Fissident appauvri (Fissidens pauperculus) : évaluation et rapport de situation du COSEPAC 2001
Espèce en voie de disparition – 2001
Table des matières
- COSEPAC – Sommaire de l’évaluation
- COSEPAC – Résumé
- Information sur l’espèce
- Répartition
- Habitat
- Biologie
- Taille et tendances de la population
- Facteurs limitatifs et menaces
- Importance de l’espèce
- Évaluation et statut proposé
- Résumé technique
- Remerciements
- Ouvrages cités
- Sommaire biographique du rédacteur du rapport
- Experts contactés
- Collections examinées
Liste des figures
- Figure 1. Morphologie du Fissidens pauperculus
- Figure 2. Aire de répartition du Fissidens pauperculus en Amérique du Nord
- Figure 3. Habitat général du Fissidens pauperculus dans le parc Lynn Canyon
- Figure 4. Gros plan du microhabitat du Fissidens pauperculus dans le parc Lynn Canyon
- Figure 5. Habitat du Fissidens pauperculus dans le parc Lynn Canyon
Liste des tableaux
Les rapports de situation du COSEPAC sont des documents de travail servant à déterminer le statut des espèces sauvages que l’on croit en péril. Le présent rapport peut être cité de la manière suivante :
Nota : Toute personne souhaitant citer l’information contenue dans le rapport doit indiquer le rapport comme source (et en citer l’auteur); toute personne souhaitant citer le statut attribué par le COSEPAC doit indiquer l’évaluation comme source (et citer le COSEPAC). Une note de production sera fournie si des renseignements supplémentaires sur l’évolution du rapport de situation sont requis.
COSEPAC. 2001. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur le Fissident appauvri (Fissidens pauperculus) au Canada. Comité sur la situation des espèces en péril au Canada. Ottawa. vi + 17 p.
Belland, R. 2001. Rapport de situation du COSEPAC sur le Fissident appauvri (Fissidens pauperculus) au Canada. Comité sur la situation des espèces en péril au Canada. Ottawa. 1-17 p.
Pour obtenir des exemplaires supplémentaires, s’adresser au :
Secrétariat du COSEPAC
a/s Service canadien de la faune
Environnement Canada
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K1A 0H3
Tél. : 819-997-4991 / 819-953-3215
Téléc. : 819-994-3684
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Photographie de la couverture :
Fissident appauvri -- ©René J. Belland.
©Sa Majesté la Reine du chef du Canada, 2011.
No. de catalogue CW69-14/641-2001F-PDF
ISBN 978-1-100-97426-2
Sommaire de l’évaluation
Sommaire de l’évaluation - Novembre 2001
Nom commun
Fissident appauvri
Nom scientifique
Fissidens pauperculus
Statut
Espèce en voie de disparition
Justification de la désignation
Cette espèce endémique de l’Amérique du Nord se trouve dans plusieurs États du Pacifique et dans seulement un site isolé dans le Sud de la Colombie-Britannique, où elle se trouve sous forme d’un seul petit bouquet et de quelques toutes petites touffes de plantes adjacentes dans un cours d’eau et où elle est en péril à cause de la perturbation anthropique et d’événements fortuits.
Répartition canadienne
Colombie-Britannique
Historique du statut
Espèce désignée « en voie de disparition » en novembre 2001.
Fissident appauvri
Fissidens pauperculus
Information sur l’espèce
Le Fissidens pauperculus est une mousse se distinguant par sa taille minuscule et par ses feuilles presque entières à irrégulièrement crénelées, sans bande marginale, à nervure forte mais se terminant bien en bas de l’apex et à sommet aigu à courtement acuminé.
Répartition
Le Fissidens pauperculus est endémique à l’ouest de l’Amérique du Nord. La partie principale de son aire de répartition se trouve en Californie et dans le sud-ouest de l’Orégon. L’espèce présente également des occurrences isolées dans le nord-ouest de l’État de Washington et le sud-ouest de la Colombie-Britannique.
Habitat
Dans son unique localité canadienne, le Fissidens pauperculus pousse sur un affleurement de limon humide situé dans le lit d’un petit ruisseau saisonnier, à l’intérieur d’une forêt de douglas et de pruche de l’Ouest. Dans la partie principale de son aire, l’espèce est associée à des forêts de séquoia côtier.
Biologie
On sait peu de choses sur la biologie du Fissidens pauperculus. L’espèce est monoïque et produit régulièrement des spores dans sa localité canadienne. Elle pourrait donc se disperser vers les milieux propices situés à proximité.
