Carex tumulicole (Carex tumulicola) : programme de rétablissement 2013

Table des matières


© P. Lawn

Le carex tumulicole en fleur

Programme de rétablissement du carex tumulicole (Carex tumulicola) au Canada
2013

Citation recommandée :

Agence Parcs Canada. 2013. Programme de rétablissement du carex tumulicole (Carex tumulicola) au Canada. Programmes de rétablissement de la Loi sur les espèces en péril. Agence Parcs Canada, Ottawa. vi + 28 p.

Pour obtenir des exemplaires du programme de rétablissement ou pour obtenir un complément d’information sur les espèces en péril, incluant les rapports de situation du COSEPAC, les descriptions de la résidence, les plans d’action et d’autres documents connexes sur le rétablissement, veuillez consulter le Registre public des espèces en péril.

Illustration de la couverture : P. Lawn, Agence Parcs Canada

Also available in English under the title:
"Recovery Strategy for the Foothill Sedge (Carex tumulicola) in Canada".

© Sa Majesté la Reine du chef du Canada, représentée par le ministre de l’Environnement, 2013. Tous droits réservés.
ISBN 978-0-660-20922-7
de catalogue : En3-4/160-2013F-PDF

Le contenu du présent document (à l’exception des illustrations) peut être utilisé sans permission, à condition que la source en soit mentionnée.

Préface

Dans le cadre de l’Accord pour la protection des espèces en péril (1996), les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux signataires ont convenu d’adopter des lois et règlements et des programmes complémentaires qui assureront la protection des espèces en péril partout au Canada. En vertu de la Loi sur les espèces en péril (LEP) (L.C. 2002, ch. 29), les ministres fédéraux compétents sont responsables de l’élaboration des programmes de rétablissement pour les espèces désignées disparues du pays, en voie de disparition ou menacées et sont tenus de rendre compte des progrès réalisés dans les cinq ans.

Le ministre de l’Environnement et le ministre responsable de l’Agence Parcs Canada sont les ministres compétents pour le rétablissement du carex tumulicole, comme l’exige l’article 37 de la LEP. Le programme de rétablissement a été élaboré en collaboration avec Environnement Canada (Service canadien de la faune), le gouvernement de la Colombie-Britannique, le ministère de la Défense nationale et la Première nation de Becher Bay.

La réussite du rétablissement de l’espèce dépendra de l’engagement et de la collaboration des nombreux groupes qui participeront à la mise en œuvre des directives exposées dans le présent programme, et non uniquement d’Environnement Canada, de l’Agence Parcs Canada ou de quelque autre instance. Tous les Canadiens et les Canadiennes sont invités à appuyer le programme et à contribuer à sa mise en œuvre dans l’intérêt du carex tumulicole et de l’ensemble de la société canadienne.

Le présent programme de rétablissement sera suivi d’un ou de plusieurs plans d’action qui exposeront les mesures de rétablissement qui seront appliquées par Environnement Canada et l’Agence Parcs Canada ainsi que par d’autres instances et/ou organisations intéressées à la conservation de l’espèce. La mise en œuvre du programme demeure assujettie aux crédits, priorités et contraintes budgétaires des compétences responsables et des organisations participantes.

Le rétablissement du carex tumulicole sera coordonné avec le rétablissement d’autres espèces qui occupent les boisés et les prés maritimes associés aux écosystèmes du chêne de Garry, tel qu’il est précisé dans Agence Parcs Canada (2006a; 2006b).

Énoncé de recommandation et d’approbation

L’Agence Parcs Canada a dirigé l’élaboration du présent programme de rétablissement du gouvernement fédéral, en collaboration avec l’autre ministre compétent (ou les autres ministres compétents) dont relève l’espèce en vertu de la Loi sur les espèces en péril. Le directeur général, suivant la recommandation du directeur de parc (ou des directeurs de parc) et du directeur d’unité de gestion (ou des directeurs d’unité de gestion) concernés, approuve le présent document, attestant ainsi qu’il est conforme aux exigences relatives aux programmes de rétablissement de la Loi sur les espèces en péril.

Recommandé par :

Todd Shannon
Directeur par interim, Réserve de parc national du Canada des Îles Gulf

Recommandé par :

Helen Davies
Directrice, Unité de gestion de la Colombie-Britannique côtière, Agence Parcs Canada

Approuvé par :

Alan Latourelle
Directeur général, Agence Parcs Canada

Signature

Remerciements

Nous remercions vivement Matt Fairbarns et Michael T. Miller, qui ont préparé les premières ébauches du programme de rétablissement, ainsi que Simone Runyan, qui a recueilli de plus amples renseignements aux fins du présent rapport. L’Équipe de rétablissement des écosystèmes à chêne de Garry (ERECG), chargée du rétablissement du carex tumulicole, a participé à l’élaboration du programme de rétablissement. Le document a été révisé selon les commentaires et les corrections faits par le ministère de la Défense nationale, Ressources naturelles Canada, Environnement Canada et la province de la Colombie-Britannique. Nous remercions les divers propriétaires qui soutiennent le rétablissement de l’espèce sur leurs terres et qui y ont donné accès pour les inventaires.

Résumé

En 2008, le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a évalué la population canadienne du carex tumulicole (Carex tumulicola Mack.) et établi qu’il s’agit d’une espèce en voie de disparition. En février 2010, l’espèce a été inscrite à titre d’espèce en voie de disparition aux termes de la Loi sur les espèces en péril (LEP) du Canada, ce qui confère à l’espèce une protection juridique.

Le carex tumulicole est une vivace graminoïde qui forme des touffes et dont les fleurs sont vert terne. Il ne pousse que dans l’ouest de l’Amérique du Nord, du sud de la Colombie-Britannique jusqu’au centre de la Californie. À l’intérieur de son aire de répartition, le carex tumulicole est présent dans les prairies en terrain élevé, les prés secs et humides et les clairières des chênaies de Garry. À l’échelle mondiale, l’espèce est classée comme apparemment non en péril.

Au Canada, le carex tumulicole se trouve le long de la côte sud-est de l’île de Vancouver et dans l’une des îles Gulf voisines. Selon le rapport de situation du COSEPAC, la population canadienne compte 500 à 1 500 individus matures; des relevés subséquents ont cependant permis de découvrir la présence de sous-populations non signalées, ce qui fait augmenter la taille de la population canadienne estimée à environ 2 500 individus matures. La répartition canadienne de l’espèce représente moins de 1 % de son aire de répartition mondiale totale.

Le carex tumulicole est présent sur des terres privées, municipales et fédérales où il est menacé par la transformation de l’habitat, l’empiétement de plantes herbacées et ligneuses indigènes et exotiques envahissantes, les activités de loisirs et de gestion des terres, le broutage et l’affaissement des berges. Un certain nombre de facteurs compromettent le rétablissement et la survie du carex tumulicole, dont la faible compétitivité, le recrutement limité et la faible capacité de dispersion, les besoins spécifiques en matière d’habitat et la disponibilité de l’habitat. Étant donné que le carex tumulicole croît lentement et vit longtemps, il peut être sujet à l’élimination en raison d’événements démographiques et écologiques de nature stochastique. Un taux de fragmentation de la population élevé combiné à de faibles effectifs peut entraîner une perte de diversité génétique.

À court terme, l’objectif de rétablissement du carex tumulicole au Canada est d’en maintenir les sept populations existantes et l’aire de répartition au pays. Les stratégies générales proposées contre les menaces faisant obstacle à la survie et au rétablissement du carex tumulicole sont exposées dans la section 6 (Stratégies et approches générales recommandées pour l’atteinte des objectifs).

Le présent programme de rétablissement précise les superficies d’habitat essentiel du carex tumulicole au Canada, dans la mesure du possible pour le moment, d’après les meilleurs renseignements disponibles. Les activités risquant de détruire l’habitat essentiel sont établies.

