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Programme de rétablissement du lépisosté tacheté (Lepisosteus oculatus) au Canada

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2.7 Habitat essentiel

2.7.1 Désignation de l’habitat essentiel du lépisosté tacheté

La désignation de l’habitat essentiel des espèces menacées et en voie de disparition (annexe 1) est une exigence de la LEP. Une fois cet habitat désigné, certaines dispositions de la LEP s’appliquent pour protéger l’habitat essentiel. L’habitat essentiel est défini comme suit en vertu du paragraphe 2(1) de la LEP :

« ... l’habitat nécessaire à la survie ou au rétablissement d’une espèce sauvage inscrite, qui est désigné comme tel dans un programme de rétablissement ou un plan d’action élaboré à l’égard de l’espèce » [par. 2(1)].

La LEP définit également l’habitat d’une espèce aquatique en péril comme étant :

            « les frayères, aires d’alevinage, de croissance et d’alimentation et routes migratoires dont sa survie dépend, directement ou indirectement, ou aires où elle s’est déjà trouvée et où il est possible de la réintroduire. » [par. 2(1)].

Pour ce qui est du lépisosté tacheté, l’habitat essentiel a été désigné dans la mesure du possible au moyen de la meilleure information disponible. L’habitat essentiel désigné dans le présent programme de rétablissement décrit les zones géospatiales dans lesquelles l’habitat nécessaire à la survie ou au rétablissement de l’espèce est présent. Il est possible que les zones désignées actuellement soient insuffisantes pour rendre possible l’atteinte des objectifs en matière de population et de répartition pour l’espèce. De ce fait, un calendrier d’études a été inclus pour que l’on puisse améliorer la description de l’habitat essentiel (pour ce qui est de ses fonctions de ses caractéristiques et de ses attributs biophysiques ainsi que de son étendue spatiale) et ainsi appuyer sa protection.

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2.7.2 Information et méthodes utilisées pour désigner l’habitat essentiel

En utilisant la meilleure information disponible, on a désigné l’habitat essentiel en adoptant une approche axée sur l’utilisation d’une « zone de délimitation » pour les trois milieux humides côtiers où l’on observe présentement des lépisostés tachetés. Dans le cadre de cette approche, on utilise les fonctions, caractéristiques et attributs essentiels de chaque stade de développement du lépisosté tacheté afin de repérer les parcelles d’habitat essentiel dans la « zone de délimitation » qui est définie selon les données relatives à l’occurrence de l’espèce. L’information sur l’habitat pour chaque stade de développement est résumée dans un tableau en fonction des données et des études disponibles dont il est question dans la section 1.4.1 (Besoins en matière d’habitat et besoins biologiques). L’approche axée sur l’utilisation d’une zone de délimitation est la plus appropriée étant donné que l’information disponible concernant cette espèce est limitée et qu’il n’existe aucune carte détaillée illustrant l’habitat qui se trouve dans ces zones. Lorsque de l’information sur l’habitat était disponible (p. ex. classification écologique des terres [CET], données bathymétriques), on s’en est servi pour orienter la désignation de l’habitat essentiel. Les méthodes et les données particulières que l’on a utilisées pour désigner l’habitat essentiel (p. ex. CET) sont résumées ci-après (pour de plus amples renseignements, voir l’annexe 2).

Parc national de la Pointe-Pelée – Les données d’échantillonnage sur le lépisosté tacheté pour les étangs situés dans le parc sont dérivées des études de Surette (2006), de Razavi (2006), de A.-M. Cappelli (données non publiées, 2009) et de B. Glass (données non publiées, 2009) ainsi que de documentation photographique rassemblée en 2007 (S. Staton). Les noms des étangs sont tirés de la série de cartes du Système national de référence cartographique (SNRC).