Taille et tendances de la population
Aucune information n’est disponible sur les tendances de la seule population canadienne. Selon les connaissances actuelles, cette population est constituée d’une seule colonie occupant environ 625 cm2.
Facteurs limitatifs et menaces
On ne sait pas quels facteurs ont un effet limitatif sur le Fissidens pauperculus. La population canadienne de l’espèce se trouve dans une zone protégée, mais elle pourrait être menacée par les travaux d’entretien des sentiers et par des phénomènes de nature stochastique notamment liés aux changements climatiques.
Importance de l’espèce
Au Canada, le Fissidens pauperculus a été signalé dans une seule localité. L’espèce est également rare dans l’ensemble de l’Amérique du Nord, où elle est endémique et où son aire de répartition se limite à la Californie, à l’Orégon, à l’État de Washington et à la Colombie-Britannique.
Mandat du COSEPAC
Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) détermine la situation, à l'échelle nationale, des espèces, sous-espèces, variétés et populations (importantes à l'échelle nationale) sauvages jugées en péril au Canada. Les désignations peuvent être attribuées aux espèces indigènes des groupes taxinomiques suivants : mammifères, oiseaux, amphibiens, reptiles, poissons, mollusques, lépidoptères, plantes vasculaires, lichens et mousses.
Composition du COSEPAC
Le COSEPAC est formé de représentants des organismes provinciaux et territoriaux responsables des espèces sauvages, de quatre organismes fédéraux (Service canadien de la faune, Agence Parcs Canada, ministère des Pêches et des Océans et Partenariat fédéral en biosystématique) et de trois organismes non gouvernementaux, ainsi que des coprésidents des groupes de spécialistes des espèces. Le Comité se réunit pour examiner les rapports sur la situation des espèces candidates.
Définitions
Espèce
Toute espèce, sous-espèce, variété ou population indigène de faune ou de flore sauvage géographiquement définie.
Espèce disparue (D)
Toute espèce qui n'existe plus.
Espèce disparue du Canada (DC)
Toute espèce qui n'est plus présente au Canada à l'état sauvage, mais qui est présente ailleurs.
Espèce en voie de disparition (VD)
Toute espèce exposée à une disparition ou à une extinction imminente.
Espèce menacée (M)
Toute espèce susceptible de devenir en voie de disparition si les facteurs limitants auxquels elle est exposée ne sont pas inversés.
Espèce préoccupante (P)*
Toute espèce qui est préoccupante à cause de caractéristiques qui la rendent particulièrement sensible aux activités humaines ou à certains phénomènes naturels.
Espèce non en péril (NEP)**
Toute espèce qui, après évaluation, est jugée non en péril.
Données insuffisantes (DI)***
Toute espèce dont le statut ne peut être précisé à cause d'un manque de données scientifiques.
* Appelée « espèce rare » jusqu'en 1990, puis « espèce vulnérable » de 1990 à 1999.
** Autrefois « aucune catégorie » ou « aucune désignation nécessaire »
*** Catégorie « DSIDD » (données insuffisantes pour donner une désignation) jusqu'en 1994, puis « indéterminé » de 1994 à 1999.
Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a été créé en 1977, à la suite d'une recommandation faite en 1976 lors de la Conférence fédérale-provinciale sur la faune. Le Comité avait pour mandat de réunir les espèces sauvages en péril sur une seule liste nationale officielle, selon des critères scientifiques. En 1978, le COSEPAC (alors appelé CSEMDC) désignait ses premières espèces et produisait sa première liste des espèces en péril au Canada. Les espèces qui se voient attribuer une désignation au cours des réunions du comité plénier sont ajoutées à la liste.
Le Service canadien de la faune d'Environnement Canada assure un appui administratif et financier complet au Secrétariat du COSEPAC.
Rapport de situation du COSEPAC sur le Fissident appauvri Fissidens pauperculus au Canada – 2001
Nom scientifique : Fissidens pauperculus Howe
Citation bibliographique : Erythea 2: 97, 1894.
Synonymes pertinents : Aucun
Nom français : Fissident appauvri (traduction du nom scientifique)
Nom anglais : Poor Pocket Moss (traduction du nom scientifique)
Famille : Fissidentacées
Grand groupe végétal : Mousses (Musci)
Le grand genre Fissidens compte plus de 850 espèces dans le monde entier. Au Canada, il est représenté par 16 espèces (Ireland et al., 1987), dont 9 se rencontrent en Colombie-Britannique.
