Engoulevent d'Amérique (Chordeiles minor) : programme de rétablissement proposé 2015

Loi sur les espèces en péril
Série de Programmes de rétablissement

Engoulevent d'Amérique

Common Nighthawk

2015

Information au sujet du document

Programme de rétablissement de l'Engoulevent d'Amérique (Chordeiles minor) au Canada - 2015 [Proposition]

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Référence recommandée :

Environnement Canada. 2015. Programme de rétablissement de l'Engoulevent d'Amérique (Chordeiles minor) au Canada [Proposition], Série de Programmes de rétablissement de la Loi sur les espèces en péril. Environnement Canada, Ottawa. vii + 52 p.

Pour télécharger le présent programme de rétablissement, ou pour obtenir un complément d'information sur les espèces en péril, incluant les rapports de situation du COSEPAC, les descriptions de la résidence, les plans d'action et d'autres documents connexes sur le rétablissement, veuillez consulter le Registre public des espèces en périlNote de pied de page1.

Photographie de la couverture : © Zoe Crysler et Danielle Fife

Also available in English under the title: "Recovery Strategy for the Common Nighthawk(Chordeiles minor) in Canada [Proposed]"

© Sa Majesté la Reine du chef du Canada, représentée par la ministre de l'Environnement, 2015. Tous droits réservés.

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Le contenu du présent document (à l'exception des illustrations) peut être utilisé sans permission, mais en prenant soin d'indiquer la source.

Préface

En vertu de l'Accord pour la protection des espèces en péril (1996) les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux signataires ont convenu d'établir une législation et des programmes complémentaires qui assurent la protection efficace des espèces en péril partout au Canada. En vertu de la Loi sur les espèces en péril (L.C. 2002, ch. 29) (LEP), les ministres fédéraux compétents sont responsables de l'élaboration des programmes de rétablissement pour les espèces inscrites comme étant disparues du pays, en voie de disparition ou menacées et sont tenus de rendre compte des progrès réalisés cinq ans après la publication du document final dans le Registre public des espèces en péril.

Le ministre de l'Environnement et le ministre responsable de l'Agence Parcs Canada sont les ministres compétents en vertu de la LEP pour le rétablissement de l'Engoulevent d'Amérique et ont élaboré ce programme, conformément à l'article 37 de la LEP. Il a été préparé en collaboration avec la Colombie-Britannique, l'Alberta, la Saskatchewan, le Manitoba, l'Ontario, le Québec (ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs), le Nouveau-Brunswick, l'Île-du-Prince-Édouard, la Nouvelle-Écosse, Terre-Neuve-et-Labrador, le Yukon, les Territoires du Nord-Ouest et diverses autres parties intéressées, en vertu du paragraphe 39(1) de la LEP.

La réussite du rétablissement de l'espèce dépendra de l'engagement et de la collaboration d'un grand nombre de parties concernées qui participeront à la mise en œuvre des directives formulées dans le présent programme. Cette réussite ne pourra reposer seulement sur Environnement Canada et l'Agence Parcs Canada, ou sur toute autre compétence. Tous les Canadiens et toutes les Canadiennes sont invités à appuyer ce programme et à contribuer à sa mise en œuvre pour le bien de l'Engoulevent d'Amérique et de l'ensemble de la société canadienne.

Le présent programme de rétablissement sera suivi d'un ou de plusieurs plans d'action qui présenteront de l'information sur les mesures de rétablissement qui doivent être prises par Environnement Canada et l'Agence Parcs Canada, et d'autres compétences et/ou organisations participant à la conservation de l'espèce. La mise en œuvre du présent programme est assujettie aux crédits, aux priorités et aux contraintes budgétaires des compétences et organisations participantes.

Remerciements

Le présent programme de rétablissement a été préparé par Julie McKnight, Krista Baker (Environnement Canada, Service canadien de la faune [EC-SCF – Région de l'Atlantique]) et Andrew Horn. Les premières ébauches ont été révisées par des membres de l'équipe nationale de planification du rétablissement des oiseaux terrestres (Andrew Boyne, Peter Thomas, Becky Whittam [EC-SCF – Région de l'Atlantique], Vincent Carignan, Gilles Falardeau, Mireille Poulin [EC-SCF – Région du Québec], François Fournier et Junior Tremblay [EC – Sciences et technologie – Région du Québec]), Kevin Hannah, Rich Russell, Kathy St. Laurent, Ken Tuininga, Russ Weeber (EC-SCF – Région de l'Ontario), Connie Downes, Manon Dubé, Carolyn Seburn, (EC-SCF – Région de la capitale nationale), Mark Bidwell, Donna Bigelow, Lisa Mahon, Lisa Pirie, Samantha Song, Steve VanWilgenburg, Karl Zimmer (EC-SCF – Région des Prairies et du Nord), Saleem Dar, Wendy Easton, Megan Harrison, Craig Machtans, Nancy Mahony, Wendy Nixon et Pam Sinclair (EC-SCF – Région du Pacifique et du Yukon). D'autres personnes ont formulé des commentaires détaillés sur le présent programme de rétablissement : Adam Smith (EC-SCF – Région de la capitale nationale), Stephen Davis et Samuel Haché (EC SCF, Région des Prairies et du Nord). Des remerciements sont également adressés à toutes les autres parties qui, par leurs conseils ou commentaires, ont contribué à l'élaboration du présent programme de rétablissement, notamment les diverses organisations et les membres de communautés autochtones, les gouvernements provinciaux et territoriaux, les autres ministères fédéraux (p. ex. le ministère de la Défense nationale), les propriétaires fonciers ainsi que les nombreux particuliers et intervenants.

Environnement Canada aimerait souligner la généreuse contribution des milliers de bénévoles qui donnent de leur temps et mettent leurs connaissances au service des programmes de suivi d'oiseaux de l'Amérique du Nord, de même que celle des nombreux biologistes professionnels et techniciens qui travaillent pour divers organismes gouvernementaux et non gouvernementaux du Canada et des États-Unis, et qui ont contribué à l'établissement, à la conception, à la réalisation et à l'analyse des résultats du Relevé des oiseaux nicheurs (BBS) et des atlas des oiseaux nicheurs.

Sommaire

L’Engoulevent d’Amérique (Chordeiles minor) est un oiseau tacheté gris-brun de taille moyenne, que l’on aperçoit ou entend habituellement haut dans le ciel au crépuscule ou à l’aube. Il possède de longues ailes pointues traversées d’une bande blanche, et son vol bondissant est caractéristique. L’espèce figure parmi les espèces menacées à l’annexe 1 de la Loi sur les espèces en péril (LEP), en raison des baisses importantes des effectifs à court et à long terme observées à l’échelle de la partie de son aire de répartition qui est couverte par des programmes de suivi des populations d’oiseaux. On sait que l’Engoulevent d’Amérique se reproduit dans chaque province et territoire du Canada, sauf au Nunavut, et on estime que 10 % de la population mondiale de l’espèce se reproduit au Canada (Rich et al., 2004).

L’Engoulevent d’Amérique niche au sol dans les zones dégagées ou les clairières, de même que sur les toits couverts de gravier en milieu urbain. Pour s’alimenter, l’espèce a besoin d’espaces ouverts où volent les insectes, ce qu’elle peut trouver dans un large éventail d’habitats. Presque n’importe quel endroit peut être utilisé par l’Engoulevent d’Amérique comme site de repos, à condition d’offrir de l’ombre, un camouflage contre les prédateurs et une trajectoire de vol dégagée. On ne sait presque rien des besoins de l’espèce en matière d’habitat durant la migration, et on en sait peu sur son habitat d’hivernage, à part le fait qu’elle utilise différents milieux découverts pour s’alimenter, comme elle le fait à d’autres moments de l’année.

De nombreuses menaces ont été suggérées concernant l’Engoulevent d’Amérique, mais on ne dispose pas encore d’assez de données pour associer directement une seule menace à la baisse des effectifs. Les menaces qui pèsent sur l’espèce se trouvent dans les catégories suivantes : les modifications du système naturel (p. ex. diminution des populations d’insectes proies et lutte contre les incendies), la perte et la dégradation de l’habitat, le changement climatique et les phénomènes météorologiques violents, la mortalité accidentelle, la pollution, les espèces indigènes problématiques et les espèces exotiques envahissantes.

Le rétablissement de l’Engoulevent d’Amérique au Canada est jugé réalisable; plusieurs facteurs associés au potentiel de rétablissement de l’espèce demeurent toutefois inconnus. Malgré cette incertitude et suivant le principe de précaution, le présent programme de rétablissement a été préparé, conformément au paragraphe 41(1) de la LEP.

L’objectif en matière de population à court terme pour l’Engoulevent d’Amérique au Canada est de freiner le déclin à l’échelle nationale d’ici 2025 (soit 10 ans après la publication du présent programme de rétablissement dans le Registre public des espèces en péril), tout en veillant à ce que la population ne diminue pas de plus de 10 % durant cette période. L’objectif en matière de population à long terme (après 2025), est d’assurer une tendance démographique positive sur 10 ans pour l’Engoulevent d’Amérique au Canada.

Les stratégies générales à mettre en œuvre pour traiter des menaces qui pèsent sur la survie et le rétablissement de l’Engoulevent d’Amérique sont présentées à la section 6.2, « Orientation stratégique du rétablissement ».

L’information dont on dispose à l’heure actuelle ne suffit pas à désigner l’habitat nécessaire à la survie ou au rétablissement de l’Engoulevent d’Amérique au Canada. Un calendrier des études visant l’obtention des renseignements dont on a besoin pour désigner l’habitat essentiel est inclus.

Un ou plusieurs plans d’action pour l’Engoulevent d’Amérique seront publiés dans le Registre public des espèces en péril dans les 5 ans suivant la publication du présent programme de rétablissement.

Résumé du caractère réalisable du rétablissement

Selon les quatre critères suivants, énoncés par le gouvernement du Canada (2009), le caractère réalisable du rétablissement de l'Engoulevent d'Amérique est incertain. Conformément au principe de précaution, le présent programme de rétablissement a été préparé en vertu du paragraphe 41(1) de la LEP, comme il convient de faire lorsque le rétablissement est jugé réalisable. Ce programme de rétablissement prend en considération les inconnues entourant le caractère réalisable du rétablissement de l'espèce.

1. Des individus de l'espèce sauvage capables de se reproduire sont disponibles maintenant ou le seront dans un avenir prévisible pour maintenir la population ou augmenter son abondance.

Oui. L'espèce est encore commune dans la majeure partie de son aire de répartition, et des individus capables de se reproduire sont actuellement disséminés dans toute l'aire de répartition canadienne ainsi qu'aux États-Unis. L'effectif canadien s'établirait à 900 000 individus selon le Comité scientifique de Partenaires d'envol (Partners in Flight Science Committee, 2013). On pense que le nombre d'individus est actuellement suffisant pour assurer le maintien de l'espèce au Canada ou accroître les effectifs.

2. De l'habitat convenable suffisant est disponible pour soutenir l'espèce ou pourrait être rendu disponible par des activités de gestion ou de remise en état de l'habitat.

On ne sait pas. Il y a probablement suffisamment de sites de reproduction (p. ex. substrats propices à la nidification et au repos), et on pourrait en augmenter le nombre grâce à des mesures de gestion, de remise en état ou d'aménagement. On en sait encore peu sur la répartition et l'abondance de l'espèce, ainsi que sur ses préférences en matière d'habitat; c'est pourquoi il n'est pas possible de déterminer l'habitat disponible mais actuellement inoccupé qui pourrait être nécessaire à son rétablissement.

On n'a qu'une vague idée de l'endroit où l'Engoulevent d'Amérique passe l'hiver, et on en sait encore moins sur la manière dont il se rend dans ses lieux d'hivernage. Il est donc impossible de savoir s'il reste suffisamment d'habitat convenable pour l'espèce dans ses voies migratoires ou dans ses lieux d'hivernage.

3. Les principales menaces qui pèsent sur l'espèce ou sur son habitat (y compris les menaces qui proviennent de l'extérieur du Canada) peuvent être évitées ou atténuées.

On ne sait pas. Différentes espèces d'insectivores aériens sont en déclin, ce qui indique que plusieurs facteurs agissent probablement de concert. Les menaces possibles pour l'Engoulevent d'Amérique ont été désignées, mais la plupart n'ont pas fait l'objet d'études poussées ciblant leur relation précise avec l'espèce. Les principaux facteurs qui entraînent les baisses de la population demeurent donc inconnus. Parmi les menaces possibles, on compte les modifications du système naturel (p. ex. diminution des populations d'insectes proies), la perte ou la dégradation de l'habitat, le changement climatique et les phénomènes météorologiques violents, la pollution (pesticides, mercure, pluies acides, etc.) et les espèces envahissantes et problématiques.

Les effectifs d'insectes aériens consommés par l'Engoulevent d'Amérique ne font pas l'objet d'un suivi à grande échelle. On en sait très peu sur la dynamique ou les tendances des populations d'insectes aériens et, sans ces données, il n'est pas possible de conclure que la quantité de nourriture disponible pour l'Engoulevent d'Amérique ou pour d'autres espèces d'insectivores aériens est suffisante. Il n'est pas certain qu'on pourrait éviter les menaces potentielles si des travaux de recherche devaient confirmer l'existence de telles menaces.

4. Il existe des techniques de rétablissement permettant d'atteindre les objectifs en matière de population et de répartition, ou de telles techniques pourraient être mises au point en un temps raisonnable.