D’autres mesures visant le rétablissement du carex tumulicole seront intégrées à un ou plusieurs plans d’action d’ici 2018.

Caractère réalisable du rétablissement – Sommaire

Le rétablissement du carex tumulicole au Canada est réputé techniquement et biologiquement faisable, d’après les critères indiqués dans les Politiques de la Loi sur les espèces en péril : cadre général de politiques (ébauche) (Gouvernement du Canada, 2009).

  1. Des individus de l’espèce sauvage capables de reproduction sont disponibles ou le seront dans un avenir prévisible pour maintenir ou accroître l’effectif.

    Oui. Chacune des sept populations existantes comprend au moins un individu reproducteur, et deux de ces populations en comptent au moins 50.
  2. Un habitat propice suffisant est à la disposition de l’espèce, ou pourrait l’être par la mise en œuvre de mesures de gestion ou de restauration de l’habitat.

    Oui. Bien que certaines populations existantes soient menacées par d’importantes limites en matière d’habitat et qu’elles peuvent donc être non viables à long terme, l’habitat disponible est suffisant pour soutenir la majeure partie des grandes populations sur les sites existants. De plus, dans certains secteurs (mais pas dans tous les secteurs), il semble y avoir suffisamment d’habitat inoccupé disponible pour que l’aire de répartition de l’espèce s’étende localement. L’aire de répartition actuelle du carex tumulicole couvrant une grande partie des chênaies de Garry et des écosystèmes non forestiers qui leur sont associés, il est probable que des superficies d’habitat supplémentaires seront obtenues par la mise en œuvre de mesures actives d’intendance ou de restauration, le cas échéant.
  3. Les principales menaces qui pèsent sur l’espèce ou sur son habitat (y compris celles qui proviennent de l’étranger) peuvent être atténuées ou évitées.

    Oui. Avec la participation des compétences responsables et des intendants des terres, il sera possible d’éliminer les menaces les plus importantes qui pèsent sur l’espèce, ou du moins de les atténuer partiellement au moyen de mesures de rétablissement. Les menaces qui pèsent sur l’espèce ou sur son habitat ne sont pas inévitables et ne constituent pas un obstacle à son rétablissement.
  4. Des techniques de rétablissement existent pour atteindre les objectifs en matière de populations et de répartition ou peuvent être mises au point dans un délai raisonnable.

    Oui. Le succès du rétablissement dépendra principalement de l’atténuation des menaces par des mesures d’intendance de l’habitat, jumelées à une surveillance et à un recensement à long terme des populations. Cependant, la faisabilité de l’introduction ou de la réintroduction de populations à la limite septentrionale de l’aire de répartition de l’espèce demeure inconnue.

1. Évaluation de l’espèce par le COSEPAC

Date de l’évaluation: Avril 2008

Nom commun (population): Carex tumulicole

Nom scientifique: Carex tumulicola

Statut attribué par le COSEPAC: En voie de disparition

Justification de la désignation: Cette espèce vivace est présente dans 10 sites localisés et très fragmentés du sud-ouest de la Colombie-Britannique. On la retrouve dans des prés et des fourrés arbustifs des écosystèmes du chêne de Garry, un habitat gravement en péril au Canada. La population canadienne totale compte probablement moins de 1 000 individus matures. L’espèce est en péril en raison de facteurs tels que la compétition des plantes exotiques envahissantes et la dégradation de l’habitat qu’elles entraînent, la modification des régimes de feux, l’urbanisation, les dommages attribuables au piétinement et le fauchage.

Répartition canadienne: Colombie-Britannique

Historique du statut: Espèce désignée « en voie de disparition » en avril 2008. Évaluation fondée sur un nouveau rapport de situation.

2. Information sur la situation de l’espèce

À l’échelle mondiale, le carex tumulicole est classé comme espèce apparemment non en péril (apparently secure) (G4), ce qui signifie que l’espèce est peu commune sans être rare, mais qu’elle suscite une certaine préoccupation à long terme à cause du déclin des populations ou d’autres facteurs (NatureServe, 2010). Aux États-Unis, l’espèce n’est pas classée à l’échelle nationale ou infranationale en Californie, en Oregon et dans l’État de Washington, mais est classée comme gravement en péril (critically imperiled) (S1) en Idaho. Au Canada, l’espèce est classée comme en péril (N2) et, en Colombie-Britannique, elle est classée comme en péril (S2) (NatureServe, 2010). La répartition canadienne du carex tumulicole représente moins de 1 % de son aire de répartition mondiale totale.

3. Information sur l’espèce

3.1. Description

Le carex tumulicole est une vivace graminoïde qui forme des touffes et dont les fleurs sont vert terne. Le rapport de situation (COSEPAC, 2008) décrit l’espèce en détail.

3.2. Population et répartition

L’aire de répartition mondiale du carex tumulicole s’étend de l’île de Vancouver et, vers le sud, jusque dans l’État de Washington, le long de la côte de l’Oregon et de la vallée de la Willamette (Oregon), et jusqu’en Californie (Figure 1). Au Canada, l’espèce se trouve le long de la côte sud-est de l’île de Vancouver et dans l’une des îles Gulf voisines (Figure 2). Aux États-Unis, la population la plus proche se trouve dans les îles San Juan, à quelques kilomètres de Victoria, et à Port Townsend. Bien qu’il soit possible qu’un échange de graines entre les populations américaines et canadiennes se produise occasionnellement, un tel mode de dispersion est sans doute extrêmement rare, ce qui limite la probabilité d’une immigration de source externe. Le flux de gènes entre les populations canadiennes est sans doute limité, car l’espèce ne possède pas de mécanisme de dispersion inné et bon nombre des sites sont séparés par des dizaines de kilomètres, ce qui rend improbables les échanges génétiques réguliers par transport éolien de pollen (COSEPAC, 2008). En outre, la destruction et la dégradation des chênaies de Garry et des écosystèmes associés ont beaucoup fragmenté l’habitat (GOERT, 2002; Lea, 2006), ce qui limite encore davantage la dispersion des graines entre les milieux propices à l’espèce.

Selon le rapport du COSEPAC, l’espèce est présente dans dix sites au Canada (COSEPAC, 2008). La population de l’aire de conservation municipale à Saanich (la population no 3 dans le rapport de situation) semble avoir disparu depuis la publication du rapport, et deux autres sites sont contigus à ceux d’autres populations (les populations no 4 et 5, et les populations no 6 et 9 dans le rapport de situation). Il ne semble donc subsister que sept populations au Canada. Aux fins du programme de rétablissement, les populations existantes ont été renumérotées et appelées comme suit : plaines Harewood (population no 1), Sidney Spit (population no 2), Université de Victoria/ mont Tolmie (population no 3), parc Uplands (population no 4), Albert Head (population no 5), cap Rocky est (population no 6), et cap Rocky ouest (population no 7).

Selon le rapport de situation du COSEPAC, on compte 500 à 1 500 (probablement moins de 1 000) individus matures (touffes produisant des fleurs) au Canada. Des relevés subséquents à la publication du rapport ont révélé la présence de sous-populations non signalées auparavant et une augmentation de la population canadienne, qui est estimée à 2 273 à 2 693 individus.


©Sa Majesté la Reine du chef du Canada

Carte de la répartition en Amérique du Nord

Figure 1. Aire de répartition mondiale du carex tumulicole (tiré de COSEPAC, 2008). Les zones ombragées noires indiquent l’aire de répartition de l’espèce. Étoiles : sites où la présence de l’espèce a été mentionnée mais n’a pas été confirmée.

Description longue pour figure 1

Carte montrant la répartition du carex tumulicole en Amérique du Nord.

