Programme de rétablissement de l’éléocharide géniculée (Eleocharis geniculata), population des montagnes du Sud, au Canada [proposition] 2018

Éléocharide géniculée

Bent Spike rush
Photo: Illustration de la couverture : © Terry McIntosh

Programme de rétablissement de l’éléocharide géniculée (Eleocharis geniculata), population des montagnes du Sud, au Canada [proposition]

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Environnement et Changement climatique Canada. 2018. Programme de rétablissement de l’éléocharide géniculée (Eleocharis geniculata), population des montagnes du Sud, au Canada [Proposition], Série de Programmes de rétablissement de la Loi sur les espèces en péril, Environnement et Changement climatique Canada, Ottawa, vii + 17 p.

Pour télécharger le présent programme de rétablissement ou pour obtenir un complément d’information sur les espèces en péril, incluant les rapports de situation du Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC), les descriptions de la résidence, les plans d’action et d’autres documents connexes portant sur le rétablissement, veuillez consulter le Registre public des espèces en péril.

Illustration de la couverture: © Terry McIntosh

Also available in English under the title "Recovery Strategy for the Bent Spike rush (Eleocharis geniculata), Southern Mountain population, in Canada [Proposed]"

Le contenu du présent document (à l’exception des illustrations) peut être utilisé sans permission, mais en prenant soin d’indiquer la source.

En vertu de l’ Accord pour la protection des espèces en péril (1996), les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux signataires ont convenu d’établir une législation et des programmes complémentaires qui assureront la protection efficace des espèces en péril partout au Canada. En vertu de la Loi sur les espèces en péril (L.C. 2002, ch. 29) (LEP), les ministres fédéraux compétents sont responsables de l’élaboration des programmes de rétablissement pour les espèces inscrites comme étant disparues du pays, en voie de disparition ou menacées et sont tenus de rendre compte des progrès réalisés dans les cinq ans suivant la publication du document final dans le Registre public des espèces en péril.

La ministre de l’Environnement et du Changement climatique est le ministre compétent en vertu de la LEP à l’égard de l’éléocharide géniculée, population des montagnes du Sud, et a élaboré ce programme de rétablissement, conformément à l’article 37 de la LEP. Dans la mesure du possible, le programme de rétablissement a été préparé en collaboration avec la province de la Colombie Britannique, en vertu du paragraphe 39(1) de la LEP.

La réussite du rétablissement de l’espèce dépendra de l’engagement et de la collaboration d’un grand nombre de parties concernées qui participeront à la mise en œuvre des directives formulées dans le présent programme. Cette réussite ne pourra reposer seulement sur Environnement et Changement climatique Canada ou sur toute autre autorité responsable. Tous les Canadiens et les Canadiennes sont invités à appuyer ce programme et à contribuer à sa mise en œuvre pour le bien de l’éléocharide géniculée, population des montagnes du Sud, et de l’ensemble de la société canadienne.

Le présent programme de rétablissement sera suivi d’un ou de plusieurs plans d’action qui présenteront de l’information sur les mesures de rétablissement qui doivent être prises par Environnement et Changement climatique Canada et d’autres autorités responsables et/ou organisations participant à la conservation de l’espèce. La mise en œuvre du présent programme est assujettie aux crédits, aux priorités et aux contraintes budgétaires des autorités responsables et organisations participantes.

Le programme de rétablissement établit l’orientation stratégique visant à arrêter ou à renverser le déclin de l’espèce, incluant la désignation de l’habitat essentiel dans la mesure du possible. Il fournit à la population canadienne de l’information pour aider à la prise de mesures visant la conservation de l’espèce. Lorsque l’habitat essentiel est désigné, dans un programme de rétablissement ou dans un plan d’action, la LEP exige que l’habitat essentiel soit alors protégé.

Dans le cas de l’habitat essentiel désigné pour les espèces terrestres, y compris les oiseaux migrateurs, la LEP exige que l’habitat essentiel désigné dans une zone protégée par le gouvernement fédéralnote1 soit décrit dans la Gazette du Canada dans un délai de 90 jours après l’ajout dans le Registre public du programme de rétablissement ou du plan d’action qui a désigné l’habitat essentiel. L’interdiction de détruire l’habitat essentiel aux termes du paragraphe 58(1) s’appliquera 90 jours après la publication de la description de l’habitat essentiel dans la Gazette du Canada.

Pour l’habitat essentiel se trouvant sur d’autres terres domaniales, le ministre compétent doit, soit faire une déclaration sur la protection légale existante, soit prendre un arrêté de manière à ce que les interdictions relatives à la destruction de l’habitat essentiel soient appliquées.

Si l’habitat essentiel d’un oiseau migrateur ne se trouve pas dans une zone protégée par le gouvernement fédéral, sur le territoire domanial, à l’intérieur de la zone économique exclusive ou sur le plateau continental du Canada, l’interdiction de le détruire ne peut s’appliquer qu’aux parties de cet habitat essentiel -- constituées de tout ou partie de l’habitat auquel la Loi de 1994 sur la convention concernant les oiseaux migrateurs s’applique aux termes des paragraphes 58(5.1) et 58(5.2) de la LEP.