On ne sait pas. La gestion et l'intendance de l'habitat pourraient constituer des techniques de rétablissement efficaces pour cette espèce. Toutefois, il sera difficile d'entreprendre des activités de recherche pour définir les éléments de l'habitat convenable à l'espèce pour l'ensemble de son cycle vital, et d'apporter des changements aux pratiques d'utilisation des terres qui seront bénéfiques pour l'espèce. L'atténuation des menaces potentielles, comme la réduction des populations d'insectes et la disponibilité de l'habitat dans les aires d'hivernage, posera un défi constant. La réalisation des recherches nécessaires sur l'importance de la perte d'habitat d'hivernage ainsi que des travaux visant la protection des principaux habitats existants et la remise en état d'anciens habitats importants constituera un défi particulier.

1. Évaluation de l'espèce par le COSEPAC Notea

Date de l'évaluation :
Avril 2007
Nom commun (population):
Engoulevent d'Amérique
Nom scientifique :
Chordeiles minor
Statut selon le COSEPAC :
Menacée
Justification de la désignation :
Au Canada, cette espèce a subi des déclins démographiques à court et à long terme. Un déclin de 49 % a été signalé pour les zones ayant fait l'objet de relevés au cours des trois dernières générations. La réduction des sources de nourriture a apparemment contribué au déclin de cette espèce, tout comme pour plusieurs autres insectivores aériens. Il est possible que la disponibilité réduite de l'habitat, causée par la suppression des incendies, de même que l'agriculture intensive et la diminution du nombre de toits couverts de gravier dans les milieux urbains, soient aussi des facteurs dans certaines régions.
Présence au Canada :
Yukon, Territoires du Nord-Ouest, Colombie-Britannique, Alberta, Saskatchewan, Manitoba, Ontario, Québec, Nouveau-Brunswick, Île-du-Prince-Édouard, Nouvelle-Écosse, Terre-Neuve-et-Labrador.
Historique du statut établi selon le COSEPAC :
Espèce désignée « menacée » en avril 2007.

2. Information sur la situation de l'espèce

En 2010, l’espèce a été inscrite comme espèce menacée au Canada à l’annexe 1 de la LEP (c. 29). En vertu des lois provinciales en matière d’espèces en péril, l’Engoulevent d’Amérique est inscrit sur la liste des espèces préoccupantes en Ontario (LEVD, 2007) et sur la liste des espèces menacées au Manitoba (CPLM c. E111, 1990), au Nouveau-Brunswick (LN-B 2012, c. 6), en Nouvelle-Écosse (ESA, 2002) et à Terre-Neuve-et-Labrador (SNL 2001 CHAPTER E-10.1 [modifiée : 2004 cL-3.1 s27; 2004 c36 s11]). Au Québec, l’espèce est inscrite sur la liste des espèces susceptibles d’être désignées menacées ou vulnérables, établie aux termes de la Loi sur les espèces menacées ou vulnérables (RLRQ, c E-12.01). L’espèce ne figure pas sur la liste des espèces en péril du Yukon, des Territoires du Nord-Ouest, de la Colombie-Britannique, de l’Alberta, de la Saskatchewan ou de l’Île-du-Prince-Édouard. En outre, même si l’espèce ne figure pas sur la liste des espèces en péril des États-Unis, elle est considérée comme une espèce nicheuse en péril (S2) ou gravement en péril (S1) au Connecticut, au Rhode Island, au New Hampshire, au Vermont, au Delaware et au Massachusetts. Le tableau 1 présente les cotes de conservation attribuées à l’Engoulevent d’Amérique.

Tableau 1. Cotes de conservation attribuées à l'Engoulevent d'Amérique (NatureServe, 2013).
Cote
mondiale
(G)
Cote nationale
(N)
Cote infranationale
(S) Notea.1du tableau 1
G5
(non en péril)
Canada: N4B
(apparemment non en péril)
États-Unis : N5B (non en péril)
Yukon (S2B)
Territoires du Nord-Ouest (S2B)
Colombie-Britannique (S4B)
Alberta (S4)
Saskatchewan (S4S5B, S4/S5M)
Manitoba (S3B)
Ontario (S4B)
Québec (S3)
Nouveau-Brunswick (S3B)
Île-du-Prince-Édouard (S1B)
Nouvelle-Écosse (S3B)
Terre-Neuve (NR) et Labrador (S2B)

3. Information sur l'espèce

3.1 Description de l'espèce

L'Engoulevent d'Amérique est un oiseau svelte de taille moyenne qui possède des ailes très longues et pointues. On l'entend le plus souvent haut dans le ciel, vers le crépuscule ou l'aube. Il se distingue par ses longues ailes pointues, son vol bondissant et erratique, la bande blanche visible entre le poignet et le bout de l'aile et le « pîînt » nasillard qu'il émet. Les mâles territoriaux produisent une sorte de « boum » distinctif, un son causé par l'air qui glisse entre leurs plumes. Ce son, propre à l'Engoulevent d'Amérique, est un indicateur important d'activité de reproduction. Lorsque l'Engoulevent d'Amérique se repose au sol ou sur une branche, il se pose à l'horizontale, bien camouflé par son plumage tacheté de brun, de gris et de noir. La gorge est blanche chez le mâle, chamois chez la femelle et tachetée de brun chez le jeune. Les mâles ont aussi une bande caudale blanche. Les caractères qui distinguent le plus nettement l'Engoulevent d'Amérique des oiseaux similaires, comme l'Engoulevent bois-pourri (Antrostomus vociferous), sont la bande blanche qui traverse ses ailes et son cri (Brigham et al. 2011).

3.2 Population et répartition

L'aire de reproduction de l'Engoulevent d'Amérique comprend la majeure partie de l'Amérique du Nord et de l'Amérique centrale (figure 1). Environ 37 % de l'aire de reproduction de l'espèce se trouve au Canada (Rich et al., 2004). On sait que l'espèce niche dans chaque province et territoire du Canada, à l'exception du Nunavut, et dans chaque État américain, à l'exception de l'Alaska et d'Hawaï. Elle hiverne dans la moitié nord-est de l'Amérique du Sud (figure 1), où sa répartition est mal connue. L'Engoulevent d'Amérique pourrait toutefois être fréquent dans le sud du Brésil et dans l'est de l'Équateur et du Pérou (COSEPAC, 2007).

Figure 1. Carte de la répartition de l'Engoulevent d'Amérique (adaptée de BirdLife International et NatureServe [2014], au moyen des données de Haché et al. [2014] et d'eBird [2014]).

Mappe

Description longue pour la figure 1

La figure 1 illustre la répartition de l'espèce, selon le type de gamme, en Amérique du Nord, Amérique centrale et Amérique du Sud. Leur aire de reproduction s'étend du nord du Canada jusqu'au sud du Mexique et certaines parties de l'Amérique centrale. Leur gamme de migration est principalement au Mexique, les Caraïbes et l'Amérique centrale. Leur aire d'hivernage est limité à l'Amérique du Sud ; de la Colombie au nord-est de l'Argentine.

On estime que 10 % de la population mondiale d’Engoulevents d’Amérique se reproduit au Canada (Rich et al., 2004), et la population canadienne de l’espèce a été estimée à 400 000 adultes par le COSEPAC (2007) d’après les résultats du Relevé des oiseaux nicheurs (BBS). Selon ces données, la population a connu un déclin de 80 % entre 1968 et 2005 (moyenne : -4,2 % par année; Downes et al., 2005). Plus récemment, la base de données Partners in Flight Population Estimates a été mise à jour et constitue aujourd’hui la source d’information la plus complète sur les oiseaux terrestres de l’Amérique du Nord. La population canadienne d’Engoulevents d’Amérique est maintenant estimée à 900 000 adultes (Partners in Flight Science Committee, 2013). Cette hausse ne représente pas une augmentation réelle de la population, mais résulte plutôt de nouvelles techniques d’analyse et de l’ajustement de la distance de détection utilisée pour estimer la densité.

Une nouvelle méthode permet d’estimer avec plus de précision les tendances démographiques à l’aide des données du Relevé des oiseaux nicheurs. Les résultats obtenus selon cette méthode indiquent un changement annuel de la population de -3,58 % (intervalle de crédibilité à 95 % (IC) : -5,33 à -2,1) de 1973 à 2012 et de -2,265 % (IC : -5,2 à 1,5) de 2002 à 2012 (Environnement Canada, 2014a). Ce changement annuel se traduit par un déclin des effectifs de près de 76 % entre 1973 et 2012, et d’environ 20 % entre 2002 et 2012 (Smith, comm. pers., 2014).

L’interprétation des données du Relevé des oiseaux nicheurs et d’autres dénombrements par points d’écoute posent certains problèmes fondamentaux. En effet, il convient de souligner que les dénombrements par points d’écoute ne permettent pas d’obtenir une bonne représentation de la présence de l’Engoulevent d’Amérique, en raison du comportement crépusculaire de l’espèce (surtout active au crépuscule et à l’aube). En outre, les données du Relevé des oiseaux nicheurs ne couvrent pas la totalité de l’aire de répartition de l’espèce de manière aléatoire : la couverture est plus faible dans la forêt boréale, les zones urbaines et les zones rocheuses isolées (Situation des oiseaux au Canada, 2011; Haché et al., 2014). La plupart des parcours du Relevé des oiseaux nicheurs tendent à se situer dans les régions du sud et non perturbées du Canada, ce qui pourrait biaiser l’estimation des effectifs des espèces dont l’aire de répartition s’étend vers le nord, comme l’Engoulevent d’Amérique (Machtans et al., 2014). De plus, les données du Relevé des oiseaux nicheurs ont tendance à surestimer les densités de l’Engoulevent d’Amérique en raison du biais propre aux conditions d’observation le long des routes (Haché et al., 2014). Pour toutes ces raisons, on considère que les estimations de la taille de la population, pour cette espèce, comportent des incertitudes.

Des relevés régionaux portent également à croire qu’il y aurait des baisses des effectifs (COSEPAC, 2007). Pour obtenir une liste des relevés actuels et passés des populations d’Engoulevents d’Amérique, voir la section 6.1 (Mesures déjà achevées ou en cours).

3.3 Besoins de l'Engoulevent d'Amérique

Reproduction

L’Engoulevent d’Amérique a besoin de zones dégagées ou de clairières pour nicher. L’espèce se reproduit dans un large éventail d’habitats ouverts, y compris des zones sableuses (dunes, eskers, plages, etc.), des forêts claires (peuplements mixtes et de conifères, brûlis, sites de coupes à blanc, etc.), des prairies (prairies à graminées courtes, pâturages, plaines herbeuses, etc.), des arbustaies d’armoises, des milieux humides (tourbières, marais, bords de lacs, berges des cours d’eau, etc.), des zones graveleuses ou rocheuses (affleurements, landes, routes de gravier, toits de gravier, talus de chemin de fer, exploitations minières, carrières, sommets ou crêtes de montagne dénudés, etc.) et certaines zones cultivées ou aménagées (parcs, bases militaires, aéroports, bleuetières, vergers, champs cultivés, etc.) (Hunt, 2005; Campbell et al., 2006; COSEPAC, 2007). La taille du territoire des individus varie selon les publications, soit de moins de 1 hectare à 28 hectares (Brigham et al., 2011). Toutefois, les domaines vitaux peuvent comprendre des aires d’alimentation et de repos séparées par une distance de plus de 6 kilomètres (Fisher et al., 2004; Ng, 2009). Ces domaines vitaux peuvent s’étendre bien au-delà du territoire défendu et atteindre une superficie de 3,7 à 259 hectares (moyenne = 86 hectares; Ng, 2009).

Des nids ont été observés à forte proximité les uns des autres (de 25 à 75 m de distance), ce qui indique que plus d’un couple peut nidifier dans une petite parcelle d’habitat de nidification (Sutherland, 1963). Il semble que certains individus retournent dans la même région générale chaque année pour nidifier (Campbell et al., 2006; Brigham et al., 2011). Les femelles pondent leurs œufs directement sur le sol, parfois dans une petite dépression naturelle ou aménagée de façon rudimentaire. Une vaste gamme de substrats peut être utilisée (Campbell et al., 2006), et les principales caractéristiques des microsites comprennent un sol dégagé et sans végétation ou à végétation basse, un bon camouflage contre les prédateurs et de l’ombre à proximité (Ng, 2009; Lohnes, 2010; Brigham et al., 2011; Allen et Peters, 2012). Les oisillons changent souvent de place chaque jour, parcourant des distances de plus en plus grandes (jusqu’à 48 m) à mesure qu’ils vieillissent, peut-être surtout pour chercher de l’ombre et éviter d’être perturbés par les prédateurs (Allen et Peters, 2012; Kramer et Chalfoun, 2012).

Alimentation

L’Engoulevent d’Amérique s’alimente dans des milieux ouverts où volent les insectes durant les périodes crépusculaires, quoiqu’il s’alimente parfois durant le jour. Il comble ses besoins en alimentation dans un large éventail d’habitats, mais il privilégie les eaux libres et l’éclairage artificiel. Ces milieux peuvent attirer des groupes formés de quelques individus ou de plusieurs centaines d’individus venus s’alimenter (Campbell et al., 2006; COSEPAC, 2007; Ng, 2009). Ses principales proies comprennent des espèces de coléoptères (Coleoptera), de phryganes (Trichoptera) et de papillons de nuit (Lepidoptera) (Tyler, 1940; Cink, 2002), dont certaines sont considérées comme des ravageurs des cultures.

Repos

La disponibilité de sites de repos appropriés est sans doute importante pour la survie individuelle (Fisher et al., 2004). Presque n’importe quel endroit peut être utilisé comme site de repos, qu’il s’agisse de branches d’arbre, du sol, de poteaux de clôture ou de toits, à condition d’offrir de l’ombre pour protéger de la surchauffe, un camouflage contre les prédateurs et des trajectoires de vol dégagées (Fisher et al., 2004; Campbell et al., 2006; Ng, 2009).