Le carex tumulicole se rencontre à l’ouest de la chaîne des Cascades, depuis le sud de l’île de Vancouver jusqu’au centre de la Californie. Les populations de l’île de Vancouver et les populations voisines établies en bordure de la portion nord du Puget Sound se trouvent à environ 300 km de celles qui occupent la portion principale de l’aire de répartition de l’espèce, qui s’étend du sud ouest de l’État de Washington et, vers le sud, le long de la côte et de la vallée de la Willamette de l’Oregon à la Californie. En Californie, l’espèce se rencontre le long des chaînes côtières et des contreforts de la Sierra Nevada. La présence du carex tumulicole a également été mentionnée dans trois localités de l’Idaho (deux dans le sud est et une dans le sud ouest de l’État), mais n’a pas été confirmée.


©Sa Majesté la Reine du chef du Canada

Carte de la répartition en Colombie-Britannique

Figure 2. Aire de répartition du carex tumulicole au Canada (modifié de COSEPAC, 2008). Les triangles vides indiquent la population de l’aire de conservation municipale que l’on suppose disparue. Les cercles pleins et les nombres correspondent aux sept populations existantes de carex tumulicole : 1) plaines Harewood (Nanaimo); 2) Sidney Spit; 3) Université de Victoria/ mont Tolmie (Saanich); 4) parc Uplands (Oak Bay); 5) Albert Head; 6) cap Rocky est; 7) cap Rocky ouest.

Description longue pour figure 2

Carte montrant la répartition du carex tumulicole en Colombie-Britannique, les sept populations existantes des plaines Harewood, de Sidney Spit, de l’Université de Victoria et du mont Tolmie, du parc Uplands, d’Albert Head et du cap Rocky, ainsi qu’une population vraisemblablement disparue à Saanich.

3.3. Besoins du carex tumulicole

Aux États-Unis, on a signalé la présence du carex tumulicole dans les prairies en terrain élevé, les prés secs et humides et les forêts clairsemées. Sur l’île de Vancouver, l’espèce est présente dans la zone biogéoclimatique côtière à douglas (sous-zone maritime humide). Cette zone se caractérise par un climat de type méditerranéen avec des étés chauds et secs et des hivers doux et humides. Les sécheresses estivales constituent un facteur climatique important. Aucune épreuve biologique sur sol n’a été réalisée pour le carex tumulicole sur l’île de Vancouver, mais la plupart des populations se trouvent dans des clairières de chênaies de Garry ou dans les écosystèmes non forestiers qui y sont associés (p. ex. les écosystèmes des prés maritimes), où les sols sont généralement des brunisols sombriques ortiques et lithiques à horizon Ah bien développé et à humus de type modérément ou peu évolué (Jungen, 1985).

Dans l’île de Vancouver le carex tumulicole se rencontre généralement uniquement à moins de 100 m d’altitude et à moins de 500 m du littoral. La faible tolérance au gel de l’espèce pourrait expliquer cette répartition restreinte. Le carex tumulicole est souvent associé aux limites arbustives des prés mouillés ou humides au printemps et semble trouver des conditions optimales dans les sites qui sont trop mouillés en hiver pour les arbustes et trop secs en été pour les plantes de milieux humides. Les sols de l’île de Vancouver s’humidifient sous l’effet des pluies automnales et demeurent humides (mais non saturés) durant tout l’hiver et au début du printemps. Les sécheresses estivales entraînent l’assèchement des sols et, au milieu de l’été, le feuillage de la plupart des autres espèces est déjà fané, alors que celui du carex tumulicole est encore d’un beau vert et le demeure souvent jusqu’en automne.

Au Canada, le carex tumulicole étant à la limite septentrionale de son aire de répartition, son amplitude écologique est peut-être plus limitée sur l’île de Vancouver qu’ailleurs. Dans une grande partie de son aire de répartition américaine, l’espèce est rustique et capable de survivre à diverses perturbations et à des conditions environnementales extrêmes, y compris les sécheresses estivales, les inondations hivernales, le fauchage, l’ombrage et la circulation à pied.

Avant la colonisation européenne, de fréquents incendies étaient la norme dans les chênaies de Garry et les écosystèmes non forestiers secs qui y sont associés (Fuchs, 2001). La capacité du carex tumulicole à se reproduire par des rhizomes souterrains a peut-être contribué à sa pérennité et à sa propagation dans un régime d’incendies fréquents. La suppression des incendies au cours des cent dernières années a mené à l’empiètement d’arbustes indigènes et exotiques envahissants dans un grand nombre de prés à chênes de Garry, ce qui a peut-être fait diminuer considérablement les superficies de l’habitat de prédilection du carex tumulicole.

Un certain nombre de facteurs pourraient limiter la survie et le rétablissement du carex tumulicole au Canada, soit :

  • la rareté de l’espèce, qui résulte peut-être en partie d’un facteur intrinsèque comme la faible compétitivité, le recrutement limité et la faible capacité de dispersion;
  • les besoins spécifiques en matière d’habitat (p. ex. les prés et les forêts clairsemées) combinés à la faible disponibilité de l’habitat;
  • la dynamique des populations de carex tumulicole n’a pas été étudiée; cependant, en tant que plante qui croît lentement et qui vit longtemps, l’espèce est semblable à d’autres organismes à croissance lente et à longévité élevée qui sont caractérisés par le faible taux de croissance intrinsèque de leurs populations (Roff, 1992); cette caractéristique (le cas échéant) pourrait rendre difficile l’adaptation du carex tumulicole aux perturbations environnementales soudaines ou aux soudains déclins des populations (Meffe et Carroll, 1994);
  • un taux de fragmentation de la population élevé combiné à de faibles effectifs peut entraîner une perte de diversité génétique et réduire les possibilités d’une immigration de source externe à l’échelle locale.

4. Menaces

4.1. Évaluation des menaces

Tableau 1. Évaluation des menaces. Version accessible de Tableau 1
Menace Niveau de préoccupation1 Étendue Situation chrono-
logique
Fréquence Gravité2 Certitude causale3
Espèces exotiques, envahissantes ou introduites
Empiètement des plantes exotiques envahissantes (herbacées) Élevé Répandue Actuelle Continue Élevée Moyenne
Changements dans la dynamique écologique ou les processus naturels
Empiétement des plantes ligneuses indigènes et non indigènes Élevé Répandue Actuelle Continue Élevée Moyenne
Broutage Faible Localisée Actuelle Continue Faible Faible
Perte d’habitat ou dégradation de l’habitat
Transformation de l’habitat Élevé Localisée Passée, actuelle, prévue Inconnue Inconnue Élevée
Perturbation ou dommage
Circulation de véhicules hors route Moyen Localisée Actuelle Récurrente Moyenne Moyenne
Fauchage Moyen Localisée Actuelle Saisonnière Moyenne Moyenne
Piétinement Faible Localisée Actuelle Récurrente Faible Faible
Climat et catastrophes naturelles
Affaissement des berges Faible Localisée Passée, peut-être actuelle Continue Faible Élevée

1 Niveau de préoccupation : indication du degré d’importance (élevé, moyen, faible) de la gestion de la menace pour le rétablissement de l’espèce, au regard des objectifs en matière de populations et de répartition. Ce critère prend en compte l’ensemble de l’information présentée dans le tableau.

2 Gravité : importance de l’effet de la menace à l’échelle de la population; elle peut être élevée (effet très important à l’échelle de la population), modérée, faible, ou inconnue.

3 Certitude causale : évaluée en fonction des signes montrant que la menace considérée a une incidence sur l’espèce (élevée = les données disponibles permettent d’affirmer que la menace a un effet sur la viabilité de la population; moyenne = une corrélation a été établie entre la menace et la viabilité de la population – p. ex. avis des experts; faible = menace supposée ou possible).

