Caribou (Rangifer tarandus) population de la toundra, évaluation et rapport de situation du COSEPAC 2016 : chapitre 2

Résumé technique - population de la toundra

Nom scientifique:
Rangifer tarandus
Nom anglais:
Caribou, Barren-ground population (Designatable Unit 3)
Nom français:
Caribou, population de la toundra (unité désignable 3)
Répartition au Canada (province/territoire/océan):
Territoires du Nord Ouest, Nunavut, Yukon, Saskatchewan, Manitoba, Alberta

Données démographiques

Données démographiques
Sujet Information
Durée d’une génération
(Calculée selon les lignes directrices de l’UICN [2008])
De 8 à 9 ans
Y a-t-il un déclin continu prévu du nombre total d’individus matures? Oui
Pourcentage estimé de déclin continu du nombre total d’individus matures sur deux générations. Inconnu
Pourcentage estimé de réduction du nombre total d’individus matures au cours des trois dernières générations. Estimé à 57 % pour sept sous-populations qui présentent suffisamment de données pour qu’on puisse quantifier les tendances et qui représentent environ 70 % de la population actuelle totale
Pourcentage présumé d’augmentation du nombre total d’individus matures au cours des trois prochaines générations. Inconnu, mais selon la dynamique passée, l’effectif pourrait augmenter sur trois générations là où des fluctuations marquées de l’abondance ont été documentées dans certaines sous-populations. Il existe toutefois une incertitude en ce qui concerne cette prévision en raison des changements cumulatifs continus dans l’environnement et du niveau de réussite inconnu des mesures de gestion.
Pourcentage estimé de réduction du nombre total d’individus matures au cours de toute période de trois générations commençant dans le passé et se terminant dans le futur. ~ 57 %
Est-ce que les causes du déclin sont clairement réversibles et comprises et ont effectivement cessé? Les causes des déclins sont complexes et ne sont pas bien comprises.
Les causes sont réversibles? Peut-être.
Les causes ont cessé? Non.
Y a-t-il des fluctuations extrêmes du nombre d’individus matures (ordre de grandeur > 1)? Données insuffisantes pour l’évaluation

Information sur la répartition

Information sur la répartition
Sujet Information
Superficie estimée de la zone d’occurrence 4 253 842 km2
Indice de zone d’occupation (IZO) [Fournissez toujours une valeur établie à partir d’une grille à carrés de 2 km de côté] 247 840 km2 (aires de mise bas; indice calculé seulement pour huit sous-populations présentant des données suffisantes)
La population totale est-elle gravement fragmentée? Non
Nombre de localités Inconnu, mais certainement supérieur à 14
Y a-t-il un déclin continu observé de la zone d’occurrence? La zone d’occurrence fluctue avec l’abondance, et les aires annuelles récentes pour certaines sous-populations sont donc réduites par rapport au pic d’abondance observé dans les années 1990.
Y a-t-il un déclin continu observé de l’indice de zone d’occupation? La taille de l’aire de répartition varie en fonction de l’abondance, et les aires annuelles récentes pour certaines sous-populations sont donc réduites par rapport au pic d’abondance observé dans les années 1990.
Y a-t-il un déclin continu observé du nombre de populations? Jusqu’à trois sous-populations pourraient être disparues au cours des trois dernières générations.
Y a-t-il un déclin continu observé du nombre de localités? Incertain
Y a-t-il un déclin continu observé de la superficie de l’habitat? Oui
Y a-t-il des fluctuations extrêmes du nombre de populations? Non
Y a-t-il des fluctuations extrêmes du nombre de localités? Non
Y a-t-il des fluctuations extrêmes de la zone d’occurrence? Non
Y a-t-il des fluctuations extrêmes de l’indice de zone d’occupation? Non