Migration et hivernage

L’espèce utilise des espaces découverts durant sa migration, mais ses besoins précis en matière d’habitat au cours de cette période sont mal connus. Durant la migration d’automne, on peut observer des groupes formés de quelques individus à plusieurs milliers d’individus, mais la migration du printemps s’effectue de manière individuelle (COSEPAC, 2007; Brigham et al., 2011), ce qui porte à croire que certaines zones ou certaines caractéristiques de l’habitat sont optimales pour l’efficacité du vol et/ou l’alimentation durant la migration. Ainsi, les grands groupes sont souvent associés à des cours d’eau ou à des littoraux particuliers (Brigham et al., 2011). On ne sait presque rien des besoins de l’espèce en matière d’habitat durant l’hiver, à part le fait qu’elle utilise différents milieux découverts pour s’alimenter, comme elle le fait à d’autres moments de l’année (Brigham et al., 2011).

Facteurs limitatifs

Les facteurs limitatifs ont une incidence sur la survie et la reproduction des espèces, et jouent un rôle important dans leur rétablissement. L'Engoulevent d'Amérique est un oiseau migrateur néotropical qui migre sur de grandes distances, et qui arrive tard dans son aire de reproduction et repart plus tôt que bon nombre d'autres oiseaux terrestres. Ce comportement limite l'espèce à une nichée par année et la taille de la couvée est petite (2 œufs). Comme tous les oiseaux insectivores aériens, l'Engoulevent d'Amérique est un spécialiste d'insectes aériens ce qui augmente sa vulnérabilité aux intempéries. Ces caractéristiques du cycle vital contribuent à la sensibilité intrinsèque de l'espèce aux changements de son environnement.

4. Menaces

4.1 Évaluation des menaces

Tableau 2. Évaluation des menaces
Menace Sous-menace Niveau de préoccupationNotea.2du tableau 2 Étendue Situation dans le temps Fréquence GravitéNotebdu tableau 2 Certitude causaleNotecdu tableau 2
Changements dans la dynamique écologique ou dans les processus naturels Réduction des populations d'insectes proies (perte d'habitat propice à la reproduction des insectes, manque de synchronisme avec la période de reproduction des insectes, acidification de l'habitat, pesticides, pollution lumineuse, augmentation des phénomènes météorologiques violents) Élevé Généralisée Actuelle Continue Modérée Moyen
Changements dans la dynamique écologique ou dans les processus naturels Lutte contre les incendies Moyen Généralisée Actuelle Récurrente Modérée Moyen
Perte ou dégradation de l'habitat Perte d'habitat de reproduction : succession végétale Moyen Généralisée
(sud-est du Canada)
Actuelle Continue Modérée Moyen
Perte ou dégradation de l'habitat Perte d'habitat de reproduction : changements dans la construction des toits et des matériaux Faible Localisée
(zones urbaines)
Actuelle Une fois Faible Moyen
Perte ou dégradation de l'habitat Perte d'habitat de reproduction : développement résidentiel et commercial Inconnu Généralisée Actuelle Continue Inconnue Faible
Perte ou dégradation de l'habitat Perte d'habitat de reproduction : agriculture Inconnu Généralisée
(sud du Canada)
Actuelle Continue Inconnue Faible
Perte ou dégradation de l'habitat Perte d'habitat de reproduction : exploitation forestière et récolte du bois Inconnu Généralisée Actuelle Continue Inconnue Faible
Perte ou dégradation de l'habitat Perte d'habitat autre que l'habitat de reproduction Inconnu Généralisée Actuelle Continue Inconnue Faible
Climat et catastrophes naturelles Températures extrêmes et tempêtes Moyen Généralisée Actuelle Saisonnière Moderate Moyen
Climat et catastrophes naturelles Déplacement et altération de l'habitat Inconnu Généralisée Actuelle Continue Inconnue Faible
Mortalité accidentelle Collisions avec des véhicules, des aéronefs et des constructions Moyen Localisée Actuelle Récurrente Moderate Moyen
Pollution Pesticides (effets directs) Inconnu Localisée Actuelle Saisonnière Inconnue Faible
Pollution Mercure Inconnu Généralisée
(est du Canada)
Actuelle Continue Inconnue Faible
Pollution Précipitations acides Inconnu Généralisée
(est du Canada)
Actuelle Continue Inconnue Faible
Espèce ou génome exotique, envahissant ou introduit Espèces indigènes problématiques et espèces exotiques envahissantes Inconnu Généralisée Actuelle Continue Inconnue Faible

4.2 Description des menaces

Bon nombre des menaces qui pèsent sur l'Engoulevent d'Amérique ont été définies, mais aucune n'a été directement liée aux baisses des effectifs de l'espèce. On ignore, à l'heure actuelle, si les déclins sont causés par une menace particulière ou par l'effet cumulatif de plusieurs menaces. Celles ci sont présentées dans le tableau d'évaluation des menaces ci devant, et décrites en détail ci après.

Réduction des populations d'insectes proies(perte d'habitat propice à la reproduction des insectes, manque de synchronisme avec la période de reproduction des insectes, acidification de l'habitat, pesticides, pollution lumineuse, augmentation des phénomènes météorologiques violents)

Les populations d’insectivores aériens affichent des déclins marqués, particulièrement dans le nord-est de l’Amérique du Nord (Nebel et al., 2010). Le trait commun à toutes les espèces de ce groupe diversifié est leur alimentation (insectes), ce qui a mené de nombreux chercheurs à mettre en cause une réduction des populations d’insectes dans les aires de reproduction, de migration et/ou d’hivernage comme facteur contribuant probablement aux tendances à la baisse des populations (Nebel et al., 2010; Paquette et al., 2014).

Les populations d’insectes affichent des baisses considérables à l’échelle de la planète. Un examen récent des tendances mondiales des populations d’espèces sauvages a révélé que 33 % de tous les insectes dont les tendances des populations sont documentées par l’UICN étaient non seulement en déclin, mais bon nombre connaissaient aussi une réduction de leur aire de répartition (Dirzo et al., 2014). On considère que ces déclins représentent une tendance mondiale, mais ils sont plus graves dans les régions fortement perturbées, comme les tropiques (Dirzo et al., 2014). Les causes possibles des réductions des populations d’insectes sont présentées ci-après.

Manque de synchronisme avec la reproduction des insectes

On observe souvent une forte synchronisation entre la période de reproduction des oiseaux (l’éclosion des œufs) et le pic d’abondance de nourriture, mais le changement climatique a provoqué le devancement des pics chez certains insectes (Both et al., 2010). Comme le réchauffement est moins marqué dans les lieux d’hivernage de l’Engoulevent d’Amérique que dans son aire de reproduction, il est possible que l’espèce entame sa migration trop tard pour arriver aux lieux de reproduction en temps opportun (Jones et Cresswell, 2010). Par conséquent, le changement climatique produit un décalage entre la reproduction et l’abondance maximale des proies (insectes) chez les espèces qui ne s’adaptent pas au changement du climat au même rythme que leurs proies (Strode, 2003). Both et al. (2006) ont constaté qu’un insectivore aérien des Pays-Bas, le Gobemouche noir (Ficedula hypoleuca), avait connu un déclin de 90 % entre 1987 et 2003 dans les régions où l’abondance des proies atteignait son sommet trop tôt dans la période de reproduction pour offrir assez de nourriture aux oisillons.

Chez la Mésange charbonnière (Parus major), le moment de l’éclosion des œufs est aussi désynchronisé par rapport au pic d’abondance des chenilles, en raison des hausses récentes des températures (Visser et al., 2006). En outre, le poids des oisillons et le nombre de jeunes ayant pris leur envol ont tous deux été touchés par le manque de synchronisme avec le pic d’abondance des proies (Visser et al., 2006). Le même problème a aussi été associé aux déclins des populations d’oiseaux migrateurs dans l’ensemble de l’Europe (Møller et al., 2008; Saino et al., 2011), et on pense qu’il contribue aux baisses d’autres espèces d’oiseaux qui dépendent fortement des invertébrés, comme le Quiscale rouilleux (Euphagus carolinus) (McClure et al., 2012).

Les populations d’oiseaux qui migrent sur de grandes distances et se reproduisent dans des habitats saisonniers (comme des forêts) sont plus vulnérables au changement climatique, car elles risquent davantage de subir un manque de synchronisme susceptible d’avoir de graves conséquences (Both et al., 2006, 2010). Bien qu’on ne dispose pas actuellement de données propres à l’espèce, l’Engoulevent d’Amérique est un insectivore qui migre sur de grandes distances; on peut donc conclure qu’un manque de synchronisme entre la période de reproduction et la disponibilité des proies est plausible. Les zones dans lesquelles l’espèce se reproduit et s’alimente dans les habitats saisonniers (p. ex. les forêts claires) risquent d’être davantage touchées par cette menace (Both et al., 2010).

Perte d'habitat propice à la reproduction des insectes

Bon nombre d’insectes sont limités à des habitats particuliers durant une partie de leur cycle vital, et tout processus qui entraîne une réduction de ces habitats peut leur nuire. Plus de 90 % des groupes d’insectes jugés menacés sont touchés par la perte ou la dégradation de leur habitat (Price et al., 2011). Certaines activités humaines modifient ou détruisent les habitats naturels nécessaires à des stades vitaux précis des insectes, incluant le drainage de milieux humides et l’extraction de tourbe, l’agriculture intensive et le développement urbain (U.S. Bureau of Land Management, 1978; Price et al., 2011; Benton et al., 2002; Brooks et al., 2012). Foster (1991) a constaté que le drainage des milieux humides et l’extraction de tourbe constituaient des menaces considérables pour les populations d’insectes. Benton et al. (2002) ont quant à eux déterminé que les arthropodes étaient moins nombreux lorsque l’activité agricole était plus intense, que l’abondance des insectes était grandement associée aux pratiques agricoles, et que la densité des oiseaux était fortement liée à l’abondance des insectes au cours de l’année précédente. Par exemple, les différences dans l’abondance des diptères varient entre les paysages à mesure que progresse la période de reproduction de l’Hirondelle bicolore (Tachycineta bicolor), ce qui produit un risque de « piège écologique » dans les régions d’aménagement intensif (Paquette et al., 2013). En outre, Paquette et al. (2014) ont constaté que l’intensification de l’agriculture n’avait aucun effet sur la masse corporelle des adultes, mais agissait négativement sur le nombre de jeunes prenant leur envol.

Les effets de la perte d’habitat chez les insectes ne sont pas limités à l’aire de reproduction de l’Engoulevent d’Amérique, et pourraient s’étendre à ses aires de migration et d’hivernage.

Acidification de l'habitat

Bien qu’on observe une baisse considérable du taux de dépôts acides depuis les années 1980, des composés acidifiants (dioxyde de soufre, oxyde d’azote, etc.) sont toujours libérés dans l’environnement (Shannon, 1999; Environnement Canada, 2014b). L’acidification des eaux de surface peut réduire l’abondance et la diversité des insectes volants qui passent une partie de leur cycle vital en milieu aquatique (Graveland, 1998). Même si certaines proies de l’Engoulevent d’Amérique (p. ex. certains coléoptères et grands papillons de nuit) n’ont pas de stade aquatique, l’abondance des phryganes et des autres insectes servant de proies peut être touchée par l’acidification de l’habitat. Le succès de reproduction réduit des Hirondelles bicolores qui nichaient à proximité de milieux humides acidifiés en Ontario a d’ailleurs été lié aux changements dans la disponibilité de proies riches en calcium pour les oisillons (Blancher et McNicol, 1991), et il a été établi que l’acidification des forêts serait un facteur du déclin de la Grive des bois (Hylocichla mustelina) (Hames et al., 2002). Néanmoins, une étude réalisée dans le centre de l’Ontario n’a indiqué aucune différence de productivité des oiseaux chanteurs des forêts entre des sites acidifiés et non acidifiés (Mahony et al., 1997). À l’heure actuelle, aucune donnée ne permet d’attribuer la réduction des populations de proies dans l’ensemble de l’aire de répartition de l’Engoulevent d’Amérique à l’acidification de l’habitat. Cette menace peut toutefois avoir des conséquences pour l’espèce dans les milieux où les dépôts acides sont graves et localisés, ainsi que dans l’est de l’Amérique du Nord, où le sol a un pouvoir tampon plutôt faible, parce que son pH est bas.

Pesticides (effets indirects)

Les aires d’hivernage des insectivores aériens, qui se reproduisent en Amérique du Nord et dont les populations sont en déclin, se trouvent, en entier ou en partie, dans des pays où les dépenses en insecticides sont très élevées; les dépenses en insecticides dans les aires d’hivernage se sont avérées être le meilleur indicateur de l’indice d’abondance des espèces (Nocera et al., 2014). Quoiqu’il en soit, les mécanismes directs responsables des déclins démographiques (p. ex. la diminution de la disponibilité d’insectes, l’exposition létale) demeurent inconnus (Nocera et al., 2014).

La plupart des pesticides organochlorés (produits chimiques de la famille du dichlorodiphényltrichloroéthane [DDT]) ont été interdits en Amérique du Nord depuis des décennies, mais certains signes montrent que les insectivores migrateurs néotropicaux sont toujours exposés à des pesticides organochlorés dans l’ensemble de leur aire de répartition (Sager, 1997; Klemens et al., 2000). Ces produits chimiques peuvent avoir des effets à long terme sur les communautés d’insectes et, donc, sur les oiseaux qui en dépendent. Les données sur l’alimentation du Martinet ramoneur (Chaetura pelagica) confirment une réduction marquée des coléoptères ainsi qu’une augmentation des hémiptères, corrélées sur le plan temporel à une hausse soudaine du DDT et de ses métabolites. Nocera et al. (2012) soutiennent que le DDT a entraîné des déclins chez les coléoptères ainsi que des changements considérables (potentiellement permanents) au sein des communautés d’insectes, ce qui a mené à un régime alimentaire faible en nutriments chez le Martinet ramoneur, puis à un déclin.