En ce qui concerne tout élément de l’habitat essentiel se trouvant sur le territoire non domanial, si le ministre compétent estime qu’une partie de l’habitat essentiel n’est pas protégée par des dispositions ou des mesures en vertu de la LEP ou d’autre loi fédérale, ou par les lois provinciales ou territoriales, il doit, comme le prévoit la LEP, recommander au gouverneur en conseil de prendre un décret visant l’interdiction de détruire l’habitat essentiel. La décision de protéger l’habitat essentiel se trouvant sur le territoire non domanial et n’étant pas autrement protégé demeure à la discrétion du gouverneur en conseil.

Le présent document s’inspire beaucoup des documents Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur l’éléocharide géniculée (Eleocharis geniculata), population des plaines des Grands Lacs et population des montagnes du Sud, au Canada (COSEWIC, 2009) et Programme de rétablissement de l’éléocharide géniculée (Eleocharis geniculata), population des plaines des Grands Lacs, au Canada (Environment Canada, 2016). Nous remercions toutes les personnes qui ont contribué à l’élaboration de ces documents. Le présent programme de rétablissement a été préparé par Matt Huntley, Eric Gross, Darcy Henderson, Kella Sadler et Sarah Cheng (Environnement et Changement climatique Canada, Service canadien de la faune [ECCC SCF] – Région du Pacifique). Leah Westereng, Brenda Costanzo et Grant Furness (ministère de l’Environnement de la Colombie Britannique), Paul Grant (ministère des Forêts, des Terres et de l’Exploitation des ressources naturelles de la Colombie Britannique) et Kim Borg (ECCC SCF – Région de la capitale nationale) ont fourni de précieux conseils et commentaires pour la rédaction.

L’éléocharide géniculée (Eleocharis geniculata) est une petite (2-20 cm) cypéracée (plante de la famille des carex) annuelle qui pousse en touffes. Elle forme de nombreuses tiges minces qui se terminent par un épillet de petites fleurs produisant des akènes (petits fruits secs) noirs. Il existe deux populations de l’espèce au Canada, soit la population des montagnes du Sud et la population des Grands Lacs, que le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a désignées comme étant en voie de disparition en avril 2009 en s’appuyant sur un nouveau rapport de situation. Les deux populations ont été inscrites à la liste des espèces en voie de disparition de l’annexe 1 de la Loi sur les espèces en péril (LEP) du gouvernement fédéral en 2011. La population des montagnes du Sudnote2 est inscrite à la liste rouge de la Colombie Britannique. La population des Grands Lacs est désignée en voie de disparition en vertu de la Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition de l’Ontario et a fait l’objet d’un autre programme de rétablissementnote3.

Au Canada, la population des montagnes du Sud n’est présente qu’à une seule localité, située sur la rive orientale du lac Osoyoos, en Colombie Britannique. On la trouve au bord d’étangs saisonniers, sur des sols sableux ou boueux dénudés où elle ne subit pas de concurrence de plantes plus grandes et plus agressives. Estimée à plus de 10 000 individus matures, la population d’éléocharide géniculée des montagnes du Sud occupe une superficie d’environ 1 200 m².

Le caractère réalisable du rétablissement de l’éléocharide géniculée, population des montagnes du Sud, comporte des inconnues, mais le rétablissement pourrait être réalisable sur les plans biologique et technique si on levait ces inconnues. L’aire de répartition de l’espèce est restreinte à un habitat particulier et peu répandu. En Colombie Britannique, les principales menaces qui pèsent sur l’espèce sont le développement résidentiel futur, les plantes envahissantes, particulièrement des graminées, et la perturbation par les activités récréatives.

L’objectif en matière de population et de répartition pour l’éléocharide géniculée, population des montagnes du Sud, consiste à maintenir sa répartition et à maintenir ou (lorsque cela est réalisable et approprié) à accroître l’abondance de la population existante dans son aire de répartition actuelle ainsi que de toute nouvelle population qui serait découverte dans le futur.

Les stratégies générales qu’il faudra adopter pour contrer les menaces pesant sur la survie et le rétablissement de l’espèce sont présentées à la section 6.2, Orientation stratégique pour le rétablissement.

L’habitat essentiel n’est pas désigné à l’heure actuelle pour l’éléocharide géniculée, population des montagnes du Sud, au Canada, mais un calendrier des études est inclus dans le présent document. La désignation de l’habitat essentiel sera mise à jour lorsqu’on disposera des données nécessaires pour le faire, soit dans une modification du programme de rétablissement, soit dans un ou plusieurs plans d’action.

Un ou plusieurs plans d’action seront publiés dans le Registre public des espèces en péril dans les cinq années suivant la publication finale du présent programme de rétablissement.

D’après les quatre critères suivants qu’Environnement et Changement climatique Canada utilise pour définir le caractère réalisable du rétablissement, le rétablissement de l’éléocharide géniculée, population des montagnes du Sud, comporte des inconnues. Conformément au principe de précaution, un programme de rétablissement a été élaboré en vertu du paragraphe 41(1) de la LEP, tel qu’il convient de faire lorsque le rétablissement est déterminé comme étant réalisable du point de vue technique et biologique. Le présent programme de rétablissement traite des inconnues entourant le caractère réalisable du rétablissement.

Oui. On estime que la population d’éléocharide géniculée des montagnes du Sud compte plus de 10 000 individus. Bien que son abondance puisse fluctuer en raison de la nature dynamique de son habitat, la population persiste et est maintenue à long terme par son réservoir de semences dans le sol, lequel peut rester dormant pendant de nombreuses années (COSEWIC, 2009). Il manque de données pour déterminer la plage d’abondance naturellement viable et/ou les tendances connexes.