4.2. Description des menaces

4.2.1. Espèces exotiques, envahissantes ou introduites

Les menaces les plus imminentes pour le carex tumulicole (Tableau 1) résultent de l’influence des herbacées exotiques envahissantes qui abondent dans la plupart des sites où l’espèce est présente. Ces espèces envahissantes varient d’un site à l’autre; certaines d’entre elles, comme de nombreuses graminées exotiques envahissantes, ont contribué considérablement à l’accumulation annuelle de chaume, qui rend difficile la germination des graines de carex tumulicole. Les plantes vivaces exotiques envahissantes qui forment des touffes et des rosettes font concurrence au carex tumulicole pour l’espace, alors que l’ensemble des espèces exotiques envahissantes lui font compétition pour l’eau et les nutriants.

4.2.2. Changements dans la dynamique écologique et les processus naturels

Certaines espèces arbustives indigènes comme la symphorine blanche (Symphoricarpos albus) et le rosier de Nootka (Rosa nutkana), ainsi que des conifères indigènes comme le douglas (Pseudotsuga menziesii) ont pris de l’importance en raison de la suppression des incendies, et leur habitat s’est étendu à l’habitat autrefois propice au carex tumulicole. La population d’une aire de conservation municipale à Saanich semble avoir disparu à cause de l’expansion des forêts; de même, d’autres populations sous couvert forestier dense sont peu vigoureuses.

Des arbustes exotiques envahissants comme le genêt à balais (Cytisus scoparius), l’ajonc d’Europe (Ulex europaeus), le daphné lauréole (Daphne laureola) et la ronce discolore (Rubus armeniacus) ont créé des zones arbustives dans des prés qui étaient autrefois propices au carex tumulicole. Dans la plupart des sites, la suppression des feux a permis à des espèces ligneuses exotiques envahissantes de devenir abondantes, et ces espèces pourraient même continuer à prospérer s’il y avait rétablissement du régime d’incendies naturel.

Les espèces ligneuses envahissantes indigènes et exotiques constituent une menace aussi importante que les espèces herbacées exotiques envahissantes car elles imposent d’autres menaces telles que l’ombrage et les modifications hydrologiques. Même si la gravité de la menace est variable d’un site à un autre, sa présence dans la plupart des sites et sa capacité d’entraîner des répercussions considérables sur les populations (en raison de la modification de l’habitat propice sur une grande superficie) est très préoccupante.

La population de Sidney Spit dans les îles Gulf a été fortement touchée par le broutage intense d’une population hyper-abondante de cervidés. Le daim (Dama dama) semble être le principal brouteur, et le cerf à queue noire (Odocoileus hemionus columbianus) est présent aussi et peut brouter également le carex tumulicole. Bien que le broutage par les cervidés nuise au carex tumulicole à ce site, le carex tumulicole ne semble pas être l’espèce préférée des cervidés (données d’observation). De plus, même si le broutage éliminera probablement des structures reproductives, il ne détruira vraisemblablement pas les individus capables de se reproduire par des rhizomes souterrains. Le broutage intense des cervidés à Sidney Spit a sans doute contribué au maintien de l’habitat de prés dont a besoin le carex tumulicole. Par conséquent, le broutage est considéré comme étant peu préoccupant.

4.2.3. Perte d’habitat ou dégradation de l’habitat

Une grande partie de l’habitat qui autrefois était propice au carex tumulicole a été détruite ou transformée par la construction de routes, l’entretien de coupe-feux et l’aménagement d’installations. Ces travaux d’aménagement viennent perpétuer une tendance vieille d’un siècle qui a entraîné la perte de plus de 95 % des chênaies de Garry dans la région de Victoria (Lea, 2006). Même si la plupart des populations existantes de carex tumulicole sont situées sur des terres fédérales et dans des parcs municipaux, la transformation de l’habitat par des travaux d’entretien des infrastructures et des pratiques d’exploitation demeure très préoccupante. La perte et la transformation de superficies d’habitat peuvent avoir des répercussions graves sur les populations pour les raisons suivantes : fragmentation de l’habitat (à savoir l’isolement des populations), modifications hydrologiques, dommages aux individus ou mortalité chez les individus.

4.2.4. Perturbation ou dommage

Les véhicules hors route représentent une menace grave pour quelques populations, dont celle du parc Uplands, à Oak Bay, et celle des plaines Harewood, à proximité de Nanaimo. Bien que la circulation des véhicules hors route soit interdite dans le parc Uplands, des traces de pneus y ont été observées périodiquement dans certaines zones occupées par le carex tumulicole. Cette menace peut causer des dommages aux individus, de l’érosion et de la compaction du sol, ainsi que des modifications hydrologiques et des modifications aux microsites. Par conséquent, la circulation de véhicules hors route est considérée comme étant moyennement préoccupante.

Le fauchage constitue une grave menace pour certaines portions des populations de carex tumulicole du parc Uplands et de l’Université de Victoria. Au cap Rocky est, le fauchage pratiqué durant des décennies semble avoir amélioré l’habitat du carex tumulicole en réduisant la compétition des plantes exotiques herbacées et ligneuses envahissantes. Si requis, le fauchage doit cependant être minimal durant les stades de reproduction du carex tumulicole. Même si la menace du fauchage peut réduire considérablement la croissance et la reproduction du carex tumulicole dans une population donnée, cette menace n’est pas présente dans l’ensemble de l’aire de répartition de l’espèce. Elle est donc considérée comme étant moyennement préoccupante.

La circulation à pied représente une menace localisée dans certains sites, en particulier dans le parc Uplands et à l’Université de Victoria. Elle peut endommager des individus de carex tumulicole, réduire la croissance et la reproduction de l’espèce, et faire augmenter la mortalité; elle constitue néanmoins une préoccupation faible. Le carex tumulicole est une plante vivace rustique assez grande, et les touffes sont généralement dispersées à l’intérieur d’une zone d’habitat propice; c’est pourquoi une touffe, tout au plus, pourrait être affectée par un seul piétinement.

4.2.5. Climat et catastrophes naturelles

Une faible proportion des populations de carex tumulicole du parc Uplands, du cap Rocky est, du cap Rocky ouest et de Sidney Spit occupe des berges qui se sont affaissées le long du littoral. L’érosion permanente à ces sites peut endommager gravement les touffes et les microsites; cependant, cette menace n’affectant qu’une petite portion de la population totale, le niveau de préoccupation est faible.

5. Objectifs en matière de populations et de répartition

Au Canada, le carex tumulicole pousse dans les limites arbustives des prés mouillés ou humides au printemps associés aux chênaies de Garry; son aire de répartition est donc naturellement très limitée. La destruction appréciable des milieux naturels survenue à l’intérieur de son aire de répartition depuis la colonisation européenne (Lea, 2006) a sans doute entraîné un déclin de la population. L’empiètement de la végétation, le développement et les répercussions des activités récréatives continuent d’aggraver la situation (COSEPAC, 2008). Étant donné que la majeure partie de l’habitat d’origine de l’espèce a été définitivement détruite, il est impossible de rétablir l’espèce dans sa zone d’occupation naturelle ou de lui faire retrouver ses anciennes chances de survie. Au Canada, il y a actuellement sept populations existantes de carex tumulicole comptant au total moins de 3 000 individus (COSEPAC, 2008).