Les effets néfastes des insecticides chimiques ont entraîné une hausse de l’utilisation des insecticides biologiques. À l’heure actuelle, les insecticides employés dans les activités d’exploitation forestière au Canada sont principalement biologiques (Bacillus thuringiensis var. kurstaki[Btk]) et ciblent les lépidoptères au stade larvaire, comme la tordeuse du pin gris (Choristoneura pinus) et la tordeuse des bourgeons de l’épinette (C. fumiferana). La superficie annuelle moyenne couverte par l’application du Btk dans l’ensemble des forêts canadiennes entre 1988 et 2000 atteint quelque 273 440 hectares (plage : 73 209 à 855 535 hectares) (BDNF, 2014). En 2012, le Btk a été utilisé dans les forêts de 4 provinces canadiennes : le Québec (98 044 hectares), le Manitoba (828 hectares), la Saskatchewan (15 639 hectares) et la Colombie-Britannique (116 012 hectares) (BDNF, 2014). En moyenne, c’est dans les forêts du Québec qu’on applique annuellement le Btk sur la plus grande superficie (1988 à 2012) (BDNF, 2014). Même si bon nombre d’insecticides microbiens sont considérés non toxiques pour les oiseaux, leurs effets indirects causés par des changements dans la disponibilité des proies demeurent peu connus. Une superficie de 12 803 hectares de l’île de Vancouver, en Colombie-Britannique, n’a affiché aucune différence quant à la richesse des espèces ou à l’abondance relative des oiseaux chanteurs un an après l’utilisation du Btk pour lutter contre la spongieuse (Lymantria dispar) (Sopuck et al., 2002). Holmes (1998) a constaté que la survie et la croissance des oisillons de la Paruline obscure (Vermivora peregrina) n’étaient pas touchés par le Btk dans les sites traités de l’Ontario. Même si les nids des zones traitées présentaient de plus petites nichées et un plus faible taux d’éclosion, les différences n’étaient pas significatives. D’autres études ont cependant révélé d’importants effets indirects des pesticides microbiens sur les oiseaux. Les oisillons du Tétras du Canada (Dendragapus canadensis) présentaient des taux de croissance beaucoup plus faibles dans une zone traitée au Btk en Ontario par rapport à des oisillons élevés dans des sites d’études non traités au Btk (Norton et al., 2001). Norton et al. (2001) ont attribué cette différence à une réduction de la disponibilité des larves de lépidoptères à la suite du traitement. En France, dans les sites traités au moyen de l’agent Bacillus thuringiensis var. israelensis (Bti), on a constaté une modification de l’alimentation de l’Hirondelle de fenêtre (Delichon urbicum). Celle-ci s’alimentait moins de nématocères (sensibles au Bti), d’araignées et de libellules (prédateurs des nématocères), et davantage de fourmis volantes (Poulin et al., 2010). Ce changement de l’alimentation a entraîné une réduction des couvées et de la survie post-envol (Poulin et al., 2010). Il est possible que le Bti soit utilisé dans le cadre de programmes de lutte contre les moustiques et les simulies dans l’ensemble des aires de reproduction, de migration et d’hivernage de l’Engoulevent d’Amérique.

Les insecticides néonicotinoïdes ont été introduits dans les années 1990. Bien qu’on en sache peu sur le taux d’utilisation de ces produits dans l’aire de répartition de l’Engoulevent d’Amérique, on estime que près de 11 millions d’hectares de terres agricoles ont été traités aux néonicotinoïdes dans les Prairies du Canada (Main et al., 2014). Les néonicotinoïdes sont généralement utilisés sur des terres agricoles, mais leur présence a aussi été décelée dans des milieux humides (Main et al., 2014) et des cours d’eau du Canada (Environnement Canada, 2011; Xing et al., 2013). Mineau et Palmer (2013) soutiennent que les effets des néonicotinoïdes sur les oiseaux pourraient s’étendre au-delà des fermes, pour vraisemblablement atteindre l’échelle des bassins versants ou l’échelle régionale. Ces produits ont des effets néfastes sur les populations d’insectes et, en 2013, l’Autorité européenne de sécurité des aliments a déclaré qu’ils posaient un risque inacceptable pour les insectes (Goulson, 2014). Aux Pays-Bas, les concentrations de néonicotinoïdes dans les eaux de surface ont été corrélées aux baisses des populations d’oiseaux insectivores sur les terres agricoles (Hallmann et al., 2014). Hallmann et al. (2014) ont avancé que ces baisses étaient probablement causée par une réduction des populations d’insectes proies résultant de l’utilisation d’insecticides. Les effets indirects de ces insecticides ont aussi été constatés chez l’Alouette des champs (Alauda arvensis), le Bruant jaune (Emberiza citrinella), le Tarier des prés (Saxicola rubetra), le Bruant des roseaux (Emberiza schoeniclus) et le Bruant proyer (Miliaria calandra) (Boatman et al., 2004; Gibbons et al., 2014).

Pollution lumineuse

Bon nombre d’insectes consommés par l’Engoulevent d’Amérique (coléoptères, phryganes, papillons de nuit) sont attirés par la lumière artificielle (Bruce-White et Shardlow, 2011). Les insectes dépendent des cycles de la lumière naturelle à plusieurs stades de leur cycle vital. Certaines données indiquent que l’éclairage artificiel affecte la reproduction et la survie des phryganes (Trichoptera) et d’autres invertébrés aquatiques. Ce type d’éclairage brouille les facteurs qui déclenchent l’émergence des adultes, ce qui désoriente ces derniers : des cas de mortalité massive ont été enregistrés à proximité de sources lumineuses situées près de cours d’eau (Bruce-White et Shardlow, 2011). En outre, l’éclairage artificiel a probablement des effets négatifs sur l’alimentation, la reproduction et le déplacement des insectes, ce qui peut entraîner la fragmentation et/ou le déclin des populations de certaines espèces et la modification de la communauté d’insectes servant de proies aux insectivores aériens (Bruce-White et Shardlow, 2011; Davies et al., 2012).

Augmentation des phénomènes météorologiques violents

Les Engoulevents d'Amérique et d'autres insectivores aériens tirent parti des concentrations d'insectes qui sont favorisées par les systèmes frontaux (Russell, 1999; Taylor, 2009). Par exemple, Russell et Wilson (1997) ont compté 85 Engoulevents d'Amérique dans une zone de convergence de la Floride durant un seul dénombrement ponctuel de 10 minutes. Ces systèmes frontaux peuvent être perturbés par la violence accrue des tempêtes résultant du changement climatique. Par contre, l'intensification des tempêtes pourrait aussi accroître les superficies d'habitat disponible pour l'Engoulevent d'Amérique, par l'augmentation des incendies de forêt et des chablis. On s'attend à ce que la fréquence et la durée des sécheresses soient accrues par le changement climatique, ce qui entraînerait des déclins locaux et possiblement régionaux de certaines espèces d'insectes, particulièrement celles qui dépendent des milieux aquatiques (Haile, 2000; Boulton et Lake, 2008). Toutefois, la sécheresse peut aussi mener à des augmentations considérables (infestations) des populations d'autres espèces d'insectes (Haile, 2000).

Lutte contre les incendies

Le feu dans un écosystème naturel est susceptible d’offrir une mosaïque changeante de l’habitat de nidification pour l’Engoulevent d’Amérique. Avant la colonisation européenne, les forêts nord-américaines étaient façonnées par le feu, et la forêt boréale a un lien particulièrement étroit avec le régime des feux (FAO, 2006). Pendant une bonne partie du 20e siècle, la lutte contre les incendies de végétation constituait le mode de gestion normal pour protéger la ressource forestière et les collectivités rurales. En fait, l’efficacité des programmes de lutte contre les incendies au Canada est telle que 97 % de tous les feux de forêt sont maîtrisés avant qu’ils ne s’étendent sur 200 hectares (Stocks et al., 2003). Cumming (2005) conclut que, même dans la grande forêt boréale, la lutte contre les incendies par le lancement d’une attaque initiale a eu de grandes répercussions sur la superficie brûlée au cours des récentes décennies, et il croit que les répercussions se feront encore sentir dans un avenir prévisible. La lutte contre les incendies sur des dizaines d’années a fini par prolonger les intervalles entre les feux, ce qui a réduit le nombre de clairières disponibles pour la reproduction de l’Engoulevent d’Amérique. La disponibilité de l’habitat dans les systèmes de prairies mésiques est aussi réduite, en raison de la succession écologique conduisant à la formation d’un couvert arbustif en l’absence d’un régime naturel des feux (McCracken, 2005). Les modèles du changement climatique prédisent une augmentation de la fréquence et de l’intensité des incendies dans la région boréale du Canada (Ressources naturelles Canada, 2013), ce qui mènerait à une croissance de l’habitat ouvert pour l’Engoulevent d’Amérique. Cependant, on ignore si ce changement serait vraiment avantageux pour l’espèce, car les gestionnaires forestiers risquent de réagir à toute augmentation des incendies par l’intensification des activités de lutte contre ceux-ci.

Perte d'habitat de reproduction : succession végétale

Les déclins observés chez plusieurs espèces qui utilisent des habitats ouverts, dont l’Engoulevent d’Amérique, ont été en partie attribués à la succession végétale – les terres défrichées après l’établissement des colons européens ayant fait place à la forêt (Parody et al., 2001) – ainsi qu’à l’empiètement de la végétation ligneuse résultant de l’abandon des terres agricoles non productives. Un reboisement substantiel a contribué aux réductions de l’habitat de prairie indigène et des terres agricoles propices aux oiseaux des prairies (Askins, 1993). De plus, la reforestation en Ontario et au Québec accentue l’empiètement de la végétation ligneuse sur l’habitat des prairies (Bollinger, 1995).

Chez l’Engoulevent d’Europe (Caprimulgus europaeus), espèce étroitement apparentée à l’Engoulevent d’Amérique et possédant un comportement de nidification similaire, l’augmentation des effectifs dans les forêts plantées est directement liée à la disponibilité de clairières (Langston et al., 2007). Les forêts de début et de milieu de succession qui s’établissent sur les terres agricoles abandonnées peuvent initialement fournir de l’habitat convenable pour l’espèce, mais les forêts de fin de succession qui finissent par prendre leur place n’offrent pas de tels milieux (Bushman et Therres, 1988). Dans le sud-est du Canada, les terres agricoles abandonnées se sont généralement reboisées dans les zones peu productives (incapables de soutenir la production de grandes cultures) (Desponts, 1996; Cadman et al., 2007). Le reboisement dans ces zones peut avoir entraîné, dans une certaine mesure, une perte d’habitat de nidification ou d’alimentation pour l’Engoulevent d’Amérique (Mills, 1987; Smith, 1996).

La succession naturelle peut aussi être problématique dans les prairies indigènes où la lutte contre les incendies constitue une méthode de gestion (McCracken, 2005).

Perte d'habitat de reproduction : changements dans la construction des toits et des matériaux

Dans les milieux urbains, l’Engoulevent d’Amérique niche presque exclusivement sur les toits recouverts de gravillons qui comportent une zone ombragée (Marzilli, 1989). On croit que la principale cause du déclin de l’espèce en milieu urbain serait le remplacement des gravillons par des revêtements de goudron, de caoutchouc ou autres (Brigham et al., 2011). Ces surfaces ne conviennent pas à la nidification. En effet, le caoutchouc directement exposé aux rayons du soleil devient plus chaud que le gravier et n’offre aucune possibilité de camouflage pour les oiseaux. De plus, les œufs risquent de rouler sur les surfaces lisses (Marzialli, 1989; Brigham et al., 2011). À l’échelle locale, on a également associé les déclins observés au remplacement des gravillons par du gravier plus grossier (Wedgwood, 1992), à la disparition des parapets et au remplacement des toits avec drain par des toits qui retiennent l’eau (Sandilands, 2010). Les technologies des toits verts sont de plus en plus acceptées en Amérique du Nord (Dalglish, 2012), mais il est trop tôt pour prédire si, ou comment, l’augmentation du nombre de ces toits agira sur les populations d’Engoulevents d’Amérique qui nichent en milieu urbain.

Perte d'habitat de reproduction : développement résidentiel et commercial

Le développement résidentiel et commercial ainsi que les zones urbaines en général ont largement empiété sur les terres du Canada au cours des dernières décennies (Cocklin et al., 1983), ce qui a mené à des pertes permanentes d’habitat. Celles-ci peuvent être associées au déclin d’espèces d’oiseaux qui utilisent des habitats ouverts (Valiela et Martinetto, 2007). Le développement urbain contribue fortement à la réduction du nombre de terres agricoles et forestières fiables au Canada. En outre, le développement urbain est considéré comme la principale cause de déboisement aux États-Unis. Il s’agit également d’un facteur contributif important au Canada (17 %), plus particulièrement dans le sud de l’Ontario et du Québec (Radeloff et al., 2005; Robinson et al., 2005; Sun et al., 2007; Masek et al., 2011).

Les plus grandes augmentations des paysages urbains et ruraux de 2000 à 2011 ont eu lieu en Ontario et au Québec (Statistique Canada, 2013), et l’Ontario présente la plus grande concentration de milieux urbains au Canada. Plus de 10 % des terres agricoles les plus productives de l’Ontario ont été éliminées par l’étalement urbain entre 1971 et 2001, ce qui représente une augmentation de près de 80 % de la superficie des milieux urbains en Ontario (Hofman et al., 2005).