Baie Rondeau – Les données d’échantillonnage sur le lépisosté tacheté sont dérivées de la base de données du MPO, pour la période allant de 1955 à 2004, ainsi que des importantes captures (210 spécimens, au total) réalisées en 2007 et des données de repérage recueillies cette année‑là (B. Glass, données non publiées). Dans le parc provincial Rondeau, on a désigné l’habitat essentiel de façon plus précise en utilisant les données disponibles de la CET associées au parc. La CET évalue la répartition et les groupements d’espèces végétales et tente de comprendre la place qu’ils occupent dans les profils et les processus écosystémiques. Cette classification contribue également à établir des profils pour les végétaux, les sols, la géologie, le paysage et le climat, et ce, à différentes échelles. À l’aide de facteurs se rapportant à la géologie, à la pédologie, à la physiographie et à la végétation, on peut utiliser la CET pour cartographier les communautés végétales à diverses échelles organisationnelles (Lee et coll., 1998; Lee et coll., 2001). Les emplacements où des lépisostés tachetés ont été capturés à l’intérieur du parc ont été comparés avec les données de la CET concernant le parc (Dobbyn et Pasma, en prép.) afin que l’on puisse déterminer les types de végétaux de milieux humides utilisés par l’espèce. Tous les secteurs contenant ces types de végétaux ont été considérés au départ en tant qu’habitat essentiel; cependant, les habitats aquatiques isolés des eaux de la baie ont été exclus, car ces secteurs sont inaccessibles au lépisosté tacheté.

Baie Long Point/RNF du ruisseau Big – Les données disponibles concernant la population de lépisostés tachetés de la baie Long Point sont limitées; on répertorie présentement 11 observations de lépisostés tachetés dans la partie intérieure de la baie  Long Point, la plus récente datant de 2010 (B. Glass, données non publiées). Les données sur les prises provenant de la RNF du ruisseau Big (raccordée à la baie Long Point) ont été recueillies à un seul emplacement (L. Bouvier, MPO, comm. pers., 2008).

L’habitat essentiel a été désigné dans ces zones à l’aide de la CET comme correspondant aux habitats situés en milieu humide (catégories de communautés végétales de la CET comprenant les marais, les baissières, les marais peu profonds, les roseaux communs, la végétation aquatique mixte en eau peu profonde et à feuilles flottantes ainsi que les marécages broussailleux) et aquatique (catégories de communautés végétales mixtes de la CET croissant à une profondeur inférieure à 2 m, y compris les végétaux aquatiques croissant dans des eaux ouvertes, les végétaux aquatiques submergés croissant dans des eaux peu profondes et les végétaux submergés à feuilles flottantes croissant dans des eaux ouvertes) pour la RNF du ruisseau Big, la baie intérieure, à Long Point, et l’embouchure du ruisseau Big.

Viabilité de la population
On a comparé chaque zone d’habitat essentiel désigné pour chaque population aux estimations des exigences spatiales nécessaires pour une population viable de taille minimale. On a également estimé la superficie minimale pour une population viable (SMPV) qui est nécessaire pour chaque stade de développement du lépisosté tacheté au Canada (voir la section 2.7.4). La SMPV se définit comme étant la quantité d’habitats exclusifs et appropriés nécessaire pour l’atteinte d’un objectif de rétablissement durable sur le plan démographique, d’après le concept de la population minimale viable (PMV) (Vélez-Espino et coll., 2008). En conséquence, la SMPV est une évaluation quantitative de l’habitat essentiel qui peut contribuer au rétablissement et à la gestion d’une espèce en péril (Vélez-Espino et coll., 2008). La PMV de lépisostés tachetés adultes est estimée à environ 14 000 individus, et la SMPV connexe est estimée à 35 km2, selon une probabilité d’événement catastrophique de 15 % par génération et un seuil de disparition de 20 individus (c.-à-d. l’effectif adulte en deçà duquel la population est considérée comme étant disparue). (Pour de plus amples renseignements sur les valeurs de la PMV et de la SMPV pour le lépisosté tacheté, voir Young et Koops [2010].)

Les valeurs de la SMPV sont quelque peu prudentes du fait qu’elles représentent la somme des besoins en matière d’habitat calculés pour chaque stade de développement du lépisosté tacheté; ces chiffres ne tiennent pas compte de la possibilité de chevauchement des habitats requis pour les divers stades de développement et peuvent présenter une surestimation de la superficie nécessaire pour soutenir une PMV. Cependant, comme nombre de ces populations sont présentes dans des zones où l’habitat est dégradé (la SMPV suppose que la qualité de l’habitat est optimale), il est possible que des superficies plus grandes que la SMPV soient nécessaires pour soutenir une PMV. En outre, pour certaines populations, il est probable que seule une partie de l’habitat au sein de celui qui a été désigné en tant qu’habitat essentiel puisse combler les exigences fonctionnelles de l’espèce à ses divers stades de développement.