Nombre d’individus matures* dans chaque sous-population

Nombre d’individus matures* dans chaque sous-population
Sous-population (année du relevé le plus récent) Nombre d’individus matures
1. Porcupine (2013) 197 000
2. Péninsule de Tuktoyaktuk (2015) 1 701
3. Cap Bathurst (2015) 2 259
4. Bluenose Ouest (2015) 15 268
5. Bluenose Est (2015) 38 592
6. Bathurst (2015) 19 769
7 (8). Beverly/Ahiak (2011) 195 529
9 et 10. Lorillard + baie Wager (2002) 41 000
11. Presqu’île de Boothia (1995) 6 658
12. Qamanirjuaq (2014) 264 661
13. Île Southampton (2015) 12 297
14. Île Coats (1991) 500
15. Île de Baffin (2014) 4 856
Total (extrapolé à partir des estimations et des tendances jusqu’en 2015) ~ 800 000

* Les estimations de la population englobent tous les individus.

Analyse quantitative

Analyse quantitative
Sujet Information
La probabilité de disparition de l’espèce à l’état sauvage est d’au moins 20 % sur 5 générations.
(Analyses de la viabilité de la population [AVP] non disponibles)
Analyse non réalisée.
   

Menaces (réelles ou imminentes pour les populations ou leur habitat)

Menaces (réelles ou imminentes pour les populations ou leur habitat)
Sujet Information
  • Perturbations causées par les activités humaines
  • Changements de l’habitat et des conditions météorologiques induits par le climat
  • Chasse excessive
  • Prédation
  • Agents pathogènes et insectes (menace qui pourrait augmenter avec un climat plus chaud)
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Immigration de source externe (immigration de l’extérieur du Canada)

Immigration de source externe (immigration de l’extérieur du Canada)
Sujet Information
Situation des populations de l’extérieur Trois sous-populations en Alaska pourraient faire partie de cette UD, mais n’ont pas fait l’objet d’une évaluation. Les trois sont actuellement en déclin.
Une immigration a-t-elle été constatée ou est-elle possible? Non constatée, mais peu probable
Des individus immigrants seraient-ils adaptés pour survivre au Canada? Oui
Y a-t-il suffisamment d’habitat disponible au Canada pour les individus immigrants? Oui
La possibilité d’une immigration depuis des populations externes existe-t-elle? Non

Nature délicate de l’information sur l’espèce

Nature délicate de l’information sur l’espèce
Sujet Information
L’information concernant l’espèce est-elle de nature délicate? Non

Historique du statut

Historique du statut
Sujet Information
COSEPAC : Espèce désignée « menacée » en novembre 2016.
   

Statut et justification de la désignation

Statut et justification de la désignation
Sujet Information
Statut Menacée
Code alphanumérique Correspond aux critères de la catégorie « espèce en voie de disparition », A2acd+4acd, mais est désignée comme étant menacée, car ne semble pas faire face de façon imminente à un risque de disparaître de la planète ou du pays.
Justification de la désignation Les individus de cette population donnent naissance à ses petits dans la toundra arctique ouverte, et la plupart des sous-populations (hardes) hivernent dans de vastes forêts subarctiques. Bien connue pour ses grands regroupements, ses longues migrations, et son importante valeur culturelle et sociale pour les peuples autochtones du Nord et autres Canadiens, ses 14 ou 15 sous-populations se trouvent du nord-est de l’Alaska à l’ouest de la baie d’Hudson et sur l’île de Baffin. Comptant plus de 2 millions d’individus au début des années 1990, la population actuelle est estimée à environ 800 000 individus. La plupart des sous-populations ont connu un déclin dramatique, mais deux d’entre elles sont en croissance, incluant la harde de caribous de la Porcupine. Pour 70 % de la population qui présentent suffisamment de données pour quantifier les tendances, le déclin est estimé à 56 % au cours des trois dernières générations (depuis 1989), dont plusieurs des plus grandes hardes ayant fait l’objet, depuis leurs effectifs les plus élevés, d’un déclin supérieur à 80 %. Les données de relevés disponibles pour un autre 25 % de la population totale indiquent également des déclins. Des indications obtenues des peuples autochtones locaux et des études scientifiques portent à croire que les effectifs de la plupart des hardes ont subi des fluctuations naturelles par le passé; cependant, les données démographiques disponibles n’indiquent aucun signe de rétablissement rapide en ce moment, et les menaces cumulatives sont sans précédent historique. Le statut répond aux critères de la catégorie « en voie de disparition » en raison d’une réduction des effectifs supérieure ou égale à 50 %, mais la catégorie « menacée » est recommandée car, dans l’ensemble, cette population ne semble pas faire face actuellement à une disparition imminente. Malgré des déclins inquiétants dans la majeure partie de l’aire de répartition, l’abondance numérique actuelle de la harde de caribous de la Porcupine et la prise de nombreuses mesures de gestion par les gouvernements, les conseils de gestion des ressources fauniques, et les communautés appuient la catégorie « menacée » en tant qu’un statut de conservation plus approprié. La situation de ces sous-populations devra faire l’objet d’un étroit suivi et pourrait justifier une réévaluation d’ici cinq ans.