Perte d'habitat de reproduction : agriculture

L’agriculture est la plus grande source de déforestation au Canada (principalement dans le centre-sud) (Masek et al., 2011). Le déboisement à des fins d’expansion agricole est particulièrement important dans la région de la forêt mixte boréale, où 73 % du couvert forestier a été éliminé, dont une perte de 25 % de 1966 à 1994 (Hobson et al., 2002). Les pressions commerciales et l’accroissement de la mécanisation des pratiques agricoles ont mené à l’élimination des bordures forestières et des caractéristiques naturelles, ainsi qu’au remplacement de beaucoup de pâturages et de prairies de fauche par des cultures céréalières et des cultures en rangs, qui conviennent moins aux espèces qui nichent au sol (Jobin et al., 1996, Corace et al., 2009). En effet, elles n’offrent pratiquement aucun abri pour les nids, et la fréquence des perturbations durant la période de reproduction y est trop élevée.

On sait que l’Engoulevent d’Amérique utilise des paysages modifiés par l’humain, mais les répercussions de l’agriculture, plus particulièrement de son intensification, n’ont pas été directement évaluées chez l’espèce.

Perte d'habitat de reproduction : exploitation forestière et récolte du bois

L’exploitation forestière et la récolte du bois constituent la troisième cause de déboisement au Canada, après l’agriculture et le développement résidentiel et commercial (Masek et al., 2011). C’est au Québec, en Colombie-Britannique et en Ontario que les taux de récolte sont les plus élevés au Canada. Ceux-ci sont demeurés relativement stables au pays depuis les années 1980, malgré une hausse soutenue de la superficie exploitée au Québec au cours de cette période (Masek et al., 2011). L’exploitation forestière, de manière générale, peut avoir des répercussions négatives à court terme sur les oiseaux nicheurs par des perturbations de leurs activités de reproduction (perturbations excessives, destruction directe des nids, des œufs et des jeunes, etc.) (Hobson et al., 2013), mais certaines pratiques peuvent être avantageuses pour l’Engoulevent d’Amérique si elles sont effectuées en temps opportun (p. ex. la création de clairières peut favoriser la nidification). On sait que l’Engoulevent d’Amérique utilise des paysages modifiés par l’humain, mais les répercussions de l’exploitation forestière et de la récolte du bois n’ont pas été directement évaluées chez l’espèce.

Perte d'habitat autre que l'habitat de reproduction

La migration de l’Engoulevent d’Amérique n’a pas fait l’objet d’études poussées, et on ne sait presque rien des besoins de l’espèce en matière d’habitat durant la migration et l’hiver, à part le fait qu’elle utilise différents milieux découverts pour s’alimenter (Brigham et al., 2011). Il n’est pas possible d’évaluer la perte d’habitat autre que l’habitat de reproduction avec aussi peu de données mais, compte tenu des baisses similaires observées chez d’autres insectivores aériens qui migrent sur de grandes distances, la réduction de la qualité de l’habitat dans les aires d’hivernage ou dans les haltes migratoires pourrait jouer un rôle dans les déclins constatés (Nebel et al., 2010).

Températures extrêmes et tempêtes

Les tempêtes tropicales tuent parfois les insectivores aériens qui migrent l’automne en grands nombres; un seul ouragan (l’ouragan Wilma en 2005) a eu un effet mesurable sur la population d’un autre insectivore aérien, le Martinet ramoneur (Dionne et al., 2008). Les fluctuations climatiques au printemps réduisent la survie et le rendement reproductif, surtout parce que le calendrier de migration des engoulevents semble dicté par le temps chaud qui assure la présence des insectes volants (Brigham et al., 2011) (voir Réduction des populations d’insectes proies, à la section 4.2). Une longue période de temps froid et pluvieux en juin 1903 a décimé les engoulevents dans tout le Massachusetts (Griscom, 1949), et des précipitations records en 1990 ont entraîné une baisse de l’alimentation et une famine apparente chez ces oiseaux en Colombie-Britannique (Firman et al., 1993). Les effets nuisibles du temps froid et pluvieux sur d’autres insectivores aériens durant la période de reproduction sont bien connus (p. ex. Brown et Brown, 2000), et on s’attend à ce que les changements climatiques rendent plus fréquent ce genre d’extrêmes météorologiques (Huber et Gulledge, 2011).

Déplacement et altération de l'habitat

Les espèces d’oiseaux qui migrent sur de grandes distances dépendent de différents habitats répartis dans le paysage durant leur cycle annuel (reproduction, migration et hivernage), ce qui les rend particulièrement sensibles aux répercussions du changement climatique, car tout changement sur leur tracé migratoire peut avoir un effet négatif sur leur population (Robinson et al., 2008; Newson et al., 2009). On manque d’informations pour établir un lien direct entre les changements climatiques et le déclin des populations de l’Engoulevent d’Amérique. Toutefois, selon Cumming et al. (2003), il est fort possible que l’évolution du climat modifie la répartition des espèces aviaires.

Collisions avec des véhicules, des aéronefs et des constructions

Les Engoulevents d’Amérique, particulièrement les mâles, se reposent souvent la nuit le long des routes de gravier, où ils s’exposent aux collisions avec les véhicules (Poulin et al., 1998; Brigham et al., 2011). En Espagne, l’Engoulevent à collier roux (Caprimulgus ruficollis) est attiré par les routes pavées (durant la migration et par temps frais durant la période de reproduction), où la température est considérablement plus élevée que sur les routes de gravier situées à proximité et sur le sol dénudé (Camacho, 2013). Ce comportement a entraîné une forte hausse de la mortalité routière (Camacho, 2013). La mortalité imputable à la circulation des véhicules est aussi assez fréquente aux endroits où les routes traversent des zones où les engoulevents se concentrent pour s’alimenter (Stevenson et Anderson, 1994). Bishop et Brogan (2013) ont constaté que les caprimulgiformes représentaient 1,9 % des oiseaux relevés dans les études nord-américaines sur la mortalité routière des oiseaux, tandis que Loss et al. (2014a) ont constaté que les Engoulevents d’Amérique représentaient 0,01 % des oiseaux tués sur les routes dans une compilation d’études réalisées dans l’aire de répartition de l’espèce aux États-Unis. Même s’il y a des exceptions, de manière générale, les taux de mortalité routière augmentent souvent avec la vitesse de la circulation, la largeur du corridor routier et l’altitude des routes (quand celles-ci surplombent les terres environnantes) (Baudvin, 1997; Case, 1978; Loss et al., 2014a). Les nids et les couvées risquent aussi d’être détruits par la circulation routière dans les forêts aménagées (Bender et Brigham, 1995). On s’attend à ce que les collisions avec les véhicules deviennent une source de mortalité de plus en plus grande pour l’Engoulevent d’Amérique, à mesure que l’aménagement et l’infrastructure routière qui y est associée s’étendront à de nouvelles parties de son aire de répartition.

Les collisions avec des aéronefs représentent aussi une menace pour l’Engoulevent d’Amérique. En effet, les individus qui se concentraient pour se reposer et s’alimenter à la base aérienne McConnell, au Kansas (États-Unis), étaient à l’origine de 82 % des collisions avec les oiseaux à cet endroit jusqu’à ce que des mesures correctrices soient prises (Cumming et al., 2003). La gestion des engoulevents en migration à la base aérienne est un enjeu permanent, parce que les techniques d’effarouchement traditionnelles sont inefficaces; les oiseaux retournent rapidement à leurs lieux de repos, ce qui présente un danger encore plus important pour les aéronefs.

Les collisions avec des bâtiments, des lignes électriques et téléphoniques, des tours de communication, des éoliennes et d’autres structures en hauteur présentent aussi un danger de mort pour de nombreuses espèces d’oiseaux, surtout pendant la migration.

Environ 25 millions d’oiseaux (de multiples espèces) sont tués chaque année lors de collisions avec des fenêtres au Canada (Machtans et al., 2013), et entre 365 et 988 millions le sont chaque année aux États-Unis (Loss et al., 2014b). Le risque de mortalité par collision avec des bâtiments – tous types de bâtiments confondus – est 2,6 moins élevé que la moyenne chez l’Engoulevent d’Amérique. Par contre, le risque de collision avec des gratte-ciels est moyen par rapport à ce que l’on observe chez d’autres espèces (Loss et al., 2014b).

On estime qu’entre 2,5 et 25,6 millions d’oiseaux (de multiples espèces) sont tués chaque année par des lignes de transport électrique au Canada (Rioux et al., 2013), et qu’entre 12 et 64 millions le sont chaque année aux États-Unis (de 8 à 57 millions sont tués par des collisions; de 0,9 à 11,6 sont tués par électrocution) (Loss et al., 2014c). Les Engoulevents d’Amérique, surtout les mâles adultes au moment de la pariade, se heurtent aux lignes électriques et téléphoniques (Erikson, 2005). On n’a pas quantifié la menace pour l’espèce, mais on suppose qu’elle est limitée pour l’instant, même si ce genre de collisions risque d’augmenter à mesure que l’aménagement prend de l’ampleur.

Quelque 6,8 millions d’oiseaux (d’espèces multiples) seraient tués lors de collisions avec des tours de communication chaque année aux États-Unis et au Canada (Longcore et al., 2012). La mortalité est plus fréquente chez les migrants néotropicaux et les migrants nocturnes attirés par les lumières des tours (Longcore et al., 2013), mais la mortalité annuelle causée par les tours de communications est estimée à moins de 1 % de la population totale de l’Engoulevent d’Amérique (Longcore et al., 2013).  

Environ 23 300 oiseaux de multiples espèces sont tués chaque année lors de collisions avec des éoliennes (Zimmerling et al., 2014). On estime que près de 50 % de ces cas de mortalité se produisent en Ontario (Zimmerling et al., 2014).

Pesticides (effets directs)

Mineau et Whiteside (2013) soutiennent que les activités visant à déterminer les causes des baisses des effectifs d’oiseaux en Amérique du Nord devraient fortement tenir compte des pesticides. Ils n’ont pas été en mesure de distinguer les effets directs (toxicité) des effets indirects (habitat, chaîne trophique, etc.) des pesticides, mais ils ont conclu que ces deux types d’effets avaient probablement lieu (Mineau et Whiteside, 2013). Bien que leurs effets aient été très peu documentés dans le cas de l’Engoulevent d’Amérique, les pesticides appliqués dans les aires de reproduction et d’hivernage ont été directement mis en cause dans la mortalité et la perte d’habitat de nombreuses espèces aviaires (p. ex. Chamberlain et al., 2000; Boatman et al., 2004; Mineau, 2005).

La plupart des pesticides organochlorés (produits chimiques de la famille du dichlorodiphényltrichloroéthane [DDT]) ont été interdits en Amérique du Nord depuis des décennies. On en sait peu sur l’étendue de l’exposition de l’Engoulevent d’Amérique et d’autres passereaux migrants néotropicaux aux pesticides organochlorés dans l’ensemble de leur cycle vital (Gard et al., 1993; Klemens et al., 2000), mais certains signes indiquent que les insectivores migrants néotropicaux sont toujours exposés à ces pesticides en Amérique du Nord (Sager, 1997; Klemens et al., 2000), soit légalement en raison de failles dans la réglementation, soit illégalement. En outre, des pesticides organochlorés pourraient toujours être utilisés en Amérique centrale et en Amérique du Sud (Klemens et al., 2000; Lebbin et al., 2010; Nebel et al., 2010). L’endosulfan, principalement utilisé sur une grande variété de cultures alimentaires, constitue une exception à l’interdiction des pesticides organochlorés. Son utilisation sera toutefois éliminée aux États-Unis d’ici 2016, car on a jugé qu’il posait un risque « inacceptable » pour les travailleurs agricoles et les espèces sauvages (les oiseaux, en général, sont assez sensibles à l’empoisonnement à l’endosulfan) (U.S. Environmental Protection Agency, 2010). Plusieurs autres pays ont suivi l’exemple en s’engageant à interdire ce produit chimique dans le cadre de la Convention de Stockholm sur les polluants organiques persistants (un traité international en matière d’environnement signé en 2001) (Secretariat of the Stockholm Convention, 2011).

On a de plus en plus recours aux composés organophosphorés et carbamates depuis que la majorité des pesticides organochlorés (DDT, dieldrine, etc.) ont été limités en Amérique du Nord dans les années 1970 et interdits dans les années 1980 (Commission de coopération environnementale de l’Amérique du Nord, 2003). Les oiseaux et d’autres espèces de vertébrés sont sensibles à ces produits chimiques s’ils ingèrent ou absorbent une certaine quantité de pesticides organophosphorés ou carbamates; les oiseaux semblent toutefois plus sensibles que les autres vertébrés (Freedman, 1995; Friend et Franson, 1999-2001). En effet, la mortalité massive d’autres espèces d’oiseaux s’alimentant d’insectes empoisonnés aux composés organophosphorés a été documentée dans l’aire d’hivernage de l’Engoulevent d’Amérique (Goldstein et al.,1999).

Les répercussions directes des néonicotinoïdes, qui sont des pesticides relativement récents, sont inconnues chez les espèces d’insectivores comme l’Engoulevent d’Amérique. Cependant, des études montrent que les oiseaux granivores pourraient être exposés à des doses mortelles de ces pesticides (Mineau et Palmer, 2013; Goulson, 2014) par l’ingestion de quelques graines traitées seulement. Hallmann et al. (2014) ont récemment publié une étude corrélant les concentrations de néonicotinoïdes dans les eaux de surfaces aux déclins constatés chez les oiseaux insectivores aux Pays-Bas. Hallmann et al. (2014) avancent que les déclins sont liés à une réduction des populations d’insectes proies (voir Réduction des populations d’insectes proies, à la section 4.2), mais ils n’ont pas pu exclure les voies directes par lesquelles les néonicotinoïdes pourraient agir sur les oiseaux.