Oui. La population n’est présente qu’à une seule localité connue au Canada, et il y a actuellement suffisamment d’habitat convenable pour la soutenir. On trouve d’autres zones d’habitat convenable de superficie limitée, consistant en du sol sablonneux dénudé au bord d’étangs saisonniers abrités, à proximité (COSEWIC, 2009). L’éléocharide géniculée n’a pu être trouvée dans ces zones malgré la réalisation de plusieurs relevés, et on ignore si des facteurs limitatifs ou des menaces empêchent la colonisation et la détection de l’espèce dans ces zones. De récentes tentatives réussies de rétablissement du régime de perturbation sur des plages semblables dans la vallée de l’Okanagan pour le rétablissement de l’aster des terrains alcalins (Symphyotrichum frondosum) (Henderson et Patterson, 2016) portent à croire que des travaux de remise en état pourraient avoir des effets semblables favorables à l’éléocharide géniculée.

Inconnu. Comme l’éléocharide géniculée, population des montagnes du Sud, est une plante annuelle dont il n’existe qu’une seule occurrence connue, le risque qu’un phénomène stochastique entraîne sa disparition est élevé. Le développement résidentiel et commercial, les espèces exotiques envahissantes et la perturbation par les activités récréatives constituent les principales menaces qui pèsent sur la population. L’intendance et la coopération avec les propriétaires et gestionnaires des terres peuvent prévenir ou atténuer certaines menaces principales grâce à des mesures de rétablissement comprenant la protection de l’habitat, l’inventaire et le suivi, la gestion des espèces envahissantes et la restauration/remise en état de l’habitat.

Oui. Il existe des techniques de multiplication normalisées pour cultiver des plantes vasculaires à partir de graines à des fins de réintroduction, ainsi que des techniques de remise en état de l’habitat. On en sait peu sur la biologie reproductive de l’éléocharide géniculée, en particulier sur les facteurs qui influent sur la dormance, la germination et la dispersion des graines, le succès de fructification et les caractéristiques du réservoir de semences dans le sol.

On ignore pourquoi l’aire de répartition de l’éléocharide géniculée est si restreinte en Colombie Britannique. Comme l’éléocharide géniculée, population des montagnes du Sud, n’a été signalée qu’à un seul endroit jusqu’à maintenant, il est possible qu’elle ait toujours été rare dans la province. Si c’est le cas, du fait de sa répartition restreinte, il est possible qu’elle soit toujours vulnérable aux facteurs de stress anthropiques et naturels, même si l’on parvient à maintenir la population existante.

L’aire de répartition de l’éléocharide géniculée (Eleocharis geniculata) au Canada est représentée par deux populations isolées : la population des montagnes du Sud, qui est restreinte au centre sud de la Colombie Britannique, et la population des plaines des Grands Lacs, qui est restreinte au sud de l’Ontario. Toute mention de l’« éléocharide géniculée » qui ne précise pas le nom d’une population dans le présent document signifie « l’éléocharide géniculée, population des montagnes du Sud ».

Il est important de noter que la taxinomie de la population des montagnes du Sud n’est pas résolue à l’heure actuelle. En date de 2017, la province de la Colombie Britannique ne considère pas cette population comme étant l’éléocharide géniculée (Eleocharis geniculata), mais plutôt comme une nouvelle espèce d’Eleocharis (pas encore déterminée). Toutefois, jusqu’à ce que le COSEPAC réévalue l’espèce et que la ministre de l’Environnement et du Changement climatique et le gouverneur en conseil examinent et acceptent les modifications à son inscription, le nom officiel de l’espèce en vertu de la LEP demeure « éléocharide géniculée, population des montagnes du Sud ».

Statut légal : Annexe 1 de la LEP (en voie de disparition) (2011).

Tableau 1. Cotes de conservation de l’éléocharide géniculée (NatureServe, 2015; B.C. Conservation Data Centre, 2015).
Cote mondiale (G)a Cote nationale (N)a Cote infranationale (S)a Statut selon le COSEPAC Liste de la C. B.b Cadre de conservation de la C. B.c
G5 Canada (N1N2); États Unis (NNR)

Canada : Colombie Britannique (S1) et Ontario (S1);

États Unis : Alabama (SNR), Arizona (SNR), Californie (SNR), Caroline du Nord (SNR), Caroline du Sud (SNR), Floride (SNR), Géorgie (SNR), Hawaii (SNA), Illinois (S1), Indiana (S2), Kansas (S1), Louisiane (S1?), Michigan (SNR), Mississippi (S3S4), Nebraska (S1), New Jersey (SNR), Ohio (S1), Oklahoma (SNR), Pennsylvanie (SNR), Texas (SNR)

En voie de disparition (2009) Liste rouge Priorité maximale : priorité 1, aux fins du but 3

a Cotes : 1 – gravement en péril; 2 – en péril; 3 - vulnérable à la disparition; 4 – apparemment non en péril; 5 – non en péril; H – possiblement disparue; SNR – non classée.

b Liste rouge – espèce disparue, en voie de disparition ou menacée en Colombie Britannique; liste bleue – espèce préoccupante en Colombie Britannique; liste jaune – espèce non en péril en Colombie Britannique.

c Échelle à six niveaux : de la priorité 1 (la plus élevée) à la priorité 6 (la plus faible). Les trois buts du cadre de conservation de la Colombie-Britannique (B.C. Conservation Framework) sont les suivants : 1. Participer aux programmes mondiaux de conservation des espèces et des écosystèmes; 2. Empêcher que les espèces et les écosystèmes deviennent en péril; 3. Maintenir la diversité des espèces et écosystèmes indigènes.

