciers en vertu de la LEP.
S.15 Modérée viii, ix j Sensibilisation – Prises accessoires dans la récolte aux poissons-appâts

Fournir une trousse d’information aux pêcheurs qui pratiquent la pêche aux poissons-appâts concernant cette espèce et son habitat.

Leur demander d’éviter ces habitats dans les tronçons où l’on sait que l’espèce se trouve de même que de relâcher et de signaler tous les dards de sable capturés.

S.16 Faible viii, ix   Relationship Building In cooperation with ecosystem recovery teams, build relationships among a diverse assemblage of interest groups and stakeholders within the watersheds where it occurs.
S.17 Faible viii, ix   Sensibilisation (agents de la faune) Former des agents de la faune responsables en Ontario et au Québec et les sensibiliser à la situation du dard de sable et à celle d’autres espèces de poissons en péril.
S.18 Faible viii   Communication Informer le public concernant la recherche et les efforts de restauration.
S.19 Faible viii   Communication et sensibilisation (public) –documents imprimés Produire des documents d’information de même qu’une brochure de sensibilisation et d’éducation du public concernant le dard de sable.

Relevés et surveillance de fond (R.2)– Le dard de sable n’a été signalé que dans quelques sites au sein des bassins hydrographiques qui composent son aire de répartition. En outre, la documentation portant sur les spécimens signalés est fort rare. Dans certains cas, comme pour la rivière Ausable, on ne dispose que de données historiques. Cette espèce, parce qu’elle vit cachée dans le sable, affiche peut-être une aire de répartition un peu plus vaste que celle actuellement connue (Portt et al., 2004). Il faut réaliser des relevés à proximité des sites d’observation actuels et historiques pour :

  1. confirmer la répartition spatiale des populations actuelles;
  2. confirmer la disparition de populations historiques;
  3. définir un habitat adéquat (répartition, étendue et qualité des parcelles sableuses);
  4. obtenir un indice de l’abondance et des données sur les tendances temporelles;
  5. détecter la présence du gobie arrondi (R.7).

Tableau 7. Besoins liés aux relevés pour le dard de sable dans certains plans d’eau de l’Ontario.

Bassin hydrographique de l’Ontario Besoins liés aux relevés
Rivière Ausable Déterminer si des populations existent encore.
Ruisseau Catfish
Ruisseau Big Otter
Ruisseau Big
Rivière Sydenham Déterminer si les populations sont disparues du bras est, entre Strathroy et Alvinston.
Rivière Grand Déterminer si des populations sont présentes entre la région d’Oxbow et le barrage Caledonia.
Rivière Thames Effectuer un suivi des populations.
Lac Érié
Lac Huron
Lac Sainte-Claire

On recommande que les populations des cours d’eau soient examinées pendant les périodes d’étiage (été et début de l’automne). Les relevés sur le terrain doivent cibler les habitats peu profonds dont le lit est composé de sable ou d’un mélange de sable et de gravier.

Élevage en captivité et réintroduction(R.3)

Les efforts de réintroduction doivent tenir compte des éléments suivants.

  1. Avant d’élaborer des plans de réintroduction, il est nécessaire de confirmer par un échantillonnage intensif que le dard de sable n’est plus présent.
  2. On suppose que la dégradation de l’habitat est la cause de nombreuses disparitions. Le succès de la réintroduction reposera sur la compréhension des besoins liés à l’habitat de l’espèce et sur la présence d’un habitat adéquat suffisamment étendu au site de relocalisation. Il faut réaliser des relevés afin de caractériser les conditions actuelles de l’habitat et définir les mesures à prendre pour améliorer les habitats dégradés. En cas de méconnaissance des exigences liées à l’habitat, des études portant sur l’utilisation de l’habitat devront être entreprises.
  3. On ne doit pas envisager la réintroduction tant que les facteurs qui ont conduit à la disparition n’ont pas été compris et étudiés.
  4. Il faut désigner des populations sources pour soutenir les besoins pour la réintroduction. Idéalement, ces populations sont très diversifiées sur le plan génétique et leur composition génétique s’est développée dans des conditions historiques similaires à celles du site de relocalisation. En comparant les caractéristiques génétiques de ces populations à celles de populations occupant d’autres parties de l’aire de répartition nord-américaine de l’espèce, on pourra juger de l’à-propos de la relocalisation et orienter le choix des populations sources, le cas échéant. Dans la mesure du possible, on privilégiera les populations sources provenant du même bassin hydrographique.
  5. Le prélèvement d’individus ne doit pas avoir d’effets négatifs sur la situation des populations sources.
  6. Il faut déterminer quelle est la méthode d’introduction optimale (p. ex. choix entre la relocalisation de sujets adultes ou l’élevage en captivité). Si la propagation en captivité est l’option privilégiée, des méthodes de propagation et d’élevage de même que des installations d’élevage en captivité adéquates doivent être désignées.
  7. Afin d’établir avec succès des populations autonomes et de préserver leur composition génétique, il faut déterminer le nombre d’individus à introduire, leur stade de développement de même que la fréquence et la durée des ensemencements supplémentaires. L’analyse de la viabilité des populations (AVP) ou toute autre méthode axée sur la modélisation de la population peut faciliter l’obtention de cette information. L’utilisation appropriée d’outils d’AVP peut toutefois exiger l’obtention de meilleures données concernant le cycle biologique et la démographie de l’espèce ciblée pour la réintroduction.
  8. Il faut effectuer une surveillance afin de s’assurer que les populations nouvellement établies sont viables, que le taux d’ensemencement est approprié et que les conditions de l’habitat sont toujours adéquates.
  9. Toute réintroduction proposée dans le cadre du présent programme supposera la préparation d’un plan de réintroduction où l’on étudiera les aspects logistiques et écologiques traités ci-devant ainsi que les enjeux touchant les intervenants.