Mercure

Le mercure est un élément d’origine naturelle qui est enrichi dans l’environnement par l’activité humaine. Le transport et le dépôt à grande distance du mercure constituent la source dominante de contamination de bon nombre d’habitats aquatiques dans la majeure partie du paysage (Fitzgerald et al., 1998; USGS, 2000), mais des apports de mercure d’origine hydrique ont eu lieu (et ont possiblement toujours lieu) en Amérique du Nord, surtout dans le nord-est (Evers et al., 2005). Le mercure biodisponible est entraîné aussi dans les bassins hydrographiques au cours des activités d’exploitation forestière, de la création de réservoirs hydroélectriques et de diverses activités industrielles connexes (Porvari et al., 2003; Vuori et al., 2003; Wiener et al., 2003). De grandes quantités de mercure accumulées sur des milliers d’années dans des tourbières, actuellement recouvertes de pergélisol, risquent aussi d’être rejetées dans l’environnement (Rydberg et al., 2010) dans certaines parties de leur aire de répartition. Les concentrations de mercure dans les réseaux trophiques aquatiques sont habituellement corrélées avec des pH faibles et, par conséquent, elles augmentent d’ouest en est au Canada dans les réseaux trophiques d’eau douce (Depew et al., 2013).

L’exposition au mercure peut faire diminuer le succès de la reproduction, modifier la faculté de réponse immunitaire et entraîner des effets sur le comportement et la physiologie des oiseaux (Scheuhammer et al., 2007; Hawley et al., 2009). Les travaux de recherche de Rimmer et al. (2010) et de Keller et al. (2014) indiquent que le mercure est bioamplifiable chez les oiseaux chanteurs terrestres qui se nourrissent d’invertébrés. Ce phénomène n’est pas documenté pour l’Engoulevent d’Amérique à l’heure actuelle et mérite d’être examiné, puisque l’espèce pourrait être exposée dans certaines parties de son aire de répartition à des concentrations élevées de méthylmercure (MeHg; forme toxique du mercure) en raison de sa consommation d’insectes prédateurs provenant de milieux humides acides, où le mercure est facilement converti en méthylmercure (Evers et al., 2005; Greenberg et Matsuoka, 2010; Evers et al., 2011; Edmonds et al., 2012). Une récente étude menée à grande échelle sur les concentrations de mercure chez un oiseau insectivore, le Quiscale rouilleux, a fait ressortir la menace possible associée à ce contaminant, en particulier pour la population du nord-est de l’Amérique du Nord (Edmonds et al., 2010). Les concentrations de mercure dans les plumes du Quiscale rouilleux nichant dans l’écorégion de la forêt acadienne de la Nouvelle-Angleterre et des Maritimes (Maine, New Hampshire, Vermont, Nouveau-Brunswick et Nouvelle-Écosse) étaient plusieurs fois plus élevées que les concentrations observées dans les plumes des individus présents dans l’aire d’hivernage du sud des États-Unis et dans les sites de reproduction en Alaska (Edmonds et al., 2010).

Précipitations acides

Un lien a été établi entre les précipitations acides et le déclin des forêts d’épinettes et de sapin dans l’est des États-Unis (U.S. Environmental Protection Agency, 2014); on présume qu’un tel lien existe aussi au Canada. L’acidification peut modifier l’habitat en menant à l’altération des assemblages d’invertébrés du sol (voir Réduction des populations d’insectes proies, à la section 4.2), à la perte des sites de nidification, de repos et d’alimentation préférés par l’espèce (Hames et al., 2002), à une vigilance accrue et à la hausse du risque de prédation (Brotons et al., 1998).

L’acidification des forêts contribue aussi à la lixiviation du calcium des sols, un phénomène particulièrement marqué dans le nord-est de l’Amérique du Nord (Driscoll, et al. 2001) où le sol a un pouvoir tampon plutôt faible, parce que son pH est bas, et où se produit une saturation en azote (les nitrates peuvent éliminer davantage de calcium dans les sols) (U.S. Environmental Protection Agency, 2014). Les passereaux doivent tirer du calcium de leur alimentation durant la période de ponte (Hames et al., 2002), et les carences en calcium durant cette période peuvent entraîner la ponte d’œufs à la coquille mince, faible et poreuse, qui risque de mener à un échec de reproduction. L’acidification a contribué au déclin de la Grive des bois (>Hylocichla mustelina) (Hames et al., 2002) ainsi que d’autres passereaux du nord de l’Europe qui nidifient dans des régions acidifiées de leur aire de répartition (Graveland et Drent, 1997; Mand et al., 2000).

Espèces indigènes problématiques et espèces exotiques envahissantes

On a avancé que l’augmentation des prédateurs en zones urbaines, tels les chats (Felis catus), les corvidés (Corvussp.), les ratons laveurs (Procyon lotor) et les mouffettes (Mephitis mephitis et Spilogale gracilis), constituerait une menace pour l’Engoulevent d’Amérique (COSEPAC, 2007). En effet, les taux de prédation des nids sont les plus forts dans le cas des espèces d’oiseaux nichant au sol dans des massifs forestiers fragmentés, selon une étude de Wilcove (1985). Les chats, qui constituent la principale source de mortalité aviaire d’origine anthropique au Canada (Calvert et al., 2013), pourraient représenter une menace pour l’Engoulevent d’Amérique. En effet, on estime que de 2 à 7 % des oiseaux dans le sud du Canada sont tués par des chats annuellement (Blancher, 2013). Comme l’espèce niche principalement dans les toits des centres urbains, elle pourrait être plus vulnérable à la prédation par les chats dans les milieux ruraux et, possiblement, durant la migration.

La propagation des goélands nichant sur les toits chasserait les engoulevents de leurs sites de nidification à Montréal (Goéland à bec cerclé [Larus delawarensis]; COSEPAC, 2007) et dans des villes de la Colombie-Britannique (Goéland à ailes grises [L. glaucescens], Campbell et al., 2006), ce qui souligne le risque de prédation des nids par les goélands dans les centres urbains.

Il est possible que des espèces de plantes envahissantes agissent sur la qualité de l’habitat de nidification dans les clairières. Tout changement du couvert végétal au sol peut avoir des répercussions négatives sur les espèces d’oiseaux qui nichent au sol, comme l’Engoulevent d’Amérique.

5. Objectifs en matière de population et de répartition

Il n’apparaît pas possible de freiner les déclins de la population immédiatement vu le nombre et la nature des menaces potentielles pesant sur l’espèce et, ultimement, l’incertitude entourant la cause du déclin.

L’objectif en matière de population à court terme pour l’Engoulevent d’Amérique au Canada est de freiner le déclin à l’échelle nationale d’ici 2025 (soit 10 ans après la publication du présent programme de rétablissement dans le Registre public des espèces en péril), tout en veillant à ce que la population ne diminue pas de plus de 10 % durant cette période. L’objectif en matière de population à long terme (soit après 2025) consiste à assurer une tendance démographique positive sur 10 ans pour l’Engoulevent d’Amérique au Canada.

L’objectif en matière de répartition pour l’Engoulevent d’Amérique est de maintenir la zone d’occurrence actuelle (c.-à-d. l’aire qui comprend la répartition géographique de toutes les populations connues) au Canada.

Les objectifs en matière de population portent sur le déclin à long terme de l’espèce, la raison pour laquelle l’espèce a été désignée comme étant « menacée » (COSEPAC, 2007). Les lacunes associées à l’utilisation des données du Relevé des oiseaux nicheurs pour cette espèce (voir Population et répartition, à la section 3.2) sont reconnues, et le présent programme comprend des approches visant à améliorer le suivi de l’Engoulevent d’Amérique. À mesure que de nouveaux renseignements deviendront disponibles, les objectifs en matière de population et de répartition pourront être révisés au besoin.

On a jugé qu’une période de 10 ans convenait pour évaluer l’évolution des populations de l’Engoulevent d’Amérique. Cette période a été retenue parce que freiner le déclin d’une espèce est difficile et ne peut s’accomplir en quelques années, et parce que les évaluations du COSEPAC s’effectuent tous les 10 ans. En effet, les critères d’évaluation du COSEPAC prévoient l’examen des changements démographiques sur des périodes de 10 ans.

Ces objectifs seront revus au moment d’établir le rapport requis (article 46 de la LEP) sur la mise en œuvre du présent programme de rétablissement et sur les progrès réalisés pour en atteindre les objectifs, cinq ans après la publication du programme dans le Registre des espèces en péril.

6. Stratégies et approches générales recommandées pour l'atteinte des objectifs

6.1 Mesures déjà achevées ou en cours

Voici des exemples, non exhaustifs, qui illustrent les principaux domaines visés pour mettre en contexte les grandes stratégies de rétablissement décrites à la section 6.2 : Les mesures achevées ou en cours comprennent les suivantes :

  • L'Engoulevent d'Amérique est pris en compte, et des mesures d'atténuation sont établies pour les projets d'aménagement des terres et les évaluations environnementales partout au Canada.
  • Environnement Canada a achevé certains travaux initiaux au Yukon pour déterminer la meilleure période saisonnière et le meilleur moment de la journée pour réaliser des relevés visant l'Engoulevent d'Amérique.
  • Le relevé des engoulevents en Colombie-Britannique (BC Nightjar Survey) de WildResearch s'appuie sur les observations par des citoyens le long des routes pour l'étude de l'Engoulevent d'Amérique dans cette province. Au crépuscule, les bénévoles procèdent à une écoute passive à partir de points d'écoute en bordure des routes dans les régions prioritaires. Les résultats servent à déterminer les tendances des populations et à reconnaître les paysages qui sont importants pour la conservation des populations d'engoulevents en Colombie-Britannique.
  • Le gouvernement de l'Alberta a publié des lignes directrices en matière d'inventaire visant les espèces sensibles, dont l'Engoulevent d'Amérique (Government of Alberta, 2013).
  • Le gouvernement de la Saskatchewan a publié un protocole de relevé pour l'Engoulevent d'Amérique (Saskatchewan Ministry of Environment, 2014).
  • Des observations fortuites d'Engoulevents d'Amérique ont été réalisées durant des relevés visant l'Engoulevent de Nuttall (Phalaenoptilus nuttallii) par la Saskatchewan Wetland Conservation Corporation (aujourd'hui la Saskatchewan Water Security Agency).
  • Le projet concernant l'Engoulevent bois-pourri en Ontario, mené par Études d'Oiseaux Canada (EOC) (2010-2014), recense les observations fortuites de l'Engoulevent d'Amérique, en particulier sur les parcours les plus au nord (dans le centre et l'est de la province).
  • EOC a mené un recensement des Engoulevents d'Amérique en milieu urbain en 2013, et cette activité bénévole a été répétée en 2014.
  • Des données sur l'Engoulevent d'Amérique sont recueillies dans le cadre du suivi du martinet en Ontario (pic d'abondance et dates d'observation).
  • Des relevés ou des activités de suivi visant l'espèce sont effectués à la plupart des installations du ministère de la Défense nationale.
  • Un relevé réalisé par des bénévoles le long de 25 parcours permanents dans des paysages agricoles a été entrepris au Québec.
  • Un projet a été lancé en 2014 au Québec par Environnement Canada en vue d'évaluer la possibilité d'effectuer un suivi de l'Engoulevent d'Amérique dans la forêt boréale au moyen d'enregistreurs acoustiques programmés pour fonctionner durant les périodes d'activité des engoulevents et installés à proximité des arrêts des routes du Relevé des oiseaux nicheurs, la veille des relevés.
  • Les observations fortuites de l'Engoulevent d'Amérique sont recueillies dans le cadre du suivi du martinet effectué dans les Maritimes.
  • Les observations fortuites de l'Engoulevent d'Amérique sont recueillies par la Division de la faune du ministère de l'Environnement et de la Conservation de Terre-Neuve-et-Labrador.

Au Canada, peu de travaux de conservation ont ciblé l'Engoulevent d'Amérique. Cependant, plusieurs activités de recherche et projets de planification et d'éducation mis en œuvre au Canada et aux États-Unis englobent l'espèce ou sont centrés sur celle ci. C'est ce que font les groupes et projets qui suivent :

  1. Projet de modélisation de l'avifaune boréale (http://www.borealbirds.ca/)
  2. Boreal Songbird Initiative(http://www.borealbirds.org/)
  3. Initiative boréale canadienne (http://www.borealcanada.ca/)
  4. Relevé des oiseaux nicheurs (https://www.pwrc.usgs.gov/BBS/ et https://ec.gc.ca/reom-mbs/default.asp?lang=En&n=416B57CA-1)
  5. Atlas des oiseaux nicheurs pour toutes les régions du Canada (http://www.bsc-eoc.org/volunteer/atlas/index.jsp?lang=FR&targetpg=index)

6.2 Orientation stratégique pour le rétablissement

Les incertitudes relatives à la cause du déclin de l'espèce compliquent l'élaboration d'une orientation stratégique pour son rétablissement. La stratégie dont le rang de priorité est le plus élevé est celle du suivi et de la recherche, essentiels à la compréhension du rétablissement de l'espèce. Les approches en matière de recherche et de gestion pourraient être modifiées à mesure que l'on disposera de nouveaux renseignements.