Moins de 1 % de l’aire de répartition mondiale de l’éléocharide géniculée se trouve au Canada, où l’espèce atteint la limite nord de son aire de répartition en Amérique du Nord (COSEWIC, 2009).

L’éléocharide géniculée est une petite (2-20 cm) cypéracée annuelle qui pousse en touffes composées de nombreuses tiges minces. Chaque tige se termine habituellement par un seul épillet, composé de fleurs bisexuées qui finissent par donner des akènes (petits fruits secs) de couleur noire. Comme les akènes ne germent pas tous l’année suivante, ils constituent un réservoir de semences dans le sol dont l’espèce dépend pour maintenir ses populations à long terme, car les graines peuvent rester en dormance plusieurs années, voire plusieurs décennies (COSEWIC, 2009). Les akènes noirs distinguent l’espèce de la plupart des autres espèces d’Eleocharis poussant en touffes au Canada.

Espèce à répartition pantropicale, l’éléocharide géniculée est présente dans les Antilles, aux Bermudes, en Amérique du Nord, du Sud et centrale, en Afrique, en Asie, dans les îles du Pacifique (y compris Hawaii) et en Australie. Elle est assez répandue dans le sud des États Unis, mais peu commune ou rare plus au nord. Au Canada, on n’en connaît qu’une occurrence en Colombie Britannique et deux sur les rives du lac Érié, en Ontario. Les occurrences de l’espèce les plus proches de la population de la Colombie Britannique se trouvent dans le sud de la Californie et au Nevada (COSEWIC, 2009), ce qui rend toute dispersion naturelle à partir de ces populations et tout échange génétique en résultant extrêmement improbables. L’aire de répartition de l’éléocharide géniculée au Canada représente moins de un pour cent de son aire de répartition en Amérique du Nord, soit environ 7,7 km², dont quelque 6,7 km² pour la population des plaines des Grands Lacs, en Ontario.

En Colombie Britannique, l’éléocharide géniculée, population des montagnes du Sud, n’a été signalée qu’à un seul site, qui se trouve du côté est du lac Osoyoos. Cette population a été découverte en 1939, puis observée de nouveau en 1980, 1991, 1993, 2000, 2005, 2006, 2007, 2010 et plus récemment en 2014 (COSEWIC, 2009; UBC Herbarium, 2017).

Comme on n’a pas effectué d’estimations uniformes de la population, il n’existe aucune analyse de ses tendances à long terme (toutefois, selon COSEWIC [2009], aucun changement appréciable n’a été constaté de 2005 à 2007). En 2007, la population d’environ 10 000 individus matures occupait une superficie totale d’habitat estimée à 1 200 m² (COSEWIC, 2009). En 2014, un relevé a montré qu’il y avait des « individus épars peu nombreux » (UBC Herbarium, 2017). Or, l’abondance des plantes annuelles peut varier beaucoup d’une année à l’autre (COSEWIC, 2009). L’indice de zone d’occupation, calculé selon une grille à carrés de 2 × 2 km, se chiffre à 4 km2 en Colombie Britannique.

L’éléocharide géniculée est une très petite plante annuelle qui peut seulement se reproduire par ses graines. Elle doit produire un réservoir de semences dans le sol, mais on ignore la longévité des graines, si elles deviennent dormantes ou non et les conditions nécessaires pour en stimuler la germination. En général, les plantes vasculaires annuelles sont les plus communes dans les milieux qui subissent des perturbations chroniques, comme les rivages soumis à l’action des vagues ou aux fluctuations du niveau de l’eau, dans les premiers stades de succession végétale après une perturbation qui accroît la disponibilité des ressources, ou dans les régions où l’apport de ressources est imprévisible, par exemple lorsqu’il pleut dans un désert (Baskin et Baskin, 1988).

Au Canada, on trouve l’éléocharide géniculée au bord d’étangs saisonniers, sur des sols sableux ou boueux dénudés où elle ne subit pas de concurrence de plantes plus grandes et plus agressives (COSEWIC, 2009). Dans le système de classification des milieux humides de la Colombie Britannique (MacKenzie et Moran, 2004), la classe des marais (marsh wetland, Wm) est divisée en neuf associations végétales. L’éléocharide géniculée, population des montagnes du Sud, occupe un habitat de marais intermédiaire entre les catégories Wm04 Common Spike-rush et Wm06 Great Bulrushnote4 qui est habituellement dominé par l’éléocharide des marais (Eleocharis palustris), une plante vivace, ou le scirpe piquant (Schoenoplectus pungens) (MacKenzie et Moran, 2004). Ce type d’habitat consiste en un rivage lacustre sablonneux ou graveleux avec ou sans mince couche de sol organique, qui est inondé à l’hiver et au printemps et où la nappe phréatique baisse tout juste sous la surface du sol à l’été et à l’automne.