En général, on estime qu’une espèce doit probablement compter de multiples populations et des milliers d’individus pour que sa probabilité de persistance à long terme soit élevée (Reed, 2005; Brook et al., 2006; Traill et al., 2009). Traill et al. (2007) ont analysé plusieurs estimations publiées de l’effectif minimal d’une population viable (seuil de viabilité), et ils ont constaté que l’effectif médian requis pour qu’une plante ait une probabilité de survie de 99 % sur 40 générations est d’environ 4 800 individus (toutefois, Flather et al., 2011, Garnett et Zander, 2011, ainsi que Jamieson et Allendorf, 2012, ont fait une évaluation critique de cette analyse et de l’applicabilité de ses résultats). Cette information est utile, mais, pour élaborer des objectifs quantitatifs atteignables, il faut se fonder sur plus que des estimations générales du seuil de viabilité et notamment tenir compte des données historiques existant sur l’effectif et le nombre de populations, la capacité de charge des sites existants (et potentiels), les besoins des autres espèces en péril partageant le même milieu ainsi que la faisabilité d’établir des populations ou d’accroître certaines populations de l’espèce (Agence Parcs Canada, 2006; Flather et al., 2011; Jamieson et Allendorf, 2012). Puisqu’on ne dispose pas de suffisamment d’information de ce type sur le carex tumulicole, il est impossible de déterminer dans quelle mesure le rétablissement de l’espèce est réalisable et de fixer des objectifs quantitatifs à long terme. Les approches devant guider la planification des mesures de rétablissement (voir la section 6) visent à combler les lacunes dans les connaissances, de façon à ce qu’il soit possible dans le futur de fixer des objectifs de rétablissement quantitatifs réalisables à long terme quant à l’effectif et au nombre des populations. À l’heure actuelle, il est uniquement possible d’établir un objectif à court terme centré sur le maintien des sept populations existantes et de l’aire de répartition de l’espèce.

Objectif 1 : Maintenir les sept populations existantes de carex tumulicoles.

Objectif 2 : Prévenir toute réduction de la répartition1 connue des populations de carex tumulicoles au Canada.

1 La répartition se mesure par les superficies de la zone d’ occurrence ( actuellement d’environ 1 700 km2) et de la zone d’occupation (actuellement estimée à 10 km2) ( COSEPAC, 2008). Ces valeurs seront mises à jour si l’on découvre de nouvelles populations .

6. Stratégies et approches générales recommandées pour l’atteinte des objectifs

Pour atteindre les objectifs en matière de populations et de répartition fixés à l’égard du carex tumulicole, nous proposons les stratégies et approches générales suivantes :

  • protection de l’espèce et de son habitat : protéger les populations existantes et leur habitat de la destruction (p. ex. causée par la transformation de l’habitat), en créant des mécanismes ou des instruments de protection;
  • intendance : mobiliser les propriétaires pour qu’ils comprennent les besoins de l’espèce et qu’ils appuient les mesures de rétablissement de l’espèce;
  • surveillance : surveiller les attributs de l’habitat et la gestion des menaces;
  • recherche : combler les lacunes en ce qui concerne les connaissances sur l’espèce ou les techniques de gestion de l’habitat;
  • sensibilisation et vulgarisation : adopter des mesures de sensibilisation et de vulgarisation permettant d’accroître l’intérêt du public pour la protection et l’intendance de l’espèce et de modifier le comportement général du public.
  • surveillance des populations : recenser, détecter et surveiller les tendances des populations;
  • rétablissement des populations : mettre au point et tester des techniques d’augmentation artificielle ou d’établissement de populations.

6.1. Orientation stratégique du rétablissement

Tableau 2. Planification du rétablissement
Menace ou facteur limitatif Priorité Stratégie générale de rétablissement Description générale des activités de recherche et de gestion
Transformation de l’habitat Élevée Protection de l’habitat et de l’espèce
  • Établir des mécanismes de protection en vertu des règlements et des politiques locales, provinciales et fédérales en consultation avec les parties concernées.

Empiètement des plantes exotiques envahissantes (herbacées)


Empiétement des plantes ligneuses envahissantes indigènes et exotiques



Affaissement des berges

Fauchage

Broutage

Élevée Intendance
  • Obtenir la participation des propriétaires fonciers concernés aux décisions et activités de rétablissement.
  • Sensibiliser les propriétaires fonciers au carex tumulicole et à ses besoins.
  • Élaborer des pratiques de gestion exemplaires (bénéfiques) et les communiquer aux propriétaires fonciers et aux gestionnaires des terres.
  • Examiner diverses avenues relatives à la protection des populations et de l’habitat au moyen de mesures d’intendance et d’autres mesures volontaires.
  • Élaborer des programmes de gestion propres à un site à l’aide des renseignements obtenus durant la recherche démographique afin de gérer l’habitat en fonction des stades critiques du cycle vital (p. ex. le recrutement, la croissance et la survie) nécessaires à la croissance de l’effectif.
Moyenne Surveillance
  • Surveiller les impacts des activités de rétablissement sur les espèces, les communautés et les processus écologiques non visés.
  • Élaborer des protocoles d’évaluation et d’inventaire de l’habitat.
  • Surveiller les tendances en matière d’habitat.
Circulation de véhicules hors route

Piétinement
Moyenne Sensibilisation du public et vulgarisation
  • Conjointement avec les propriétaires fonciers, évaluer le bien-fondé de l’aménagement de sentiers d’interprétation et d’une signalisation et déterminer s’il est utile d’élaborer des documents de sensibilisation portant sur le carex tumulicole et destiné au grand public.
  • Améliorer la mise en application des règlements actuels sur l’utilisation des parcs et adopter d’autres règlements si nécessaire.
Manque de connaissances sur l’effectif et l’étendue des populations

Dynamique des populations et besoins en matière d’habitat
Moyenne Surveillance des populations
  • Mener un recensement approfondi dans les zones côtières situées entre Victoria et Sooke, ainsi que dans la région de Nanaimo et le sud des îles Gulf.
  • Effectuer d’autres relevés aux endroits suivants : 1) dans les zones où l’habitat pourrait convenir à l’espèce et qui sont adjacentes à des populations connues (p. ex. cap Rocky et plaines Harewood); 2) dans les zones où sont présentes des populations de carex tumulicole et où le fauchage ou le broutage ont empêché l’estimation de l’effectif et de l’étendue réels des populations (p. ex. Sidney Spit, parc Uplands, Université de Victoria); 3) dans les zones où de nouvelles populations de carex tumulicole ont été signalées et pour lesquelles aucune donnée sur l’effectif et la répartition n’a encore été recueillie.
  • Élaborer et mettre en œuvre un programme de recensement et de surveillance afin de suivre les tendances des populations durant 10 ans, et maintien subséquent de la surveillance selon les besoins.
  • Présenter un rapport quinquennal sur les tendances des populations, la zone d’occupation de l’espèce et l’état de l’habitat.
  • Préciser les critères relatifs au taux de déclin des populations (effectif et répartition) justifiant une réévaluation immédiate des priorités et activités de rétablissement, et intégrer ces critères dans les plans de gestion de l’espèce.
Moyenne Recherche
  • Préciser les stades du cycle vital de l’espèce qui présentent le plus grand risque de mortalité; évaluer la longévité du réservoir de graines du sol; déterminer les conditions nécessaires à la germination des graines; préciser l’effectif requis pour que la population demeure viable à long terme.
  • Repérer des superficies d’habitat propice non occupé dans lesquelles il pourrait y avoir des translocations de carex tumulicole, et classer les superficies selon leur qualité et leur potentiel de rétablissement.
Manque de connaissances sur les techniques de culture artificielle aux fins de l’augmentation de l’effectif Faible Rétablissement des populations
  • Utiliser les résultats de surveillance et d’autres travaux de recherche pour déterminer si une augmentation de l’effectif est requise pour atteindre les objectifs en matière de populations et de répartition et déterminer quand cette augmentation est requise.
  • Élaborer un plan d’augmentation de l’effectif et de translocation des populations qui soit conforme aux lignes directrices élaborées pour l’Équipe de rétablissement des écosystèmes à chêne de Garry (Maslovat, 2006).
  • Surveiller les impacts de toute augmentation de l’effectif sur les espèces, les communautés et les processus écologiques non visés.