Tableau 3. Planification du rétablissement de l'Engoulevent d'Amérique
Menace ou facteur limitatif Stratégie générale de rétablissement PrioritéNotea.3du tableau 3 Description générale des activités de recherche et de gestion
Lacunes à combler dans les connaissances en vue du rétablissement Suivi et recherche Élevée
  • Élaborer et mettre en œuvre des protocoles normalisés et des plans de relevé (collecte et analyse des données) pour suivre les populations de l'espèce, les populations d'insectes proies et les caractéristiques de l'habitat;
  • Préciser les estimations de la population au Canada une fois que les relevés appropriés ont été établis et que les données ont été évaluées;
  • Définir la connectivité migratoire, les voies migratoires, la répartition hivernale et les milieux autres que l'habitat de reproduction;
  • Établir des estimations des paramètres démographiques clés dans l'ensemble du cycle annuel;
  • Déterminer l'importance relative des menaces connues et présumées qui pèsent sur l'espèce et ses proies, ainsi que sur leur habitat (voir l'annexe B pour les détails);
  • Étudier les facteurs influant sur le rendement de la reproduction, sur la survie et sur la fidélité au site de nidification;
  • Déterminer la proportion des effectifs qui nichent dans des zones d'habitation humaine plutôt que dans des habitats naturels et déterminer si les zones d'habitation humaine sont, de façon disproportionnée, moins importantes pour la survie ou le rétablissement de l'espèce;
  • Évaluer l'importance des systèmes aquatiques dans l'alimentation de l'espèce et déterminer les caractéristiques des sites fréquemment utilisés;

Perte ou dégradation de l'habitat

Changements dans la dynamique écologique ou dans les processus naturels

Pollution

Espèce ou génome exotique, envahissant ou introduit

Conservation et gestion de l'espèce et de son habitat Élevée
  • Conserver l'habitat de l'espèce et de ses proies dans l'habitat de reproduction et dans les autres milieux;
  • Encourager le respect des principes de la lutte antiparasitaire intégrée et encourager l'emploi de pesticides sans danger pour l'environnement à petite échelle;

Perte ou dégradation de l'habitat

Changements dans la dynamique écologique ou dans les processus naturels

Pollution

Espèce ou génome exotique, envahissant ou introduit

Conservation et gestion de l'espèce et de son habitat Moyenne
  • Restaurer l'habitat et les processus naturels (par brûlage dirigé, éclaircie systématique, rétablissement des prairies, etc.) qui offrent un habitat de reproduction à l'espèce et à ses proies;
  • Créer de l'habitat pour l'espèce et ses proies, au besoin;
  • Lutter contre les espèces problématiques dans la mesure du possible et au besoin;
Toutes les menaces et les lacunes en matière de connaissances Éducation et sensibilisation, intendance et partenariats Élevée
  • Favoriser les collaborations avec le gouvernement, les propriétaires fonciers, l'industrie forestière, les agriculteurs, les entreprises, les propriétaires d'animaux de compagnie et d'autres afin d'atténuer les menaces pour l'espèce, ses proies et leur habitat;
  • Promouvoir la coopération et la collaboration à l'échelle nationale en vue de combler les lacunes des connaissances et d'atténuer les menaces au Canada;
  • Promouvoir la coopération et la collaboration internationales en vue de combler les lacunes des connaissances et d'atténuer les menaces en dehors de la saison de reproduction;
  • Encourager la participation des bénévoles aux relevés et au suivi;
  • Promouvoir le respect des lois et des politiques fédérales (LEP, Loi sur la Convention concernant les oiseaux migrateurs (1994), etc.) provinciales et municipales ainsi que des pratiques de gestion bénéfiques visant à protéger l'espèce, ses proies et leur habitat;
Toutes les menaces et les lacunes en matière de connaissances Éducation et sensibilisation, intendance et partenariats Moyenne
  • Promouvoir la conservation des écosystèmes par des certifications du secteur privé, si une telle pratique est jugée efficace pour le rétablissement de l;
  • Créer des occasions de participation du grand public à la conservation et à d'autres initiatives de conservation de l'habitat;
Tout Lois et politiques Moyenne
  • Élaborer des pratiques de gestion bénéfiques pour l'espèce, ses proies et leur habitat;
  • Mettre en œuvre les politiques et les programmes de réduction existants pour réduire et/ou atténuer la menace de la pollution et élaborer de nouvelles politiques et de nouveaux programmes pour combler toute lacune;
  • Mettre en œuvre les normes et les codes du secteur privé qui favorisent l'espèce.

6.3 Commentaires à l'appui du tableau de planification du rétablissement

Le rétablissement de l'Engoulevent d'Amérique exigera l'engagement, la collaboration et la coopération des compétences fédérales, provinciales et territoriales, des conseils de gestion des ressources fauniques, des peuples autochtones, des collectivités locales, des propriétaires fonciers, d'entreprises et d'autres parties intéressées. Vu la grande aire de répartition de l'espèce au pays, il sera important d'effectuer un suivi de l'état de l'habitat, de la tendance des populations et de la répartition de l'espèce de sorte que l'efficacité des efforts de rétablissement puisse être évaluée et améliorée, au besoin.

Suivi et recherche

L'Engoulevent d'Amérique est abondant par endroits, mais son aire de répartition est très étendue. La première étape importante de son rétablissement consiste à établir des protocoles normalisés et des plans de relevé pour la collecte et l'analyse des données sur les populations. Il importe de créer un programme de suivi propre à l'espèce en vue d'examiner les tendances de la population au moyen d'une méthode de relevé cohérente, complète et fiable. De plus, il sera nécessaire de bâtir les modèles d'habitat correspondants pour mieux comprendre où l'espèce pourrait se reproduire et pour aider à désigner l'habitat essentiel.

Les mécanismes à l'origine de l'évolution des populations de l'espèce et de ses proies sont loin d'être clairs (McCracken, 2008), et il n'y a tout simplement pas suffisamment d'informations pour déterminer si les paramètres démographiques fondamentaux ont changé au fil du temps. On en connaît encore moins au sujet de l'espèce en dehors de la saison de reproduction. On n'a qu'une vague idée d'où l'Engoulevent d'Amérique passe l'hiver en Amérique du Sud, et on a peu d'information, sinon aucune, sur ses voies et ses haltes migratoires. Il sera difficile, mais nécessaire, de recueillir des renseignements sur l'espèce hors de la période de reproduction, ainsi que sur l'habitat dont elle a besoin et sur les menaces qui pèsent sur elle hors des aires de reproduction.

L'écologie de l'élément aérien et la biomasse aérienne que l'Engoulevent d'Amérique utilise sont mal connues. Il importe d'établir des programmes d'envergure pour effectuer un suivi des effectifs d'insectes volants et comprendre comment leur dynamique et leurs tendances agissent sur les populations d'insectivores. En outre, des travaux de recherche sont nécessaires pour définir les facteurs qui influent sur les espèces proies.

Puisque l'objectif de population pour l'espèce est, entre autres, de freiner le déclin de l'espèce et, pour finir, d'accroître la population, il convient de déterminer l'habitat potentiellement convenable mais actuellement inoccupé, ainsi que les lieux importants de passage ou de halte au cours de la migration.

Conservation et gestion de l'espèce et de son habitat

La conservation, la gestion et la remise en état de l'habitat de nidification pourraient être requises dans les zones où des habitats importants ont fait l'objet d'une perte ou d'une dégradation, par exemple dans les prairies et les régions agricoles. Il peut parfois s'avérer nécessaire de créer des habitats de nidification là où des facteurs anthropiques (développement résidentiel et commercial, agriculture, exploitation forestière et récolte du bois, etc.) ont entraîné une réduction considérable de l'habitat convenable. Il faut mieux comprendre les tendances de la dynamique des populations d'insectes volants pour savoir s'il profiterait à l'espèce de maintenir, de rehausser ou de rétablir les habitats propices à la reproduction d'insectes.

La lutte antiparasitaire intégrée n'est pas un nouveau concept au Canada, et certains programmes et projets régionaux sont déjà en cours. De tels programmes peuvent aider à réduire certaines menaces qui pèsent sur l'espèce et ses proies.

Les espèces qui nichent au sol comme l'Engoulevent d'Amérique sont particulièrement vulnérables à la prédation, parce qu'elles sont exposées à un vaste éventail de prédateurs. Il sera nécessaire d'élaborer des solutions à long terme pour régler le problème des grandes quantités de prédateurs à certains endroits où l'Engoulevent d'Amérique niche en colonies denses. Prêter attention aux prédateurs dans les évaluations environnementales aidera à en freiner la prolifération, notamment de ceux liés aux exploitations agricoles, aux usines de transformation du poisson et des aliments et aux élevages de visons. Les rapports d'évaluation devraient recommander des mesures qui créeront des conditions moins favorables aux prédateurs.

On considère généralement les goélands nichant sur les toits des centres urbains comme indésirables, car ils occasionnent des dommages matériels importants et dérangent. Certains sites occupés font déjà l'objet de programmes de lutte, mais il faudrait envisager la lutte contre les goélands sur une vaste échelle, car les goélands chassés d'un toit s'installent forcément dans des endroits voisins (Dwyer et al., 1996).

Éducation et sensibilisation, intendance et partenariats

Pour qu'elles soient efficaces, il convient d'appliquer les mesures de conservation et d'intendance dans l'ensemble de l'aire de répartition de l'espèce, y compris dans les haltes migratoires et les aires d'hivernage. Ainsi, les approches axées sur le maintien de l'habitat et la réduction des menaces que présente la pollution exigeront une collaboration internationale. Il faut encourager les collaborations avec les propriétaires fonciers, l'industrie forestière, les agriculteurs, les entreprises et les propriétaires d'animaux de compagnie, pour ne nommer que ceux-là, afin de faire adopter les pratiques exemplaires de gestion à l'égard de l'espèce et de son habitat. La quantité d'habitat qui s'offre à l'Engoulevent d'Amérique et le degré de protection de l'habitat dans les terres publiques ne sont pas connus, mais l'espèce niche aussi sur les terrains privés, ce qui offre des possibilités de participation du grand public à la conservation et à d'autres initiatives de conservation de l'habitat. Préserver et améliorer l'habitat des populations d'Engoulevents d'Amérique exigera des mesures d'éducation et d'intendance à grande échelle.

Dans les zones urbaines, les chats laissés en liberté ou les animaux domestiques retournés à l'état sauvage nuisent particulièrement aux oiseaux qui nichent au sol comme l'Engoulevent d'Amérique. Des mesures d'éducation et d'intendance seront nécessaires pour réduire cette menace.

Les meilleures pratiques de gestion de l'habitat de reproduction ne permettront de rétablir l'espèce que si l'habitat d'hivernage et les haltes migratoires sont maintenus. Par conséquent, la collaboration avec les autorités étrangères et les organisations non gouvernementales pour désigner, préserver, remettre en état et améliorer les lieux d'hivernage constitue un élément aussi important du programme de rétablissement. Cette collaboration devrait avoir un effet de synergie sur plusieurs autres espèces en péril dont les aires d'hivernage chevauchent celles de l'Engoulevent d'Amérique.

Lois et politiques

Comme pour bien d'autres espèces en péril, des moyens juridiques existent pour protéger l'Engoulevent d'Amérique et son habitat au Canada. Il importe de tirer tout le parti possible de ces moyens et de les employer pour protéger l'espèce. Six provinces canadiennes ont intégré l'Engoulevent d'Amérique dans le champ d'application de leurs lois sur les espèces en péril, et il est important d'exploiter tout le potentiel de cette désignation.

Les interdictions générales prévues par la Loi sur la Convention concernant les oiseaux migrateurs (1994) et ses règlements protègent les nids et les œufs de l'Engoulevent d'Amérique, partout où ils se trouvent au Canada, peu importe à qui appartient le terrain. Cependant, des nids et des œufs peuvent être endommagés ou perturbés par mégarde, à la suite de nombreuses activités. Durant la période de reproduction, il faut éviter de mener toute activité potentiellement destructrice ou perturbatrice aux emplacements où l'Engoulevent d'Amérique est susceptible d'être observé ou aux emplacements où sa présence est connue (Environnement Canada, 2014c). Cette mesure d'atténuation peut aussi être adoptée par divers moyens, incluant politiques et règlements d'aménagement, évaluations environnementales, etc.

Les pratiques de gestion bénéfiques pour l'Engoulevent d'Amérique doivent être intégrées à celles qui visent d'autres espèces en vue de maintenir des paysages hétérogènes constituant une mosaïque dynamique de conditions avantageuses pour plusieurs espèces. Les pratiques de gestion bénéfiques adoptées par les gouvernements, l'industrie et même les particuliers peuvent jouer un rôle important dans les efforts en cours sur l'ensemble de l'aire de répartition de l'espèce, et sont nécessaires pour favoriser le rétablissement de l'Engoulevent d'Amérique et la conservation de l'espèce sur une vaste échelle, d'un bout à l'autre du continent et jusqu'en Amérique du Sud.

De nombreuses espèces profiteront de la réduction des polluants atmosphériques. Il convient de renforcer les partenariats avec les ministères pour encourager le respect de la Loi canadienne sur la protection de l'environnementet de continuer à mettre en œuvre la Stratégie pancanadienne sur les émissions acidifiantes après l'an 2000, ainsi que les lois et les règlements pertinents, y compris les diverses stratégies en matière d'énergie et les plans d'action face aux changements climatiques des provinces.

Les mêmes pesticides qui nuisent aux insectivores aériens affectent presque certainement la santé humaine, et les populations d'insectivores aériens profiteraient de campagnes et de politiques visant à réduire la dépendance des humains à l'égard des pesticides. D'ailleurs, pour produire des cultures saines, les protéger et réduire au minimum l'emploi des pesticides, l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture privilégie une approche écosystémique qui combine diverses stratégies et méthodes (programme de lutte intégrée [Division de la production végétale et de la protection des plantes – ONU, 2013]).

Les normes et codes d'application volontaire adoptés par le secteur privé (p. ex. la certification de l'aménagement forestier durable par des tiers et les systèmes de cotation internationaux qui reconnaissent l'excellence des bâtiments écologiques) peuvent aider à réduire certaines menaces qui pèsent sur l'espèce et ses proies.