L’éléocharide géniculée est restreinte à un habitat particulier et peu répandu. D’autres zones d’habitat de sol sablonneux dénudé au bord d’étangs saisonniers abrités sont présentes à proximité, mais leur superficie est limitée (COSEWIC, 2009). Toutefois, l’espèce n’a pu être trouvée dans ces zones malgré la réalisation de plusieurs relevés, et on ignore si cela est attribuable aux moments où les relevés ont été effectués ou si d’autres facteurs empêchent l’espèce de coloniser ces zones.

Le lac Osoyoos est un des lacs les plus chauds du Canada; la région d’Osoyoos connaît les températures estivales les plus chaudes et une des saisons sans gel les plus longues au Canada (Environment and Climate Change Canada, 2016). L’habitat de l’éléocharide géniculée, population des plaines des Grands Lacs, sur le rivage du lac Érié, en Ontario, est semblable. Ainsi, une saison de croissance longue et chaude et une forte teneur en humidité du sol doivent être nécessaires pour que l’éléocharide géniculée germe, se développe et produise des semences viables pour les générations suivantes.

Il n’existe qu’une seule occurrence connue de l’éléocharide géniculée, population des montagnes du Sud, au Canada, laquelle se trouve sur le rivage du lac Osoyoos. L’évaluation des menaces présentée dans le tableau suivant est fondée sur le système unifié de classification des menaces de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) et du Partenariat pour les mesures de conservation (Conservation Measures Partnership). Cette classification est compatible avec les méthodes utilisées par le Conservation Data Centre de la Colombie-Britannique et le cadre de conservation de la province. Pour une description détaillée du système de classification des menaces, veuillez consulter le site Web du Partenariat pour les mesures de conservation (CMP, 2010). Aux fins d’évaluation des menaces, seules les menaces actuelles et futures sont prises en considération. Les menaces peuvent être observées, inférées ou prévues à court terme. Les menaces sont caractérisées en fonction de leur portée, de leur gravité et de leur immédiateté. L’« impact » de chaque menace est calculé selon la portée et la gravité de celle-ci. Pour des précisions sur l’établissement des valeurs, voir Master et al. (2012). Les menaces sont définies comme étant les activités ou les processus immédiats qui ont entraîné, entraînent ou pourraient entraîner la destruction, la dégradation et/ou la détérioration de l’entité évaluée (population, espèce, communauté ou écosystème) dans la zone d’intérêt (mondiale, nationale ou infranationale). Ce processus d’évaluation ne tient pas compte des facteurs limitatifs. Les menaces historiques, les effets indirects ou cumulatifs des menaces ou toute autre information pertinente qui aiderait à comprendre la nature des menaces sont présentés dans la section Description des menaces.

Tableau 2. Évaluation du calculateur des menaces pesant sur l’éléocharide géniculée, population des montagnes du Sud, au Canada.
Menace # Description de la menace Impactd Portéee Gravitéf Immédia-tetég Menaces détaillées
1 Développement résidentiel et commercial blank blank blank blank blank
1.1 Zones résidentielles et urbaines Très élevé Généralisée Extrême Modérée Le développement pourrait commencer dans les 10 prochaines années.
6 Intrusions et perturbations humaines blank blank blank blank blank
6.1 Activités récréatives Élevé Grande Élevée Modérée Menace constante qui augmente proportionnellement à la croissance de la population humaine dans la région.
7 Modifications des systèmes naturels blank blank blank blank blank
7.2 Gestion et utilisation de l’eau et exploitation de barrages Négligeable Généralisée Négligeable Élevée Menace constante dont la gravité est négligeable jusqu’à maintenant.
8 Espèces et gènes envahissants ou autrement problématiques blank blank blank blank blank
8.1 Espèces exotiques (non indigènes) envahissantes Élevé Généralisée Élevée Élevée Menace constante dont la gravité pourrait beaucoup augmenter si l’on cessait de lutter contre les mauvaises herbes.

d Impact – Mesure dans laquelle on observe, infère ou soupçonne que l’espèce est directement ou indirectement menacée dans la zone d’intérêt. Le calcul de l’impact de chaque menace est fondé sur sa gravité et sa portée et prend uniquement en compte les menaces présentes et futures. L’impact d’une menace est établi en fonction de la réduction de la population de l’espèce, ou de la diminution/dégradation de la superficie d’un écosystème. Le taux médian de réduction de la population ou de la superficie pour chaque combinaison de portée et de gravité correspond aux catégories d’impact suivantes : très élevé (déclin de 75 %), élevé (40 %), moyen (15 %) et faible (3 %). Inconnu : catégorie utilisée quand l’impact ne peut être déterminé (p. ex. lorsque les valeurs de la portée ou de la gravité sont inconnues); non calculé : l’impact n’est pas calculé lorsque la menace se situe en dehors de la période d’évaluation (p. ex. l’immédiateté est non significative/négligeable ou faible puisque la menace n’existait que dans le passé); négligeable : lorsque la valeur de la portée ou de la gravité est négligeable; n’est pas une menace : lorsque la valeur de la gravité est neutre ou qu’il y a un avantage possible.

e Portée – Proportion de l’espèce qui, selon toute vraisemblance, devrait être touchée par la menace d’ici 10 ans. Correspond habituellement à la proportion de la population de l’espèce dans la zone d’intérêt (généralisée = 71-100 %; grande = 31-70 %; restreinte = 11-30 %; petite = 1-10 %; négligeable < 1 %).