6.2. Commentaires à l’appui du tableau de planification du rétablissement

6.2.1. Transformation de l’habitat

Compte tenu de la rareté extrême du carex tumulicole au Canada et des incertitudes relatives à sa possible introduction dans des superficies d’habitat non occupé, la protection des populations existantes constitue indiscutablement une des grandes priorités du rétablissement (Tableau 2). Il faudra faire preuve de diligence pour empêcher que l’espèce ne disparaisse à cause de facteurs qui auraient pu être évités (dont la simple négligence). L’obtention de conditions environnementales adéquates pour la croissance et l’établissement des plantes constituera la manière la plus directe et la plus efficiente pour assurer la pérennité de l’espèce et atteindre les objectifs en matière de populations et de répartition; elle représentera également l’une des grandes priorités en matière de rétablissement.

6.2.2. Empiètement de plantes exotiques envahissantes (herbacées), empiètement de plantes ligneuses envahissantes indigènes et exotiques, affaissement des berges, fauchage et broutage

Les plans de gestion particuliers à un site seront axés sur l’atteinte d’une réduction mesurable et durable de la croissance des forêts et des arbustes ligneux à des sites existants dégradés, sur une lutte plus efficace contre les espèces exotiques envahissantes et sur une meilleure connectivité du paysage entre les sites occupés.

Même si la survie du carex tumulicole dépend peut-être d’une certaine forme de perturbation, ce ne sont pas toutes les perturbations qui lui sont bénéfiques. Il faut mener d’autres travaux de recherche pour déterminer les impacts de la gestion de la végétation sur l’espèce.

6.2.3. Circulation de véhicules hors route et piétinement

Afin d’atténuer les menaces qu’impose l’utilisation intensive par le public à certains sites où le carex tumulicole est présent, il est nécessaire d’obtenir l’appui et la participation du public. Les pratiques actuelles de gestion des terres qui endommagent l’habitat devront être réorientées de manière à ce que les activités soient compatibles avec les besoins du carex tumulicole.

6.2.4. Manque de connaissances sur l’effectif, l’étendue des populations, et sur la dynamique des populations et les besoins en matière d’habitat

Il faut mener régulièrement des relevés d’effectif et des activités de surveillance pour évaluer l’étendue réelle des populations de carex tumulicole, établir sa viabilité à long terme et sa réponse aux menaces et aux activités de gestion. Afin d’évaluer les changements temporels de l’effectif, les méthodes de recensement et de surveillance choisies doivent convenir au carex tumulicole et être assez robustes pour être appliquées dans différentes zones, à différentes années et par différentes personnes. De plus, elles doivent être assez précises pour permettre de détecter un changement (à savoir des niveaux acceptables d’erreur); appliquées uniformément dans l’ensemble de l’aire de répartition de l’espèce pour permettre la comparaison; pratiques, économiquement faisables et durables. Les relevés et les activités de surveillance doivent être menés assez fréquemment pour que les gestionnaires de la conservation fassent la distinction entre les tendances et les fluctuations en temps opportun pour qu’ils puissent analyser rigoureusement les réponses aux mesures de gestion.

Il faut effectuer des études démographiques afin de déterminer les processus démographiques de base et établir les principaux stades du cycle vital. Afin d’estimer l’étendue complète du carex tumulicole au Canada, il faut mener des relevés supplémentaires 1) dans des zones où il a été difficile de détecter l’espèce en raison des régimes de fauchage; 2) dans des zones où l’habitat semble propice et qui sont adjacentes à des populations connues; 3) dans des zones où l’espèce a déjà été signalée mais où elle est considérée comme disparue.

6.2.5. Manque de connaissances sur les techniques de propagation

La culture artificielle aux fins de l’augmentation de l’effectif ne sera considérée qui si les objectifs en matière de populations et de répartition ne peuvent être atteints par des activités de rétablissement telles que la protection des sites et la gestion de l’habitat. Si une intervention démographique devient nécessaire pour protéger les populations contre la disparition ou pour remplacer une occurrence disparue, il est recommandé d’élaborer un programme sur la culture artificielle de l’espèce et la translocation des populations.

7. Habitat essentiel

Les superficies d’habitat essentiel du carex tumulicole sont définies dans le programme de rétablissement. Selon la Loi sur les espèces en péril, l’habitat essentiel est habitat nécessaire à la survie ou au rétablissement d’une espèce sauvage inscrite, qui est désigné comme tel dans un programme de rétablissement ou un plan d’action élaboré à l’égard de l’espèce [paragraphe 2(1)]. L’habitat d’une espèce sauvage terrestre est défini dans la LEP comme étant [...] l’aire ou le type d’endroit où un individu ou l’espèce se trouvent ou dont leur survie dépend directement ou indirectement ou se sont déjà trouvés, et où il est possible de les réintroduire [paragraphe 2(1)].

7.1. Désignation de l’habitat essentiel de l’espèce

Dans le programme de rétablissement, les superficies d’habitat essentiel du carex tumulicole sont délimitées, dans la mesure du possible, d’après les données disponibles. Nous estimons que ces superficies d’habitat seront suffisantes pour le rétablissement de l’espèce. Toutefois, il est possible que les limites de ces superficies soient précisées et élargies dans le futur si de nouvelles recherches montrent que d’autres superficies doivent faire partie de l’habitat essentiel.

Sur l’île de Vancouver et dans les îles du Gulf, l’habitat du carex tumulicole correspond à des clairières dans les chênaies de Garry ou dans les écosystèmes non forestiers qui y sont associés. Pour caractériser davantage l’habitat de l’espèce, les attributs de l’habitat essentiel des populations connues de carex tumulicole ont été précisés d’après les relevés sur le terrain menés en 2009 (Fairbarns, données inédites, 2009).

Certains attributs de l’habitat du carex tumulicole sont directement liés à la présence de clairières. Même si on a trouvé des plants de carex tumulicole sous des couverts forestiers, les zones ombragées ne représentent pas les conditions de croissance optimales pour le carex tumulicole, car l’espèce a besoin d’une luminosité moyenne. En effet, la clairière doit être suffisamment grande pour que le carex tumulicole ne soit pas ombragé par la végétation environnante ni étouffé par les chablis. Les plantes hautes, en tombant à la fin de leur vie, recouvrent le sol sur une distance égale à leur hauteur. La superficie minimale de la clairière peut être déterminée d’après la hauteur de la végétation susceptible d’y pousser et de faire de l’ombre sur le carex tumulicole ou l’étouffer (voir entre autres Spittlehouse et al., 2004). La végétation environnante (p. ex. les arbres et les arbustes) de la clairière fera aussi concurrence au carex tumulicole pour ce qui est de l’eau et des nutriants.

Pour répondre au besoin de relevés supplémentaires et de recrutement naturel de nouveaux individus dans les populations connues, les superficies d’habitat essentiel sont définies à l’intérieur de certaines limites géographiques aux figures 3 à 8. Les superficies d’habitat essentiel à la survie des populations existantes de carex tumulicole consistent en une clairière d’une superficie minimale dont a besoin chaque touffe ou colonie de touffes signalées2. Par défaut, la superficie de clairière requise pour que la lumière atteigne la colonie est le cercle de 20 m de rayon ayant pour centre la colonie (20 m constitue la hauteur maximale des arbres poussant dans les sols entourant le carex tumulicole). Dans les plaines Harewood, où la hauteur moyenne des conifères dans l’habitat entourant la population de carex tumulicole est 10 m, une valeur de 10 m plutôt que la valeur par défaut de 20 m est utilisée pour définir la superficie de clairière minimale requise.

Au Canada, la nature de l’habitat du carex tumulicole varie considérablement d’un site à un autre, et la plupart des grandes populations occupent divers microhabitats. Par conséquent, même si les attributs de l’habitat essentiel énoncés plus bas sont assez généraux pour inclure tous les sites, ils n’excluent pas les superficies d’habitat non propice et ne devraient pas être utilisés aux fins de la détermination de l’habitat essentiel.