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2.7.3 Désignation de l’habitat essentiel : fonctions, caractéristiques et attributs biophysiques

L’information concernant les besoins en matière d’habitat du lépisosté tacheté à ses divers stades de développement est limitée. Le tableau 8 résume les connaissances disponibles sur les fonctions, caractéristiques et attributs essentiels pour chaque stade de développement (voir la section 1.4.1. Besoins en matière d’habitat et besoins biologiques, pour les références). Les zones désignées en tant qu’habitat essentiel doivent soutenir au moins l’une de ces fonctions de l’habitat.

Tableau 8. Fonctions, caractéristiques et attributs essentiels de l’habitat essentiel pour chaque stade de développement du lépisosté tacheté.
Stade de développement Fonction Caractéristiques(s) Attribut(s)
Stade adulte et premiers stades de développement, du frai au stade embryonnaire (sac vitellin ou < 17 mm de LT) Frai (de mai à juin)
Croissance
Milieux humides côtiers et zones de bras morts calmes reliées le long de la côte nord du lac Érié, y compris les zones riveraines inondées interreliées et les chenaux tributaires.
  • Eaux calmes et claires avec peu de débit, voire aucun (p. ex. bras morts calmes)
  • Eaux peu profondes (profondeur < 1 m)
  • Végétation dense, submergée et émergente (p. ex. myriophylle [Myriophyllum sp.] et potamot crépu [Potamogeton crispus])
  • Mélange de substrats de sable, de limon ou de terre organique
  • Structure immergée (p. ex. branches)
  • Températures chaudes de l’eau (le frai a lieu d’ordinaire à des températures oscillant entre 21 et 26°C; la migration vers les aires de frai a lieu à une température de 18°C)
Larves (jeunes de l’année > 17 mm LT) Croissance
Abri
Milieux humides côtiers et zones de bras morts calmes le long de la côte nord du lac Érié, y compris les zones riveraines inondées interreliées et les chenaux tributaires.
  • Zones littorales peu profondes (p. ex. profondeur de l'eau habituellement < 1 m)
  • Végétation dense, submergée et émergente
  • Mélange de substrats de sable, de limon, d’argile ou de terre organique
Juvéniles [âge 1 jusqu’à la maturité sexuelle (2-3 ans chez les mâles et 3‑4 ans chez les femelles)] Alimentation
Abri
Milieux humides côtiers et zones de bras morts calmes reliées le long de la côte nord du lac Érié, y compris les zones riveraines inondées interreliées et les chenaux tributaires.
  • Aucune information publiée, mais on suppose qu’il s’agit des mêmes attributs que pour les jeunes de l’année et les adultes.
Adultes [dès la maturité sexuelle (2-3 ans chez les mâles et 3‑4 ans chez les femelles)] Alimentation
Abri
Migration
Milieux humides côtiers et zones de bras morts calmes reliées le long de la côte nord du lac Érié, y compris les zones riveraines inondées interreliées et les chenaux tributaires.
  • Eaux calmes et claires avec peu de débit, voire aucun (p. ex. bras morts calmes)
  • Eaux peu profondes (d’ordinaire entre 0,23 et 2,6 m)
  • Végétation dense, partiellement submergée et émergente, qui comprend notamment les espèces suivantes : nénuphar (Nuphar sp.), massette (Typha sp.), élodée du Canada (Elodea canadensis), potamot (Potamogeton sp.), chara (Chara sp.), myriophylle, vallisnérie américaine (Vallisneria sp.) et cornifle (Ceratophyllum sp.)
  • Mélange de substrats de sable, de limon, d’argile ou de terre organique
  • Structure immergée (p. ex. branches)
  • Températures chaudes de l’eau (allant de 11,4 à 31,3 °C, avec une moyenne de 22,6 °C (± 0,19)
  • Espèces de proies en nombre suffisant (p. ex. ménés [Cyprinidae] et perchaude [Perca flavescens])

*connues ou soutenues par des données

Les études qui permettront d’améliorer les connaissances concernant les fonctions, les caractéristiques et les attributs essentiels de l’habitat pour les divers stades de développement du lépisosté tacheté sont présentées dans la section 2.7.5 (Calendrier d’études pour désigner l’habitat essentiel).

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2.7.4 Désignation de l’habitat essentiel sur le plan géospatial

À l’aide de la meilleure information disponible, on a désigné l’habitat essentiel des populations de lépisostés tachetés dans les zones suivantes :

1. Parc national de la Pointe-Pelée;
2. Baie Long Point/RNF du ruisseau Big;
3. Baie Rondeau.

Les zones d’habitats essentiels relevées à ces emplacements peuvent chevaucher l’habitat essentiel désigné d’autres espèces en péril cooccurrentes (p. ex. sucet de lac dans le parc national de la Pointe-Pelée, la baie Rondeau et la baie Long Point); cependant, les exigences particulières en matière d’habitat au sein de ces zones peuvent varier selon l’espèce.