f Gravité – Au sein de la portée, niveau de dommage (habituellement mesuré comme l’ampleur de la réduction de la population) que causera vraisemblablement la menace sur l’espèce d’ici une période de 10 ans ou de 3 générations (extrême = 71-100 %; élevée = 31-70 %; modérée = 11-30 %; légère = 1-10 %; négligeable < 1 %; neutre ou avantage possible ≥ 0 %).

g Immédiateté – Élevée = menace toujours présente; modérée = menace pouvant se manifester uniquement dans le futur (à court terme [< 10 ans ou 3 générations]) ou pour l’instant absente (mais susceptible de se manifester de nouveau à court terme); faible = menace pouvant se manifester uniquement dans le futur (à long terme) ou pour l’instant absente (mais susceptible de se manifester de nouveau à long terme); non significative/négligeable = menace qui s’est manifestée dans le passé et qui est peu susceptible de se manifester de nouveau, ou menace qui n’aurait aucun effet direct, mais qui pourrait être limitative.

Les menaces connues qui pèsent sur l’éléocharide géniculée, population des montagnes du Sud, en Colombie Britannique sont décrites dans les paragraphes suivants. L’impact global calculé des menacesnote5 qui pèsent sur la population est très élevé. Les principales menaces sont actuellement le développement résidentiel et urbain (menace 1.1), les activités récréatives (menace 6.1) et les espèces envahissantes (menace 8.1). Toutes les autres menaces ont un impact négligeable.

Le rapport de situation (COSEWIC, 2009) a présenté d’autres menaces possibles (pâturage du bétail et pollution par le ruissellement agricole) qui ne sont maintenant plus considérées comme des menaces en raison des clôtures existantes qui empêchent l’accès du bétail et de la distance des sources possibles de pollution.

1.1 Zones résidentielles et urbaines (impact très élevé)

Bien qu’il n’y ait aucun plan connu de développement dans le secteur qui abrite la population, une telle possibilité existe dans le futur. Un projet domiciliaire a été réalisé à environ 200 m au nord du site. Presque tous les autres dépôts d’alluvions sablonneuses et barres de sable exposées dans la vallée de l’Okanagan ont été aménagés. Historiquement, ces endroits étaient aménagés à des fins de production agricole, mais le développement résidentiel des rivages menace maintenant les zones d’habitat riverain. À bien des endroits, on élimine toute la végétation naturelle, on remblaie les zones humides et on remplace le couvert végétal par des bâtiments, des zones pavées ou asphaltées, ainsi que par des aménagements paysagers de végétation non indigène jusqu’à la ligne des hautes eaux. Ces aménagements sont effectivement irréversibles, éliminant l’habitat nécessaire à une population. La population humaine continue de croître dans la vallée de l’Okanagan, tout comme la pression pour l’aménagement de propriétés riveraines. Le risque futur est donc très élevé compte tenu du développement observé ailleurs dans la vallée.

6.1 Activités récréatives (impact élevé)

Le rivage près de la population est souvent fréquenté par des plaisanciers et des baigneurs qui y accèdent par bateau. Les éléocharides géniculées risquent actuellement – et ce risque ira en augmentant – d’être piétinées par l’intense circulation pédestre et d’être perturbées lorsque les gens creusent dans le sable pour faire un feu, faire leurs besoins ou construire un château de sable l’été, quand elles sont les plus vulnérables, soit durant leur germination et leur croissance. Si des résidences étaient construites dans un proche avenir sur les pentes au-dessus du site, les activités récréatives sur la plage s’intensifieraient beaucoup et aggraveraient la perturbation. Le risque actuel et futur est donc élevé; l’accès au site est actuellement limité aux embarcations, mais il est possible qu’il y ait davantage d’accès et un plus grand impact à l’avenir.

7.2 Gestion et utilisation de l’eau et exploitation de barrages (impact négligeable)

On a déjà avancé que l’espèce serait menacée par la régularisation du niveau du lac Osoyoos par le barrage Zosel (situé à Oroville, aux États-Unis), sous la gouverne de la Commission mixte internationale. Le niveau du lac est ainsi régularisé depuis près de 30 ans, et l’éléocharide géniculée est toujours présente dans le site. Cependant, on ne dispose d’aucune donnée sur les changements survenus dans la population au cours de cette période (on ne connaît pas la répartition de la population avant la construction du barrage, mais il est possible qu’elle ait été plus étendue). Il faudra peut être plus de temps pour que l’effet du barrage sur le niveau du lac et sur l’habitat ait des répercussions pour l’espèce. Par exemple, on observe depuis au moins 2005 que les vagues ont lentement érodé les rives du lac Osoyoos à plusieurs endroits, y compris au site occupé par la population. Les vagues ont bien sûr toujours été un facteur d’érosion, mais leur action devait être répartie sur une bien plus grande hauteur de rivage avant la construction du barrage, et les berges n’étaient alors sans doute pas aussi érodées qu’aujourd’hui (COSEWIC, 2009).