La réintroduction doit respecter les lignes directrices sur l’introduction d’espèces de poissons menacées et en voie de disparition de l’American Fisheries Society (Williams et al., 1988).

Coordination avec d’autres équipes de rétablissement (S.5) – De nombreuses menaces pesant sur le dard de sable sont consécutives à la dégradation des habitats, un phénomène qui touche de nombreuses espèces aquatiques. Les programmes de rétablissement de l’écosystème et plurispécifiques, comme ceux des rivières Sydenham, Ausable, Grand et Thames, tiennent compte des exigences du dard de sable dans leurs stratégies à l’échelle du bassin hydrographique. Outre les considérations propres à l’espèce, ces programmes axés sur l’écosystème utilisent des stratégies à l’échelle du bassin hydrographique pour améliorer des conditions environnementales, comme la qualité de l’eau, ce qui profite au dard de sable et à d’autres espèces. On recommande que l’équipe de rétablissement du dard de sable en Ontario et les équipes de rétablissements plurispécifiques adoptent une démarche coordonnée et cohérente qui optimise le partage des ressources et de l’information ainsi que le rendement. Les membres de l’équipe de rétablissement du dard de sable en Ontario doivent procéder à une classification scientifique de chaque population de dard de sable selon son importance afin d’orienter la priorisation des mesures prises à l’échelle de l’écosystème. Ils doivent également coordonner leurs efforts avec les membres des équipes de rétablissement de la tortue-molle à épines et de l’obovarie ronde.

Communication et sensibilisation (S.8) – On sollicitera l’appui et la participation du public en diffusant du matériel éducatif et en faisant connaître des responsables et des ressources en matière d’intendance.

.Initiatives relatives à l’intendance et à l’habitat (S.10) – Des efforts devront être déployés à l’échelle de tous les bassins hydrographiques afin d’améliorer la qualité de l’habitat. Il s’agit d’une occasion importante pour les propriétaires fonciers, les communautés locales et les conseils de gestion de prendre part aux initiatives concernant le rétablissement du dard de sable, la santé de l’écosystème et de l’environnement, la préservation d’une eau pure, la gestion des éléments nutritifs, les pratiques de gestion optimales, les projets d’intendance et les incitations financières connexes. Dans le cadre de ces efforts, les membres de l’équipe de rétablissement du dard de sable en Ontario collaboreront étroitement avec les diverses équipes de rétablissement des écosystèmes aquatiques, dont un grand nombre ont déjà établi des liens et des activités d’intendance qui bénéficieront au dard de sable.

Mise en œuvre de pratiques de gestion optimales (S.11) Les membres de l’équipe de rétablissement du dard de sable en Ontario travailleront avec les groupes de mise en œuvre du rétablissement axé sur l’intendance, la sensibilisation et l’approche communautaire des bassins hydrographiques de même qu’avec des propriétaires fonciers et des groupes d’intendance afin de mettre en œuvre des pratiques de gestion optimales qui incluent, sans toutefois s’y limiter, celles énumérées au tableau 8 (S.13). L’établissement de zones tampons riveraines réduit l’introduction d’éléments nutritifs (azote et phosphore) et de sédiments dans le milieu récepteur et les eaux de ruissellement. La restriction de l’accès du bétail aux cours d’eau, lorsque c’est faisable et approprié, permet une réduction de l’érosion et de la charge en sédiments et en éléments nutritifs. La gestion des éléments nutritifs et des fumiers réduit l’introduction de l’azote et du phosphore dans les plans d’eau adjacents et, par le fait même, améliore la qualité de l’eau, ce dont profite le dard de sable et d’autres organismes aquatiques. Les groupes de mise en œuvre du rétablissement peuvent travailler avec les propriétaires fonciers afin d’atténuer les effets des drains agricoles, ce qui permet de réduire l’introduction de sédiments et d’éléments nutritifs. Les pratiques de travail minimum du sol permettent de réduire l’érosion des sols et d’améliorer leur structure, tout en diminuant la charge en sédiments dans les cours d’eau adjacents. Les plans agro-environnementaux permettent d’établir un ordre de priorité pour la mise en œuvre de pratiques de gestion optimales dans des exploitations agricoles et sont parfois préalables à l’admissibilité aux programmes de financement. Les plans agro-environnementaux sont supervisés par l’Association pour l’amélioration des sols et récoltes de l’Ontario (AASRO). Pour de plus amples renseignements sur les pratiques de gestion optimales, consulter la série de fascicules « Les pratiques de gestion optimales » du ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et des Affaires rurales de l’Ontario :http://www.omafra.gov.on.ca/french/environment/bmp/series.htm.

Sensibilisation – Prises accessoires dans le cadre de la récolte aux poissons-appâts (S.15)– L’utilisation du dard de sable comme appât est interdite en Ontario (Cudmore et Mandrak, 2005). Cette espèce risque toutefois d’être prise par des sennes et peut ainsi être affectée en tant que prise accessoire. D’après l’équipe de rétablissement des espèces de poissons en péril de la rivière Grand (Portt et al., 2004), il faut préparer une trousse d’information qui pourrait être distribuée en même temps que les permis de pêche aux poissons-appâts dans les zones occupées par le dard de sable dans la rivière Grand. La trousse pourrait inclure une description et une photographie (ou une illustration) de l’espèce de même qu’une description de l’aire qu’elle occupe généralement et de ses habitats de prédilection. Les exploitants pêcheurs qui pratiquent la pêche aux poissons-appâts seraient invités à éviter ces zones et à signaler toute capture d’un individu de cette espèce.

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