Plante entière – minuscule, longue de 1,5 à 2 mm, couchée à décombante, formant des groupes lâches.
Feuilles – au nombre de 3 à 5 paires, changeant peu d’aspect selon que la plante est sèche ou humide; feuilles supérieures mesurant 1,5-2,3 mm × 0,3-0,4 mm, oblongues-ligulées, à lame engainante (lame fortement repliée) mesurant ½ à b de la longueur de la feuille; sommet aigu à courtement acuminé; marge presque entière à irrégulièrement crénulée vers le sommet; bande marginale absente ou constituée de seulement 1 ou 2 rangs de petites cellules; nervure forte, disparaissant 8 à 10 cellules sous l’apex.
Cellules supérieures des feuilles – irrégulièrement hexagonales, lisses, mesurant 9-10 μg × 10-40 μg, plus petites et arrondies vers la marge, plus grandes et oblongues-rectangulaires près de la nervure.
Soie – jaune, devenant rougeâtre avec l’âge, longue de 2-3 (5) mm.
Capsule – terminale, ovoïde à oblongue-ovoïde, inclinée à pendante; opercule conique-rostellé, de longueur atteignant presque celle de l’urne.
L’espèce est monoïque : les organes sexuels mâles et femelles sont présents sur le même individu.
Les feuilles d’aspect particulier, formées de 3 parties (lame engainante, lame apicale et lame dorsale), constituent un caractère distinctif du genre Fissidens. Le Fissidens pauperculus se distingue des autres espèces par sa taille minuscule et par ses feuilles sans bande marginale, à marge entière à irrégulièrement crénulée (en raison de l’extrémité proéminente des cellules), à sommet aigu et à nervure forte disparaissant 8 à 10 cellules sous l’apex (figure 1). Aucune autre espèce présente en Colombie-Britannique ne ressemble étroitement au F. pauperculus. Certaines populations de F. aphalotaxifolius ont déjà été prises pour des F. pauperculus, mais cette espèce diffère du F. pauperculus par sa taille, par son habitat et par la morphologie de ses feuilles, qui présentant une bande marginale bien définie.
Figure 1. Morphologie du Fissidens pauperculus. A. Cellules apicales de la feuille. Noter l’absence de nervure dans cette partie de la feuille. B. Cellules médianes de la feuille. Noter l’absence de bande marginale bien définie. C. Cellules basales de la feuille. D. Plante entière, avec sporophyte. Dessins tirés de Grout (1936).
Le Fissidens pauperculus compte une seule population connue au Canada. Cette population est située dans le parc Lynn Canyon, parc municipal géré par la Ville de North Vancouver.
Le Fissidens pauperculus est endémique à l’ouest de l’Amérique du Nord. L’aire de répartition principale de l’espèce se trouve en Californie et dans le sud-ouest de l’Orégon. L’espèce compte en outre quelques occurrences isolées dans le nord-ouest de l’État de Washington (comté de Clallam) et dans le sud-ouest de la Colombie-Britannique (figure 2). L’espèce est peu commune dans toute son aire de répartition, et elle a été signalée dans moins de 20 localités à l’échelle mondiale.
Au Canada, l’espèce a été signalée à un seul endroit, à North Vancouver, dans le sud-ouest de la Colombie-Britannique. Il n’existe aucune mention historique de l’espèce.
Aucune description détaillée de l’habitat du Fissidens pauperculus n’a été publiée. L’habitat de l’espèce est cependant mentionné dans quelques flores, dont celle de Lawton (1971), qui décrivait l’habitat (et le microhabitat) en ces termes (traduction de l’anglais) : « sur les escarpements de terre humide dénudée, où l’espèce pousse souvent avec le F. bryoides ». Les étiquettes des spécimens d’herbier fournissent plus de détails, comme en font foi les exemples suivants (traductions de l’anglais), venant tous de Californie : 1) escarpements de terre dans une petite vallée ombragée (comté de Marin); 2) terre dure et humide sous des séquoias (comté de San Mateo); 3) sur le sol à la base d’un Sequoia sempervirens (comté de Marin); 4) sur des billes (comté de Humboldt); 5) butte de terre sur un versant boisé (comté de San Mateo); 6) sol argileux dénudé, dans une forêt de séquoia coupée à blanc (comté de Humboldt); 7) terre dans une forêt de séquoia (comté de Santa Cruz). Dans la partie principale de son aire de répartition, située dans l’ouest de l’Amérique du Nord, l’espèce semble se rencontrer le plus souvent dans des forêts de séquoia côtier (Sequoia sempervirens).