L’habitat occupé par la population d’éléocharide géniculée se trouve dans une lagune, loin du rivage actif. Par conséquent, la gestion de l’eau pourrait éventuellement menacer la population en réduisant la superficie d’habitat saisonnièrement inondée, puis asséchée durant l’été, et la stabilité du niveau de l’eau pourrait permettre à des plantes vivaces (indigènes et non indigènes) de s’établir et de supplanter l’éléocharide géniculée. Compte tenu de l’absence actuelle de réponse de l’espèce à la gestion de l’eau, la menace est considérée comme négligeable.

8.1 Espèces exotiques (non indigènes) envahissantes (impact élevé)

Les espèces envahissantes pourraient constituer une menace constante. En particulier, l’alpiste roseau (Phalaris arundinacea), l’agrostide stolonifère (Agrostis stolonifera) et le laiteron des champs (Sonchus arvensis) sont communs et continuent de dominer dans les milieux riverains du sud de la vallée de l’Okanagan. Des travaux d’élimination des mauvaises herbes financés par le Programme d’intendance de l’habitat (PIH) se sont concentrés sur les endroits où l’on trouve des espèces rares, mais le risque pour la population persistera si l’on ne continue pas de combattre les graminées envahissantes. La forme introduite du roseau commun (Phragmites australis) dans la région pourrait constituer une menace future (COSEWIC, 2009). Dans tous les cas, l’intense concurrence pour les ressources pourrait limiter la germination et la persistance de l’éléocharide géniculée. Il s’agit d’une menace d’impact élevé qui pèse actuellement sur l’espèce et qui augmentera à l’avenir.

L’objectif en matière de population et de répartition pour l’éléocharide géniculée, population des montagnes du Sud, consiste à maintenir sa répartition et à maintenir ou (lorsque cela est réalisable et approprié) à accroître l’abondance de la population existante dans son aire de répartition actuelle ainsi que de toute nouvelle population qui serait découverte dans le futur.

Le COSEPAC a désigné l’éléocharide géniculée, population des montagnes du Sud, comme étant « en voie de disparition » parce qu’il n’en existe qu’une seule population qui occupe une superficie très limitée (1 200 m2) et qui est vulnérable aux phénomènes stochastiques et aux impacts de la propagation de graminées exotiques (COSEWIC, 2009). L’espèce est également menacée par l’augmentation future du développement résidentiel et la perturbation par des activités récréatives. Bien que des mesures puissent être prises pour atténuer bon nombre des menaces qui pèsent sur l’espèce, elle restera probablement en péril au Canada compte tenu de sa répartition historique et de la quantité limitée d’habitat convenable qui reste. Les travaux de rétablissement actuels sont axés sur le maintien de la seule population existante connue en Colombie Britannique. Si d’autres populations naturelles étaient découvertes ou redécouvertes, il faudra également les maintenir.

La tendance de l’abondance de la population (incluant la direction et le taux de variation) est inconnue. Comme on n’a pas effectué d’estimations uniformes de la population, il n’existe aucune analyse de ses tendances à long terme. Selon le COSEPAC (COSEWIC, 2009), aucun changement significatif n’a été constaté entre les estimations de 2005 et de 2007, soit environ 10 000 individus occupant une superficie de 1 200 m². Toutefois, en 2014, on n’a observé que des « individus épars peu nombreux ». Il est important de noter, aux fins de suivi et/ou d’estimation futurs des tendances, qu’il est normal que l’abondance de la population de cette espèce annuelle fluctue d’une année de relevé à l’autre. Si les meilleures données accessibles et/ou le suivi à long terme indiquaient un déclin général de la population, il faudrait envisager de tenter d’en accroître l’abondance (p. ex. par ensemencement ou changement dans la gestion de l’utilisation des terres).

La population en Colombie Britannique est protégée dans une zone clôturée. Les gestionnaires des terres concernés ont soutenu les travaux de conservation financés par le PIH qui ont été effectués à ce site (2004 2007). La majeure partie des travaux a consisté à éliminer les plantes envahissantes, particulièrement aux sites où l’on a trouvé des espèces végétales rares. Des panneaux indiquant la présence d’espèces rares dans le secteur ont été placés sur la rive dans la zone protégée (COSEWIC, 2009).

Tableau 3. Tableau de planification du rétablissement de l’éléocharide géniculée, population des montagnes du Sud.
Menace ou élément limitatif Prioritéh Stratégie générale pour le rétablissement Description générale des approches de recherche et de gestion
Lacune dans les connaissances Essentielle Recherche
  • Effectuer un examen taxinomique des spécimens d’éléocharide géniculée, population des montagnes du Sud, recueillis au seul site connu (du coté est du lac Osoyoos) pour confirmer que l’espèce a été correctement identifiée.
Lacune dans les connaissances Essentielle Relevé
  • Effectuer des relevés ciblés dans les zones d’habitat convenable à proximité de la population d’éléocharide géniculée des montagnes du Sud dans le sud de la vallée de l’Okanagan afin de trouver d’éventuelles nouvelles populations.
UICN 8.1 Espèces exotiques envahissantes Essentielle Protection et intendance de l’habitat
  • Continuer la gestion bénéfique des plantes exotiques envahissantes.
  • Collaborer avec les gestionnaires des terres concernés à l’élaboration et à la mise en œuvre de pratiques exemplaires de gestion des plantes exotiques envahissantes.
UICN 1.1 Développement résidentiel et UICN 6.1 Activités récréatives Nécessaire Protection et intendance de l’habitat
  • Élaborer un plan d’aménagement du territoire pour éviter les zones écosensibles et éliminer la menace de développement résidentiel futur ou réduire la menace de perturbation par les activités récréatives.
  • Consulter les gestionnaires des terres concernés sur la meilleure façon d’assurer ce soutien.
UICN 7.2 Barrages et gestion de l’eau Bénéfique Suivi et recherche
  • Évaluer l’effet de la régularisation du niveau d’eau sur la population et la répartition de l’éléocharide géniculée et sur d’autres espèces en péril qui utilisent des habitats semblables dans la vallée de l’Okanagan.
  • Consulter des membres de l’Okanagan Basin Water Board pour obtenir des conseils sur la façon dont cette évaluation peut compléter les initiatives existantes.