Les attributs de l’habitat essentiel des sites existants de carex tumulicole sont les suivants :

  • une altitude se situant entre 0 et 100 m au-dessus du niveau de la mer au bas des pentes et sur terrain plat;
  • des sites ouverts à végétation basse ou clairsemée (le couvert arborescent ou arbustif semble associé à un déclin de la qualité de l’habitat);
  • des sols modérément drainés à bien drainés;
  • la présence d’argile ou de loam d’origine glaciomarine à une profondeur d’au moins 10 cm.

2 Une colonie est un terme utilisé dans le rapport de situation et se rapporte à des groupes de plusieurs touffes confinées dans une superficie relativement petite. Dans le cadre de la présente stratégie de rétablissement, l’identification des colonies est établie d’après des relevés effectués par un botaniste connaissant bien l’espèce.


©Sa Majesté la Reine du chef du Canada

Figure 3 : Carte montrant le secteur où se trouve l’habitat essentiel.

Figure 3. Superficie (0,34 ha) d’habitat essentiel du carex tumulicole dans les plaines Harewood, à Nanaimo. Cette superficie n’est pas située sur des terres fédérales.

 


©Sa Majesté la Reine du chef du Canada

Figure 4 : Carte montrant le secteur où se trouve l’habitat essentiel.

Figure 4. Superficie (13,48 ha) d’habitat essentiel du carex tumulicole à Sidney Spit, sur l’île Sidney. Cette superficie est située sur des terres fédérales.

 


©Sa Majesté la Reine du chef du Canada

Figure 5 : Carte montrant le secteur où se trouve l’habitat essentiel.

Figure 5. Superficie totale (3,4 ha) d’habitat essentiel du carex tumulicole à l’Université de Victoria et au mont Tolmie. Cette superficie n’est pas située sur des terres fédérales.

 


©Sa Majesté la Reine du chef du Canada

Figure 6 : Carte montrant le secteur où se trouve l’habitat essentiel.

Figure 6. Superficie (33,7 ha) d’habitat essentiel du carex tumulicole dans le parc Uplands. Cette superficie n’est pas située sur des terres fédérales.

 


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Figure 7 : Carte montrant le secteur où se trouve l’habitat essentiel.

Figure 7. Superficie totale (0,98 ha) d’habitat essentiel du carex tumulicole à Albert Head. Cette superficie est située sur des terres fédérales.

 


©Sa Majesté la Reine du chef du Canada

Figure 8 : Carte montrant le secteur où se trouve l’habitat essentiel.

Figure 8. Superficie (843,8 ha) d’habitat essentiel du carex tumulicole au cap Rocky. Cette superficie est située sur des terres fédérales et sur une réserve indienne.

 

7.2. Activités susceptibles d’entraîner la destruction de l’habitat essentiel

On trouvera au Tableau 3 des exemples d’activités susceptibles de détruire l’habitat essentiel. Une telle destruction survient lorsque toute partie de l’habitat essentiel est dégradée, de manière permanente ou temporaire, de sorte que l’habitat essentiel ne puisse plus répondre aux besoins de l’espèce. Cette destruction peut résulter d’une ou de plusieurs activités se déroulant à un moment précis, ou encore des effets cumulatifs d’une ou de plusieurs activités se déroulant durant un certain temps. Il est important de noter que certaines activités peuvent détruire l’habitat essentiel même si elles se déroulent à l’extérieur de celui-ci.

Tableau 4. Exemples d’activités susceptibles d’entraîner la destruction de l’habitat essentiel
Activité Effets sur l’habitat essentiel Sites particulièrement vulnérables
Aménagement paysager et développement (p. ex. plantation, aménagement et entretien ou modification de structures, de routes ou de sentiers existants) Ces activités peuvent entraîner une transformation des terres, la compaction des sols, de l’ombrage (p. ex. par des plantes introduites ou des structures avoisinantes) et l’introduction d’espèces exotiques envahissantes (p. ex. des plantations intentionnelles ou des introductions accidentelles facilitées par la machinerie contaminée (voir l’effet des espèces exotiques envahissantes sous Utilisation récréative).

Certains travaux de construction peuvent détruire l’habitat essentiel même s’ils se déroulent à l’extérieur de cet habitat. Par exemple, de grands bâtiments peuvent faire de l’ombre sur des plants individuels. De plus, certaines activités, comme l’aménagement de routes, de sentiers, de fossés ou d’installations d’irrigation, peuvent modifier le régime hydrologique d’une superficie d’habitat essentiel.
Université de Victoria, cap Rocky (est et ouest), parc Uplands, plaines Harewood
Utilisation récréative causant des dommages (circulation de véhicules hors route, marche et vélo intensifs, camping, etc.) Compactage du sol et perte de végétation menant à des changements hydrologiques (tels que la diminution de l’infiltration et l’augmentation du ruissellement). Une destruction directe de l’habitat est probable, à cause de l’augmentation de l’érosion, et les plantes elles-mêmes risquent de subir un stress et de mourir parce que le milieu ne leur fournit plus un régime hydrique adéquat.

De plus, ces activités risquent fortement d’introduire ou de favoriser la propagation de plantes exotiques envahissantes, qui concurrencent le carex tumulicole et modifient la disponibilité de la lumière, de l’eau et des nutriants, de sorte que l’habitat ne fournit plus les conditions dont a besoin le carex tumulicole.
Sidney Spit, parc Uplands, plaines Harewood, Université de Victoria, mont Tolmie

8. Évaluation des progrès réalisés

Les indicateurs de rendement présentés plus bas proposent un moyen de définir et de mesurer les progrès vers l’atteinte des objectifs en matière de populations et de répartition. En ce qui concerne le carex tumulicole au Canada, ces progrès seront mesurés au moyen des indicateurs suivants :

Objectif 1 : Maintenir les sept populations existantes de carex tumulicoles.

  • D’ici 2018, des pratiques de gestion exemplaires sont appliquées à au moins trois sites.
  • Les populations persistent.
  • D’ici 2023, toutes les populations sont stables ou à la hausse.

Objectif 2 : Prévenir toute réduction de la répartition connue des populations de carex tumulicoles au Canada.

  • La répartition connue (superficies des zones d’occurrence et d’occupation) n’a pas diminué au Canada.

9. Énoncé sur les plans d’action

Un ou plusieurs plans d’action seront prêts d’ici 2018.

10. Références

Agence Parcs Canada. 2006a. Programme de rétablissement multi-espèces visant les espèces en péril des prés maritimes associés aux chênaies de Garry au Canada, in Programmes de rétablissement en vertu de la Loi sur les espèces en péril, Agence Parcs Canada, Ottawa, 104 p.

Agence Parcs Canada. 2006b. Programme de rétablissement multi-espèces visant les plantes en péril des chênaies de Garry au Canada, in Programmes de rétablissement en vertu de la Loi sur les espèces en péril, Agence Parcs Canada, Ottawa, 66 p.

Brook, B.W., L.W. Traill et J.A. Bradshaw. 2006. Minimum viable population sizes and global extinction risk are unrelated, Ecology Letters 9:375-382.

COSEPAC. 2008. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur le carex tumulicole (Carex tumulicola) au Canada, Comité sur la situation des espèces en péril au Canada, Ottawa, vii + 41 p.

COSEPAC. 2010. Processus et critères d'évaluation du COSEPAC. Site Web : http://www.cosewic.gc.ca/pdf/assessment_process_f.pdf [consulté en février 2012].

Flather, Curtis H., Gregory D. Hayward, Steven R. Beissinger et Philip A. Stephens. 2011. Minimum viable populations: is there a ‘magic number’ for conservation practitioners? Trends in Ecology and Evolution 26: 307-316.

Fuchs, M.A. 2001. Towards a Recovery Strategy for Garry Oak and Associated Ecosystems in Canada: Ecological Assessment and Literature Review, Technical Report GBEI/EC-00-0300, Environnement Canada, Service canadien de la faune, Région du Pacifique et du Yukon, 106 p.