Applicabilité des critères

Applicabilité des critères
Sujet Information
Critère A (déclin du nombre total d’individus matures) Correspond aux critères de la catégorie « espèce en voie de disparition », A2acd, compte tenu d’un déclin sur trois générations estimé à 56 % pour 70 % de la population (d’après les relevés aériens [a], avec un déclin de la qualité de l’habitat [c] et une exploitation [d] contribuant également au déclin de la population), et du fait qu’un autre quart de la population connaît des déclins non quantifiés; les tendances pour les 5 % restants sont inconnues. Correspond également aux critères A4acd (passé et futur), puisqu’un certain déclin continu est prévu en fonction des données démographiques actuelles et des menaces permanentes.
Critère B (petite aire de répartition, et déclin ou fluctuation) Sans objet
Critère C (nombre d’individus matures peu élevé et en déclin) Sans objet
Critère D (très petite population totale ou répartition restreinte) Sans objet
Critère E (analyse quantitative) Sans objet

Préface

Plusieurs unités désignables (ci-après nommées UD et anciennement appelées « populations ») de caribous (Rangifer tarandus) ont été évaluées plus d’une fois par le COSEPAC (COSEWIC, 2002; 2004; 2014a; 2014b; 2016). Toutes ces UD sont inscrites à l’annexe 1 de la Loi sur les espèces en péril (LEP). Le présent rapport de situation sur le caribou de la toundra (UD 3) suit une analyse de la structure des unités désignables du caribou au Canada entreprise par le COSEPAC à titre de projet spécial (COSEWIC, 2011) visant à définir les UD pour les futures évaluations et réévaluations de la situation de cette espèce en fonction des lignes directrices les plus récentes (COSEWIC, 2015). En Amérique du Nord, la taxinomie la plus usuelle (Banfield, 1961) comprend quatre sous-espèces indigènes existantes et une sous-espèce disparue; cette taxinomie est toutefois désuète et ne rend pas compte de la variabilité du caribou dans l’ensemble de son aire de répartition au Canada. D’après les critères du COSEPAC touchant le caractère distinct et le caractère important (COSEWIC, 2015), le caribou de la toundra a été reconnu comme étant une UD (COSEWIC, 2011) et est évalué ici pour la première fois.

Le présent rapport de situation a bénéficié de l’ébauche simultanée d’un rapport de situation en cours d’élaboration aux fins d’évaluation en vertu de la Loi sur les espèces en péril des Territoires du Nord-Ouest (SARC, 2016). La section sur les connaissances traditionnelles de ce rapport a constitué une source particulièrement importante de connaissances traditionnelles autochtones (CTA), tout comme les résultats des audiences tenues sur les différentes sous-populations de caribous et des mesures de conservation prises par les Territoires du Nord-Ouest et le Nunavut. Le présent rapport comprend également des mises à jour fondées sur les connaissances écologiques traditionnelles recueillies auprès de sources autochtones et métisses et résumées par le Sous-comité des connaissances traditionnelles autochtones du COSEPAC. Ces sources ont été compilées et évaluées dans un rapport source et un rapport d’évaluation des CTA sur les caribous.