Schofield (1968) ainsi que Krause et Schofield (1977) décrivent l’habitat de l’espèce, au parc Lynn Canyon, respectivement en ces termes (traductions de l’anglais) : « affleurement de limon dans un petit ruisseau saisonnier » et « escarpement de limon consolidé suintant ». Les étiquettes des spécimens d’herbier mentionnent en outre comme habitat : « limon d’une pente humide » et « affleurement de limon sur le versant d’un canyon ». Durant les travaux de terrain menés en 1999 et 2000, l’espèce a été observée sur un affleurement de limon, dans un petit ruisseau, à l’intérieur d’une forêt mûre de douglas (Pseudotsuga menziesii) et de pruche de l’Ouest (Tsuga heterophylla). Cet affleurement est mouillé par intermittence : il demeure généralement sec durant l’été, tandis que vers la fin de l’automne et en hiver il est irrigué par un ruissellement plus ou moins continu dû aux pluies hivernales que connaît la région (Koch, 1951). On trouvera aux figures 3 à 5 des photographies de l’habitat prises dans le parc Lynn Canyon.
Figure 2. Aire de répartition du Fissidens pauperculus en Amérique du Nord. Il s’agit en fait de l’aire de répartition mondiale de l’espèce. Certains des points situés aux États-Unis représentent deux occurrences.
La seule occurrence canadienne connue de l’espèce se trouve dans un parc municipal que la ville de North Vancouver gère à titre de parc naturel ouvert au public.
Figure 3. Habitat général du Fissidens pauperculus dans le parc Lynn Canyon. La flèche pointe vers la seule colonie de F. pauperculus. Le crayon-feutre visible en haut de la flèche donne une idée de l’échelle. Noter les débris (planches) visibles dans la partie supérieure de la photo.
Figure 4. Gros plan du microhabitat du Fissidens pauperculus dans le parc Lynn Canyon (voir figure 3). Le trait blanc entoure la seule colonie de F. pauperculus. Le crayon-feutre donne une idée de l’échelle.
Figure 5. Habitat du Fissidens pauperculus dans le parc Lynn Canyon. Photo prise à partir du sentier, montrant les restes d’un vieux pont piétonnier.
On ne dispose d’aucune information détaillée portant spécifiquement sur la reproduction du Fissidens pauperculus.
Comme chez toutes les mousses, la reproduction sexuée se fait à l’aide de spores produites à l’intérieur d’une structure spécialisée du sporophyte, appelée « sporange ». Le Fissidens pauperculus est une espèce monoïque pour laquelle les organes reproducteurs mâles et femelles se trouvent sur un même individu. Par rapport aux mousses dioïques (dont les organes mâles et femelles se trouvent sur des individus différents), les mousses monoïques produisent des spores beaucoup plus fréquemment, ce qui peut accroître la capacité de ces espèces à se disperser sur de grandes distances.
Il n’existe aucune mention publiée de reproduction asexuée chez le Fissidens pauperculus. Lorsque ce mode de reproduction est présent chez une espèce, on considère qu’il sert surtout à sa dispersion et à son établissement à l’échelle locale. Il est bien connu que de nombreuses espèces de mousses se reproduisent par voie asexuée au moyen de fragments détachés de feuilles ou d’autres organes ainsi qu’à l’aide de propagules spécialisées telles que les gemmules et les feuilles décidues. Bien qu’un tel mode de reproduction n’ait jamais été signalé chez le F. pauperculus, il est probable que cette espèce soit capable de se reproduire au moyen de fragments de plante.
Chez les mousses, les spores constituent le principal moyen de dispersion à grande distance et d’établissement dans de nouvelles régions. Dans sa seule localité canadienne, le Fissidens pauperculus produit des spores régulièrement (tableau 1). L’espèce y a été observée six fois, et dans cinq cas elle produisait des sporophytes.
Si jamais la population de la Colombie-Britannique venait à disparaître, une immigration de source externe à partir de populations situées plus au sud serait très improbable. La population située le plus près se trouve dans les monts Olympiques, dans l’État de Washington, à une distance d’environ 160 km, mais il s’agit d’une population isolée, qui a peu de chances de fournir suffisamment de propagules pour reconstituer la population canadienne. De plus, cette population est elle-même située à environ 700 km de la population suivante, située dans l’extrême sud-ouest de l’Orégon. Les 2 populations connues d’Orégon se trouvent à la limite nord de l’aire de répartition principale de l’espèce, dont la plus grande partie est située en Californie. Dans cet État, les populations de F. pauperculus sont dispersées à l’intérieur des forêts de séquoia côtier et sont pour la plupart séparées par des distances d’au moins 100 km.