h « Priorité » reflète l’ampleur dans laquelle la stratégie générale contribue directement au rétablissement de l’espèce ou est un précurseur essentiel à une approche qui contribue au rétablissement de l’espèce.

En vertu de l’alinéa 41(1)c) de la LEP, les programmes de rétablissement doivent inclure une désignation de l’habitat essentiel de l’espèce, dans la mesure du possible, et des exemples d’activités susceptibles d’entraîner la destruction de cet habitat. Pour la désignation de l’habitat essentiel, il est de première importance de prendre en compte la superficie, la qualité et l’emplacement de l’habitat requis pour l’atteinte des objectifs en matière de population et de répartition.

L’habitat essentiel de l’éléocharide géniculée, population des montagnes du Sud, n’est pas désigné à l’heure actuelle. Un calendrier des études présenté plus bas décrit les activités requises pour désigner l’habitat essentiel aux fins de l’atteinte des objectifs en matière de population et de répartition. La désignation de l’habitat essentiel sera mise à jour quand on disposera des données nécessaires pour le faire, soit dans une mise à jour du programme de rétablissement, soit dans un ou plusieurs plans d’action.

Le calendrier des études suivant (tableau 4) présente les activités requises pour désigner l’habitat essentiel de l’éléocharide géniculée, population des montagnes du Sud, au Canada.

Tableau 4. Calendrier des études pour la désignation de l’habitat essentiel de l’éléocharide géniculée, population des montagnes du Sud.
Description de l’activité Justification Échéancier
Collaborer avec les organisations concernées pour désigner l’habitat essentiel de l’éléocharide géniculée, population des montagnes du Sud, au lac Osoyoos. Cette activité est requise afin de désigner suffisamment d’habitat essentiel pour atteindre les objectifs visés en matière de population et de répartition. 2018-2023

Les indicateurs de rendement présentés ci-dessous proposent un moyen de définir et de mesurer les progrès vers l’atteinte des objectifs en matière de population et de répartition.

Les mesures doivent tenir compte des fluctuations annuelles et des variations connexes des résultats de suivi annuels, c.-à-d. que les tendances des estimations annuelles doivent être évaluées sur une période prolongée, par exemple, sur une période de cinq ans (2018-2023).

Un ou plusieurs plans d’action visant l’éléocharide géniculée, population des montagnes du Sud, seront publiés dans le Registre public des espèces en péril d’ici 2023.

Une évaluation environnementale stratégique (EES) est effectuée pour tous les documents de planification du rétablissement en vertu de la LEP, conformément à la Directive du Cabinet sur l’évaluation environnementale des projets de politiques, de plans et de programmes. L’objet de l’EES est d’incorporer les considérations environnementales à l’élaboration des projets de politiques, de plans et de programmes publics pour appuyer une prise de décisions éclairée du point de vue de l’environnement, et d’évaluer si les résultats d’un document de planification du rétablissement peuvent affecter un élément de l’environnement ou tout objectif ou cible de la Stratégie fédérale de développement durable (SFDD).

La planification du rétablissement vise à favoriser les espèces en péril et la biodiversité en général. Il est cependant reconnu que des programmes peuvent, par inadvertance, produire des effets environnementaux qui dépassent les avantages prévus. Le processus de planification fondé sur des lignes directrices nationales tient directement compte de tous les effets environnementaux, notamment des incidences possibles sur des espèces ou des habitats non ciblés. Les résultats de l’EES sont directement inclus dans le programme lui-même, mais également résumés dans le présent énoncé, ci dessous.

L’éléocharide géniculée, population des montagnes du Sud, est présente dans le sud de la région intérieure de la Colombie Britannique, dans un habitat semblable à ceux d’autres plantes de rivage de la région qui sont désignées espèces en péril. Par exemple, le rotala rameux (Rotala ramosior), l’ammannie robuste (Ammannia robusta), l’aster des terrains alcalins (Symphyotrichum frondosum) et le lipocarphe à petites fleurs (Lipocarpha micrantha), qui sont tous inscrits à l’annexe 1 de la LEP, sont également présents autour du lac Osoyoos, dans la vallée de l’Okanagan. Ces secteurs abritent aussi les plantes rares en Colombie Britannique suivantes : souchet courbé (Cyperus squarrosus), euphorbe à feuilles de serpolet (Chamaesyce serpyllifolia ssp. serpyllifolia) et éléocharide à petit bec (Eleocharis rostellata). Les activités de planification du rétablissement de l’éléocharide géniculée tiendront compte de toutes les autres espèces qui coexistent avec elle, en particulier les espèces en péril, afin d’éviter ou de réduire au minimum les répercussions négatives sur ces espèces et leur habitat.

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