Une carte des noms géographiques mentionnés dans le présent rapport figure à l’annexe A.

Historique du COSEPAC

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a été créé en 1977, à la suite d’une recommandation faite en 1976 lors de la Conférence fédérale-provinciale sur la faune. Le Comité a été créé pour satisfaire au besoin d’une classification nationale des espèces sauvages en péril qui soit unique et officielle et qui repose sur un fondement scientifique solide. En 1978, le COSEPAC (alors appelé Comité sur le statut des espèces menacées de disparition au Canada) désignait ses premières espèces et produisait sa première liste des espèces en péril au Canada. En vertu de la Loi sur les espèces en péril (LEP) promulguée le 5 juin 2003, le COSEPAC est un comité consultatif qui doit faire en sorte que les espèces continuent d’être évaluées selon un processus scientifique rigoureux et indépendant.

Mandat du COSEPAC

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) évalue la situation, au niveau national, des espèces, des sous-espèces, des variétés ou d’autres unités désignables qui sont considérées comme étant en péril au Canada. Les désignations peuvent être attribuées aux espèces indigènes comprises dans les groupes taxinomiques suivants : mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens, poissons, arthropodes, mollusques, plantes vasculaires, mousses et lichens.

Composition du COSEPAC

Le COSEPAC est composé de membres de chacun des organismes responsables des espèces sauvages des gouvernements provinciaux et territoriaux, de quatre organismes fédéraux (le Service canadien de la faune, l’Agence Parcs Canada, le ministère des Pêches et des Océans et le Partenariat fédéral d’information sur la biodiversité, lequel est présidé par le Musée canadien de la nature), de trois membres scientifiques non gouvernementaux et des coprésidents des sous-comités de spécialistes des espèces et du sous-comité des connaissances traditionnelles autochtones. Le Comité se réunit au moins une fois par année pour étudier les rapports de situation des espèces candidates.

Définitions (2016)

Espèce sauvage
Espèce, sous-espèce, variété ou population géographiquement ou génétiquement distincte d’animal, de plante ou d’un autre organisme d’origine sauvage (sauf une bactérie ou un virus) qui est soit indigène du Canada ou qui s’est propagée au Canada sans intervention humaine et y est présente depuis au moins cinquante ans.
Disparue (D)
Espèce sauvage qui n’existe plus.
Disparue du pays (DP)
Espèce sauvage qui n’existe plus à l’état sauvage au Canada, mais qui est présente ailleurs.
En voie de disparition (VD)
(Remarque : Appelée « espèce disparue du Canada » jusqu’en 2003.)
Espèce sauvage exposée à une disparition de la planète ou à une disparition du pays imminente.
Menacée (M)
Espèce sauvage susceptible de devenir en voie de disparition si les facteurs limitants ne sont pas renversés.
Préoccupante (P)
(Remarque : Appelée « espèce en danger de disparition » jusqu’en 2000.)
Espèce sauvage qui peut devenir une espèce menacée ou en voie de disparition en raison de l'effet cumulatif de ses caractéristiques biologiques et des menaces reconnues qui pèsent sur elle.
Non en péril (NEP)
(Remarque : Appelée « espèce rare » jusqu’en 1990, puis « espèce vulnérable » de 1990 à 1999.)
Espèce sauvage qui a été évaluée et jugée comme ne risquant pas de disparaître étant donné les circonstances actuelles.
Données insuffisantes (DI)
(Remarque :Autrefois « aucune catégorie » ou « aucune désignation nécessaire ».)
Une catégorie qui s’applique lorsque l’information disponible est insuffisante (a) pour déterminer l’admissibilité d’une espèce à l’évaluation ou (b) pour permettre une évaluation du risque de disparition de l’espèce.

Remarque : Catégorie « DSIDD » (données insuffisantes pour donner une désignation) jusqu’en 1994, puis « indéterminé » de 1994 à 1999. Définition de la catégorie (DI) révisée en 2006.

Le Service canadien de la faune d’Environnement et Changement climatique Canada assure un appui administratif et financier complet au Secrétariat du COSEPAC.

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