Garnett, S.T., et K.K. Zander. 2011. Minimum viable population limitations ignore evolutionary history, Trends in Ecology and Evolution 26(12) : 618-619.

GOERT (Garry Oak Ecosystems Recovery Team). 2002. Recovery Strategy for Garry Oak and Associated Ecosystems and Their Associated Species at Risk in Canada, 2001-2006, Draft 20 February 2002, Garry Oak Ecosystems Recovery Team, Victoria, BC, 115 p.

Gouvernement du Canada. 2009. Politiques de la Loi sur les espèces en péril : cadre général de politiques [ébauche], ii+ 43 p. in Loi sur les espèces en péril, Séries de politiques et de lignes directrices, Environnement Canada, site Web : http://www.sararegistry.gc.ca/document/default_f.cfm?documentID=1916 (consulté en décembre 2010).

Jamieson, I.G., and F. W. Allendorf. 2012. How does the 50/500 rule apply to MVPs?, Trends in Ecology and Evolution 1566 : 1-7 [en ligne].

Jungen, J.R. 1985. Soils of southern Vancouver Island, MOE Technical Report 17, Report No. 44, British Columbia Soil Survey, Surveys and Resource Mapping Branch, British Columbia Ministry of Environment, Victoria.

Lea, T. 2006. Historical Garry Oak Ecosystems of Vancouver Island, British Columbia, pre-European Contact to the Present, Davidsonia 17:34-50.

Maslovat, C. 2006. Guidelines for translocation of plant species at risk in British Columbia, rapport inédit préparé pour le British Columbia Ministry of Environment, Victoria (Colombie-Britannique), 60 p.

Meffe, G. K., et C. R. Carroll. 1994. Principles of conservation biology, Sinauer Associates, Sunderland, Mass., 600 p.

NatureServe. 2010. NatureServe Explorer: An online encyclopedia of life [application web], Version 7.1, NatureServe, Arlington, Virginia, site Web : http://www.natureserve.org/explorer [consulté en 12 novembre 2010, en anglais seulement].

Reed, D.H. 2005. Relationship between population size and fitness, Conservation Biology 19:563-568.

Roff, D.A. 1992. The evolution of life histories, Chapman and Hall, New York, NY.

Spittlehouse, D.L., R.S. Adams et R.D. Winkler. 2004. Forest, edge and opening microclimate at Sicamous Creek: Research Report 24. British Columbia Ministry of Forests, Research Branch, Victoria, Colombie-Britannique. vii+ 43 pp. Web site: http://www.for.gov.bc.ca/hfd/pubs/Docs/Rr/Rr24.htm [consulté en novembre 2011, en anglais seulement].

Traill, L.W., C.J.A. Bradshaw et B.W. Brook. 2007. Minimum viable population size: A meta-analysis of 30 years of published estimates, Biological Conservation 139:159-166.

Traill, Lochran W., Barry W. Brook, Richard R. Frankham et Corey J.A. Bradshaw. 2009. Pragmatic population viability targets in a rapidly changing world, Biological Conservation 143(1):28-34.

Annexe A. Effets sur l’environnement et les autres espèces

Une évaluation environnementale stratégique (EES) est effectuée pour tous les documents de planification du rétablissement en vertu de la LEP, conformément à la directive du Cabinet sur l’évaluation environnementale des projets de politiques, de plans et de programmes. L’objet de l’EES est d’incorporer les considérations environnementales à l’élaboration des projets de politiques, de plans et de programmes publics pour appuyer une prise de décisions éclairée du point de vue de l’environnement.

La planification du rétablissement vise à favoriser les espèces en péril et la biodiversité en général. Il est cependant reconnu que certains programmes peuvent, par inadvertance, avoir des effets environnementaux qui dépassent les avantages prévus. Le processus de planification fondé sur des directives nationales prend en compte tous les effets environnementaux, avec une attention particulière accordée aux impacts possibles sur les espèces ou les habitats non visés. Les résultats de l’EES sont directement intégrés dans le programme de rétablissement et également résumés dans l’énoncé qui suit.

Le carex tumulicole occupe souvent les mêmes habitats que de nombreuses autres espèces en péril des chênaies de Garry et des écosystèmes qui y sont associés (Tableau 4). Il est prévu que la plupart des mesures de rétablissement du carex tumulicole proposées (p. ex. la protection de sites et l’atténuation des menaces) auront un effet positif net sur l’habitat des autres espèces et communautés non visées. Néanmoins, il est possible que certaines mesures de gestion particulières appliquées durant le rétablissement du carex tumulicole (p. ex. l’élimination de plantes exotiques envahissantes, l’enlèvement des arbustes, le fauchage, la culture artificielle en vue de l’augmentation des populations ou la translocation de l’espèce) entraînent des effets indirects imprévus sur les autres espèces et les écosystèmes présents mais non visés. Même si elles sont probablement faibles, les chances que des effets négatifs se fassent sentir en raison des activités de rétablissement doivent être dûment évaluées. Conformément aux principes de gestion adaptive, un des volets importants de la planification des mesures de rétablissement sera de prévoir et de surveiller tout effet indirect possible (tant positif que négatif) sur les espèces, les communautés et les processus écologiques non visés.

Pour s’assurer que les mesures visant une espèce ne nuisent pas indûment au rétablissement d’une autre, il est essentiel d’obtenir la collaboration des principaux partenaires de conservation tels que l’Équipe de rétablissement des écosystèmes à chêne de Garry et des organismes gouvernementaux pertinents.

Tableau 4. Liste partielle d’espèces végétales en péril non visées susceptibles d’être affectées par les activités de rétablissement
Espèce Classement provincial Statut du COSEPAC Annexe de la LEP Document de planification du rétablissement de l’ERECG ou établi en vertu de la LEP susceptible d’être affecté
Allium amplectens
Ail embrassant
S3, liste bleue Non évaluée   Oui
Bidens amplissima
Grand bident
S3, liste bleue Espèce préoccupante 1 Oui
Callitriche marginata
Callitriche marginée
S1, liste rouge Statut en attente   Oui
Centaurium muehlenbergii
Petite-centaurée de Muhlenberg
S1, liste rouge En voie de disparition   Oui
Crassula connata var. connata
Tillée dressée
S2, liste rouge Non évaluée   Oui
Epilobium densiflorum
Épilobe densiflore
S1, liste rouge En voie de disparition 1 Oui
Helenium autumnale var. grandiflorum
Hélénie automnale des montagnes
S2S3, liste bleue Non évaluée   Non
Juncus kelloggii
Jonc de Kellogg
S1, liste rouge En voie de disparition 1 Oui
Limnanthes macounii
Limnanthe de Macoun
S2, liste rouge Menacée 1 Oui
Lotus formosissimus
Lotier splendide
S1, liste rouge En voie de disparition 1 Oui
Lotus pinnatus
Lotier à feuilles pennées
S1, liste rouge En voie de disparition 1 Oui
Minuartia pusilla
Minuartie naine
S1, liste rouge En voie de disparition 1 Oui
Orthocarpus bracteosus
Orthocarpe à épi feuillu
S1, liste rouge En voie de disparition 1 Oui
Psilocarphus elatior
Psilocarphe élevé
S1, liste rouge En voie de disparition 1 Oui
Ranunculus alismifolius var. alismifolius
Renoncule à feuilles d’alisme
S1, liste rouge En voie de disparition 1 Oui
Ranunculus californicus
Renoncule de Californie
S1, liste rouge En voie de disparition   Oui
Sanicula bipinnatifida
Sanicle bipinnatifide
S1, liste rouge Menacée 1 Oui
Triphysaria versicolor ssp. versicolor
Trip
hysaire versicolore
S1, liste rouge En voie de disparition 1 Oui

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