Les zones délimitées sur les cartes suivantes (figures 6-8) représentent l’aire à l’intérieur de laquelle se trouve l’habitat essentiel ou l’étendue de l’habitat essentiel des populations susmentionnées qu’il est possible de désigner à l’heure actuelle. Si on utilise l’approche axée sur la « zone de délimitation », on constate que l’habitat essentiel ne comprend pas l’ensemble des zones situées dans les limites relevées, mais seulement celles où les caractéristiques/attributs biophysiques mentionnés sont présents (voir le tableau 8). Il convient de noter que les structures artificielles permanentes qui sont présentes dans les zones délimitées (p. ex. promenades, marinas, postes de pompage) sont expressément exclues; il est clair que des travaux d’entretien de ces caractéristiques peuvent être requis de temps à autre, tout comme leur remplacement. Dans les prochains paragraphes, on donne de brèves descriptions des zones désignées en tant qu’habitat essentiel dans les trois secteurs susmentionnés.

Parc national de la Pointe-Pelée – Les étangs situés dans le Parc national de la Pointe-Pelée, y compris les étangs Redhead, Lake, East Cranberry, West Cranberry et Harrison, sont désignés comme étant des habitats essentiels. Toutefois, le passage pour embarcations qui se trouve entre les étangs Harrison et Lake, connu sous le nom de chenal Thiessen (figure 6), est exclu de cette description de l’habitat essentiel du fait qu’il fait l’objet, au moins depuis 1922, d’une gestion intensive (modification et entretien) visant à assurer le passage des embarcations entre la limite ouest du marais et l’étang Lake et les autres étangs qui y sont reliés (Battin et Nelson, 1978).

Figure 6. Habitat essentiel désigné du lépisosté tacheté dans le parc national de la Pointe-Pelée.

carte

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Baie Long Point/RNF du ruisseau Big – La RNF du ruisseau Big, la zone qui entoure la baie intérieure, à Long Point, et l’embouchure du ruisseau Big (figure 7) sont incluses dans l’habitat essentiel. Est exclue la cellule intérieure endiguée qui se trouve dans la RNF du ruisseau Big, où aucun spécimen de lépisosté tacheté n’a été détecté (la cellule endiguée n’est pas accessible au lépisosté tacheté). L’étendue de l’habitat essentiel englobe l’ensemble des eaux et des milieux humides contigus, à l’exclusion des zones qui demeurent sèches en permanence, depuis la jetée à l’ouest jusqu’à la RNF du ruisseau Big (inclusivement), à l’exception de l’habitat présent dans la cellule intérieure endiguée qui se trouve dans la RNF; cet habitat comprend également le ruisseau Big proprement dit ainsi que tous les milieux humides contigus situés au nord du ruisseau Big. À l’intérieur de la baie Long Point, l’habitat essentiel s’étend vers le nord jusqu’à la jetée de Port Rowan et, vers le sud, jusqu’aux chenaux dragués (qui sont toutefois exclus de l’habitat essentiel) du complexe de la marina (voir la figure 7).

Figure 7. Habitat essentiel désigné du lépisosté tacheté dans la baie Long Point/RNF du ruisseau Big.

carte

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Baie Rondeau – On a désigné l’habitat essentiel du lépisosté tacheté comme correspondant aux eaux et aux milieux humides (y compris les milieux humides inondés sur une base saisonnière) de l’ensemble de la baie (figure 8). Cela inclut les embouchures des tributaires de la baie, depuis l’amont jusqu’au point à partir duquel un chenal bien défini peut être observé. Dans le parc provincial de la baie Rondeau, les habitats aquatiques isolés des eaux de la baie ont été exclus, car ces secteurs sont inaccessibles au lépisosté tacheté. Plus particulièrement, les secteurs désignés comme des milieux humides à l’est du sentier du marais contiennent en fait de vastes parties d’habitats terrestres en milieu sec qui isolent les parcelles humides intérieures (c.-à-d. les marécages) (S. Dobbyn, MRNO, comm. pers., 2009). Environ la moitié de l’étendue de l’habitat essentiel désigné se trouve dans le parc provincial Rondeau.