7. Habitat essentiel

En vertu de l'alinéa 41(1)c) de la LEP, le programme de rétablissement doit inclure une désignation de l'habitat essentiel de l'espèce, dans la mesure du possible, ainsi que des exemples d'activités qui peuvent entraîner la destruction de cet habitat.

7.1 Désignation de l'habitat essentiel de l'espèce

L'examen de l'aire de répartition géographique de l'espèce, de la spécificité de l'habitat, de la taille de la population et des menaces qui pèsent sur l'Engoulevent d'Amérique indique que la désignation de l'habitat essentiel de cet oiseau doit être effectuée à l'échelle du paysage Note de pied de page2. L'état actuel des connaissances relatives à l'espèce, l'habitat très diversifié où elle niche et la nature dynamique des paysages où elle niche, se repose et s'alimente confèrent une grande incertitude à la définition de l'habitat nécessaire à la survie ou au rétablissement de l'Engoulevent d'Amérique au Canada. Bien que certains travaux de modélisation du caractère convenable de l'habitat aient été effectués (Haché et al., 2014), des incohérences persistent dans les modèles et, à l'heure actuelle, on ne sait pas si l'habitat de reproduction est limitatif au Canada. À l'heure actuelle, l'information disponible ne permet pas de désigner l'habitat essentiel de l'espèce à l'échelle du paysage, pour les raisons suivantes :

  • On comprend mal quelles sont les caractéristiques biophysiques requises par l'espèce à l'échelle du paysage et leur configuration, et les données manquent à cet égard.
  • Les besoins en matière d'habitat de l'espèce peuvent varier dans son aire de répartition. Les unités de gestion (c.-à-d. les unités géographiques au sein desquelles l'habitat essentiel serait géré) doivent être identifiées de manière à tenir compte de la variation de l'utilisation de l'habitat et des processus de planification des terres.
  • Il y a un manque de données sur la présence de l'espèce, l'utilisation des sites aux endroits où elle a été détectée (p. ex. alimentation, repos, défense du territoire, nidification, déplacements) et son abondance dans de grandes parties de son aire de répartition. En outre, la limite nord de cette dernière est inconnue. Sans ces données, les modèles qui servent à prévoir l'habitat essentiel à partir des renseignements dont on dispose auront des capacités limitées.
  • Dans le cas de l'Engoulevent d'Amérique, on ne sait pas si certains habitats qui présentent des caractéristiques biophysiques spécifiques sont plus importants que d'autres sur le plan fonctionnel. Ainsi, dans des habitats particuliers, il se pourrait que la densité d'individus ou de couples soit plus forte ou que le succès de reproduction soit plus grand.
  • On en sait peu sur les relations entre les perturbations anthropiques et la qualité de l'habitat. Une meilleure compréhension de ces relations est nécessaire pour veiller à ce que l'Engoulevent d'Amérique dispose de superficies d'habitat convenable suffisantes et pour définir l'échelle à laquelle les activités sont susceptibles de détruire l'habitat essentiel.

Les nids sont difficiles à localiser, et la définition des emplacements généraux de nidification au moyen d'une méthode classique de dénombrement par points d'écoute pose des problèmes. L'Engoulevent d'Amérique défend un grand territoire, et ses habitats d'alimentation peuvent être séparés des lieux de nidification par de nombreux kilomètres; il n'est donc pas possible de déterminer de quelle manière un individu utilise l'habitat où il est détecté (p. ex. alimentation, défense du territoire, déplacement). De plus, une méthode classique de dénombrement par points d'écoute durant la période du matin ne convient pas à cette espèce crépusculaire (Government of Alberta, 2013; Saskatchewan Ministry of Environment, 2014)./p>

Un calendrier des études a été élaboré afin de désigner l'habitat essentiel nécessaire à l'atteinte des objectifs en matière de population et de répartition. La désignation de l'habitat essentiel sera incluse dans un programme de rétablissement modifié ou dans un plan d'action.

7.2 Calendrier des études visant à désigner l'habitat essentiel

Afin d'orienter le calendrier des études, le groupe du Projet de modélisation de l'avifaune boréale a entrepris une modélisation qui aidera à faire comprendre les besoins de l'Engoulevent d'Amérique en matière d'habitat (Haché et al., 2014). Haché et al. (2014) ont évalué l'utilisation de l'habitat par l'Engoulevent d'Amérique au Canada d'après les dénombrements par points d'écoute, les paramètres établis de classification des terres (couverture terrestre et topographie) et les données environnementales (perturbations et climat). Le petit nombre d'observations dont on disposait pour la modélisation pourrait expliquer les incohérences signalées entre les modèles d'habitat de l'Engoulevent d'Amérique et a probablement empêché de découvrir des relations importantes de l'espèce avec l'habitat (caractéristiques biophysiques à l'échelle du paysage) (Haché et al., 2014). L'ensemble de données qui a servi à la modélisation est le plus complet dont on a disposé jusqu'ici à l'égard de l'espèce au Canada.

Le calendrier des études présenté ci-dessous est nécessaire pour compléter la désignation de l'habitat essentiel.

Tableau 4. Calendrier des études
Description de l'activité Justification Échéancier
Déterminer les unités de gestion appropriées d'après les exigences de l'espèce en matière d'habitat dans l'ensemble de son aire de répartition. Les besoins en matière d'habitat peuvent varier dans l'aire occupée par l'espèce. Les unités de gestion doivent être désignées de manière à tenir compte de cette variation de l'utilisation de l'habitat. 2016
Accroître le suivi au moyen de nouveaux protocoles propres à l'espèce. Les dénombrements standards par points d'écoute repèrent mal l'Engoulevent d'Amérique et recueillent donc moins d'observations qu'il n'en faut pour établir les liens importants de l'espèce avec son habitat et pour définir les caractéristiques biophysiques à l'échelle du paysage. La limite septentrionale de l'aire de reproduction de l'espèce est incertaine à l'heure actuelle, et il importe de la situer pour délimiter l'habitat nécessaire à la survie ou au rétablissement. Le suivi au moyen de nouveaux protocoles est requis pour valider et améliorer les derniers modèles de l'habitat (Haché et al., 2014). 2016-2022
Déterminer la configuration appropriée des caractéristiques biophysiques à l'échelle du paysage. Pour désigner l'habitat essentiel à l'échelle du paysage, il est nécessaire de comprendre les caractéristiques biophysiques que requiert l'espèce à cette échelle et de déterminer comment ces caractéristiques doivent être configurées pour répondre aux besoins de l'espèce. 2017-2020
Déterminer la qualité de l'habitat entre les unités de gestion et à l'intérieur de celles ci. L'information sur l'abondance, la productivité et d'autres mesures de la qualité de l'habitat peut mener à la désignation de zones qui contribuent de manière disproportionnée à la survie ou au rétablissement de l'espèce. 2018-2022
Déterminer l'échelle et l'intensité auxquelles les activités anthropiques pourraient probablement entraîner la destruction de l'habitat convenable. Une meilleure compréhension de la relation entre les perturbations anthropiques et la qualité de l'habitat est nécessaire pour veiller à ce que suffisamment d'habitat convenable soit disponible pour l'Engoulevent d'Amérique, et pour déterminer à quelle échelle et à quelle intensité les activités sont susceptibles de détruire l'habitat essentiel. 2018-2022
Déterminer la quantité d'habitat convenable requise pour atteindre les objectifs en matière de population et de répartition. On ne sait pas si l'habitat constitue un facteur limitatif au Canada pour l'Engoulevent d'Amérique. Il faut évaluer si l'habitat au pays est suffisant pour atteindre les objectifs en matière de population et de répartition. 2022
Élaborer et valider des modèles de l'habitat pour déterminer les endroits où les caractéristiques biophysiques existent en quantité, en qualité et en configuration voulues dans chaque unité de gestion pour atteindre les objectifs en matière de population et de répartition. Les résultats des études présentées ci devant permettront d'élaborer des modèles en vue d'établir l'emplacement, la quantité et la qualité de l'habitat qui devrait être désigné comme habitat essentiel pour l'Engoulevent d'Amérique. 2023

8. Mesure des progrès

Les indicateurs de rendement présentés ci-dessous permettront d'évaluer les progrès accomplis vers l'atteinte des objectifs en matière de population et de répartition.

  • À court terme (d'ici 2025), les tendances à la baisse sont stoppées ou inversées, de sorte que les populations canadiennes de l'Engoulevent d'Amérique ne perdent pas plus de 10 % pendant cette période.
  • À long terme (après 2025), une tendance positive sur 10 ans est obtenue (p.ex. les effectifs augmentent).
  • La zone d'occurrence de la reproduction de l'Engoulevent d'Amérique est maintenue dans tout le Canada.

9. Énoncé sur les plans d'action

Un ou plusieurs plans d'action pour l'Engoulevent d'Amérique seront publiés dans le Registre public des espèces en péril dans les 5 ans suivant la publication du présent programme de rétablissement.

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Annexe A: Effets sur l'environnement et les espèces non ciblées

Une évaluation environnementale stratégique (EES) est effectuée pour tous les documents de planification du rétablissement en vertu de la LEP, conformément à La directive du Cabinet sur l'évaluation environnementale des projets de politiques, de plans et de programmes Note de pied de page3. L'objet de l'EES est d'incorporer les considérations environnementales à l'élaboration des projets de politiques, de plans et de programmes publics pour appuyer une prise de décisions éclairée du point de vue de l'environnement et évaluer si les résultats d'un document de planification de rétablissement peuvent affecter un élément de l'environnement ou tout objectif ou cible de la Stratégie fédérale de développement durable Note de pied de page4 (SEDD).

La planification du rétablissement vise à favoriser les espèces en péril et la biodiversité en général. Il est cependant reconnu que des programmes peuvent, par inadvertance, produire des effets environnementaux qui dépassent les avantages prévus. Le processus de planification fondé sur des lignes directrices nationales tient directement compte de tous les effets environnementaux, notamment des incidences possibles sur des espèces ou des habitats non ciblés. Les résultats de l'EES sont directement inclus dans le programme lui­même, mais également résumés dans le présent énoncé, ci­dessous.

Toutes les espèces qui se nourrissent d'insectes volants, comme les chauves-souris, les hirondelles, les moucherolles et, en particulier, les espèces d'oiseaux en péril, dont le Martinet ramoneur, l'Engoulevent bois-pourri (Antrostomus vociferus), le Moucherolle à côtés olive (Contopus cooperi) et le Moucherolle vert (Empidonax virescens), pourraient profiter des approches recommandées pour l'Engoulevent d'Amérique.

Cela dit, certaines espèces, y compris d'autres espèces en péril, préfèrent des conditions d'habitat différentes de celles que privilégie l'Engoulevent d'Amérique, qui niche dans les découverts. On compte parmi ces espèces, sans toutefois s'y limiter, la Paruline du Canada, la Grive de Bicknell et le Quiscale rouilleux. Les mesures de rétablissement de l'espèce doivent être intégrées avec les pratiques de gestion bénéfiques à l'égard d'autres oiseaux, surtout là où les pratiques entreraient en conflit.

La possibilité que le programme de rétablissement entraîne des effets négatifs imprévus sur l'environnement et sur d'autres espèces a été examinée. La lutte contre les prédateurs risque de nuire à certaines espèces de goélands qui nichent sur les toits. Cette lutte est déjà en cours dans de nombreuses régions urbaines et industrielles du Canada. Il a été conclu que le programme n'aura pas d'effets négatifs importants.

Annexe B: Autres activités de recherche visant les menaces connues et présumées qui pèsent sur l'engoulement d'amérique, et ses proies, ainsi que sur leur habitat

La liste suivante n'est pas exhaustive, mais elle illustre certaines des activités de recherche qui sont requises pour comprendre les menaces qui pèsent sur l'espèce et ses proies, ainsi que sur leur habitat.

Modifications du système naturel

  • Déterminer les liens potentiels entre la disponibilité des insectes et le succès de reproduction;
  • Déterminer s'il existe un manque de synchronisme entre la période de reproduction et l'abondance maximale de proies;
  • Déterminer les effets de la perte d'habitat (particulièrement dans les aires d'hivernage) sur la disponibilité des proies de l'espèce;

Perte ou dégradation de l'habitat

  • Déterminer l'importance relative de la disponibilité de l'habitat autre que l'habitat de reproduction par rapport à celle de l'habitat de reproduction dans la baisse des effectifs;
  • Une fois la désignation de l'habitat autre que l'habitat de reproduction est achevée, déterminer quelles sont les menaces qui pèsent sur l'espèce, ses proies et leur habitat;
  • éterminer la disponibilité des sites de nidification convenables (sur les toits);
  • Déterminer les causes de la perte des nids chez les Engoulevents d'Amérique qui nichent sur les toits;

Changement climatique et phénomènes météorologiques violents

  • Déterminer les répercussions du changement climatique sur l'espèce et son habitatt;

Mortalité accidentelle

  • Effectuer un suivi de la fréquence des collisions et définir les caractéristiques des sites qui contribuent à des taux de collision élevés;

Pollution

  • Déterminer l'exposition des Engoulevents d'Amérique à la pollution (pesticides, mercure) et en évaluer les répercussions;
  • Déterminer si l'acidification de l'environnement de l'Engoulevent d'Amérique agit négativement sur l'espèce et son habitat (par la perte de ses sites préférés pour la nidification, le repos ou l'alimentation, une vigilance accrue, l'augmentation du risque de prédation, une carence en calcium durant la ponte et l'élevage des jeunes, etc.);

Espèces envahissantes et autres espèces problématiques

  • Déterminer si les espèces de goélands évincent des Engoulevents d'Amérique de leurs sites de nidification dans les régions urbaines;
  • Définir le risque de prédation lié à l'activité humaine dans les régions urbaines (p. ex. par les chats ou d'autres espèces dont les populations sont accrues en raison de la présence humaine)..

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