Les notions d’individu et donc de la taille de la population sont difficiles à appliquer aux mousses, car la même touffe de mousses réunissant de nombreuses tiges peut avoir pour origine la germination d’une seule spore. Hallingbäck et al. (2000) ont recommandé de compter comme un individu chaque colonie de mousses bien délimitée, ce qui a été pris en compte dans le présent rapport.
Il n’existe aucune donnée sur les tendances de la population canadienne de Fissidens pauperculus (voir commentaires ci-dessous). Cependant, le site a été visité plusieurs fois au cours des 40 dernières années, et il s’avère que l’espèce y persiste depuis sa découverte initiale, en 1961. Elle y a été observée au moins 6 fois (tableau 1).
En avril 2000, W.B. Schofield a signalé que l’espèce était représentée par une seule colonie mesurant environ 625 cm2. Une visite faite en 2001 par le rédacteur du présent rapport a révélé que la population comptait en outre plusieurs individus éparpillés.
Il se peut que la population ait diminué depuis sa découverte. Krause et Schofield (1977) précisent que le F. pauperculus a été découvert sur un petit escarpement de limon surplombant le petit ruisseau. Or, ce microhabitat se trouve à moins de 2 mètres de l’affleurement de limon où l’espèce pousse aujourd’hui. W.B. Schofield (comm. pers., mars 2001) avait remarqué que l’espèce était disparue de l’escarpement par la suite. On ne sait pas si l’espèce poussait dans les 2 microhabitats au moment où elle a été signalée pour la première fois.
Au Canada, la perturbation due aux activités humaines constitue la principale menace pour le Fissidens pauperculus. L’espèce pousse dans une zone protégée, mais le site se trouve sur une pente escarpée située juste en bas d’un sentier abandonné. Une partie des planches ayant servi à construire un pont piétonnier à proximité ont été emportées par le courant et se trouvent maintenant tout près de la population. Si les autorités du parc décident de retirer ces débris, la population risque fortement d’être piétinée par les travailleurs et d’être ainsi décimée.
Les phénomènes de nature stochastique constituent également une menace importante à la persistance de l’espèce au Canada. Dans la région de Vancouver, où se trouve la population, les changements climatiques pourraient entraîner une succession de 2 ou 3 étés secs, ce qui risquerait de provoquer une dessiccation excessive du substrat dont a besoin la mousse. Cette sécheresse excessive entraînerait une exfoliation du substrat et finirait par éliminer le Fissidens pauperculus.
Le site du parc Lynn Canyon constitue la seule occurrence connue de l’espèce au Canada. De plus, l’espèce est rare en Amérique du Nord, où elle est endémique et limitée à la Californie, à l’Orégon, à l’État de Washington et à la Colombie-Britannique. À l’échelle mondiale, l’espèce a été observée dans moins de 20 localités.
À l’échelle mondiale, l’organisme The Nature Conservancy (TNC) a attribué au Fissidens pauperculus la cote G3? (le « ? » indique qu’il s’agit d’une cote provisoire). La cote G3 signifie que l’espèce compte entre 21 et 100 occurrences et peut être rare et localisée dans l’ensemble de son aire de répartition, ou avoir une aire limitée, mais demeurer abondante dans certaines localités. Les espèces cotées G3 peuvent être sujettes à disparaître à cause de perturbations sur une grande échelle. Bien que TNC ait attribué à l’espèce la cote provisoire G3?, le rédacteur du présent rapport n’a pas réussi à trouver plus de 20 occurrences, et on estime que l’espèce n’est présente que dans un nombre bien moindre de sites.
En Orégon, on a attribué à l’espèce la cote S1, qui signifie qu’elle compte tout au plus 5 occurrences, ou ne compte plus que quelques individus restants, et qu’elle peut être particulièrement sujette à disparaître à cause de certains facteurs liés à sa biologie.
En Colombie-Britannique, on a également attribué à l’espèce la cote S1. De plus, elle figure sur la « Liste rouge » énumérant les espèces et sous-espèces (taxons) indigènes que l’on croit disparues, en voie de disparition ou menacées à l’échelle de la Colombie-Britannique.
Selon les critères du COSEPAC, il faut attribuer au Fissidens pauperculus le statut d’espèce en voie de disparition, car sa population compte moins de 250 individus (critère D1). L’espèce est isolée par rapport à son aire de répartition principale, et elle est d’ailleurs rare dans l’ensemble de l’Amérique du Nord. Par conséquent, les possibilités d’une immigration de source externe sont très faibles. De plus, le F. pauperculus pousse dans un milieu exposé aux perturbations d’origine humaine et aux événements stochastiques.
Fissidens pauperculus
Fissident appauvri Poor Pocket Moss
Colombie-Britannique
Information sur la répartition
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Information sur la populations
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Analyse quantitative
Menaces (réelles ou imminentes pour les populations ou les habitats)
Immigration de source externe
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Le rédacteur du rapport aimerait remercier Wilfred B. Schofield, qui l’a accompagné sur le terrain et lui a permis d’emprunter des spécimens de l’herbier UBC.
Le présent rapport a été financé par le Service canadien de la faune d’Environnement Canada.
Grout, A.J. 1936. Moss Flora of North America north of Mexico, Volume 1, Part 1, Newfane (Vermont).
Hallingbäck, T., et N. Hodgetts. 2000. Status survey and conservation action plan for bryophytes – mosses, liverworts, and hornworts, IUCN/SSC Bryophyte Specialist Group, Cambridge, ROYAUME-UNI, 106 pages.
Ireland, R.R., G.R. Brassard, W.B. Schofield et D.H. Vitt. 1987. Checklist of the mosses of Canada II, Lindbergia 13 : 1-62.
Krause, G., et W.B. Schofield. 1977. The moss flora of Lynn Canyon Park, North Vancouver, British Columbia, Syesis 10 : 97-110.
Koch, L.F. 1951. Fissidens pauperculus Howe and Orthotrichum gracile Bruch & Schimper: mosses associated with the coast redwood forest, Science 114 : 571-572.
Lawton, E. 1971. Moss Flora of the Pacific Northwest, Hattori Botanical Laboratory, Nichinan, JAPON.
Schofield, W.B. 1968. Bryophytes of British Columbia I. Mosses of particular interest, Journal of the Hattori Botanical Laboratory 31 : 205-226.
René J. Belland (Ph.D), possède une vaste expérience des bryophytes de nombreuses régions du Canada. Pendant 14 ans, il a étudié sur le terrain les bryoflores de la région du golfe du Saint-Laurent. Il y a notamment réalisé une étude détaillée des espèces à répartition discontinue, et il a effectué le relevé et l’analyse de la bryoflore (y compris les espèces rares) de 8 parcs nationaux. Il a aussi étudié pendant plusieurs années les mousses de la Colombie-Britannique. Depuis 1993, M. Belland occupe un poste à l’Université d’Alberta, où il fait des recherches sur la biodiversité et travaille notamment à des modèles de biodiversité pour les Rocheuses albertaines et la Colombie-Britannique. De plus, il a étroitement collaboré avec l’Alberta Natural Heritage Information Centre, pour l’élaboration d’une liste provinciale des bryophytes à surveiller, ainsi qu’avec le COSEPAC et le Centre de données sur la conservation du Canada atlantique, pour divers projets reliés aux bryophytes.
René Belland est actuellement coprésident du Groupe de spécialistes des plantes vasculaires, des mousses et des lichens du COSEPAC. Il est également membre du Groupe de spécialistes des bryophytes de la Commission de la survie des espèces (SSC) de l’Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN). Il siège à titre de spécialiste pour l’Amérique du Nord au comité permanent des bryophytes en voie de disparition (Standing Committee for Endangered Bryophytes) de l’Association de bryologie, et il est membre du Sous-comité scientifique des espèces en voie de disparition de la province de l’Alberta.
Schofield, W.B., Professeur émérite, Départment of Botany, University of British Columbia, Vancouver (Colombie-Britannique) – expert de la bryologie de la Colombie-Britannique et auteur de la découverte du Fissidens pauperculus dans cette province.
Purcell, R.A., Professeur, The Pennsylvania State University, University Park (Pennsylvanie), Expert de la taxonomie du genre Fissidens.
Lynn Creek Canyon, North Vancouver, 14 juin 1961. W.B. Schofield 14539 (UBC).
Lynn Creek, N. Vancouver, 5 mars 1964. W.B. Schofield 22607 (UBC).
Lynn Creek Canyon, North Vancouver, 27 août 1970. W.B. Schofield 43098 (UBC).
Lynn Canyon Park, North Vancouver, 22 mars 1992. W.B. Schofield.
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