Figure 8. Habitat essentiel désigné du lépisosté tacheté dans la baie Rondeau .

carte

La désignation de l’habitat essentiel à l’intérieur dans le parc national de la Pointe‑Pelée, la baie Long Point/RNF du ruisseau Big et la baie Rondeau fait en sorte que l’habitat présentement occupé par le lépisosté tacheté est protégé, et ce, jusqu’à ce que l’habitat essentiel de l’espèce soit défini de façon plus précise conformément au calendrier des études figurant à la section 2.7.5. L’équipe de rétablissement recommande au ministre des Pêches et des Océans de tenir compte du fait que ces zones sont nécessaires à l’atteinte des objectifs relevés en matière de survie et de rétablissement. Le calendrier des études expose les activités que l’on doit mener pour préciser les descriptions actuelles de l’habitat essentiel aux emplacements où des lépisostés tachetés sont encore présents, mais s’applique également à de nouveaux emplacements si la présence de populations établies y était confirmée (p. ex. lac East, havre Hamilton). On améliorera les descriptions de l’habitat essentiel au fur et à mesure que de nouvelles informations deviendront disponibles afin d’atteindre les objectifs en matière de population et de répartition.

2.7.4.1 Viabilité de la population

Dans le tableau 9, on a comparé l’étendue de l’habitat essentiel désigné de chaque population à la valeur estimée de la superficie minimale pour une population viable (SMPV). Il convient de noter que, pour certaines populations, il est probable que seule une partie de l’habitat au sein de celui qui a été désigné en tant qu’habitat essentiel puisse combler les exigences fonctionnelles de l’espèce en matière d’habitat à ses divers stades de développement. De plus, comme ces populations sont présentes dans des zones où l’habitat est dégradé (la SMPV suppose que la qualité de l’habitat est optimale), il est possible que des superficies plus grandes que la SMPV soient nécessaires pour soutenir une PMV. De futures études pourront nous aider à quantifier l’habitat disponible au sein de l’habitat essentiel pour l’ensemble des populations ainsi qu’établir la qualité de cet habitat; cette information, tout comme la vérification du modèle de la SMPV, nous permettra d’avoir une plus grande certitude lorsque viendra le temps de déterminer la viabilité de la population. En conséquence, les résultats présentés dans le tableau 9 sont préliminaires et doivent être interprétés avec prudence.

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Tableau 9. Comparaison de la superficie de l’habitat essentiel reconnu (km2) pour chaque population de lépisostés tachetés par rapport à la superficie minimale estimée pour une population viable (SMPV)*
Population Superficie d’habitat essentiel désigné (km2) SMPV (km2) SMPV atteinte (O/N)
Parc national de la Pointe-Pelée 2,2 35 Non
Baie Long Point/RNF du ruisseau Big 7,7 35 Non
Baie Rondeau (y compris le parc national Rondeau) 37 35 Oui

* L’estimation de la SMPV est fondée sur les approches de modélisation décrites ci-devant.

2.7.5 Calendrier des études pour désigner/préciser l’habitat essentiel

Dans le présent programme de rétablissement, on désigne, dans la mesure du possible, l’habitat essentiel selon la meilleure information disponible. On devra effectuer d’autres études pour améliorer la définition de l’habitat essentiel désigné du lépisosté tacheté afin de soutenir les objectifs en matière de population et de répartition de l’espèce. La liste des activités énumérées dans le tableau 10 n’est pas complète, et il est probable que l’étude de ces mesures mènera à la découverte d’autres lacunes dans les connaissances, lesquelles devront être comblées.

Tableau 10. Calendrier des études pour établir/préciser la désignation de l’habitat essentiel du lépisosté tacheté.
Description de l’activité Justification Échéancier approximatif
Mener des études pour déterminer les exigences en matière d’habitat pour chaque stade de développement du lépisosté tacheté (en particulier les exigences en matière d’habitat pour le stade du sac vitellin, les jeunes de l’année et les juvéniles). Aucune donnée n’a été publiée sur les besoins en matière d’habitat des lépisostés tachetés juvéniles. La détermination des exigences en matière d’habitat pour chaque stade de développement garantira la désignation de l’ensemble des caractéristiques et attributs nécessaires de l’habitat essentiel de cette espèce. 2013-2015
Effectuer des relevés de l’habitat dans les sites d’occurrence historiques et actuels ainsi que dans les sites adjacents aux sites occupés actuellement et cartographier leur qualité et leur étendue. Améliorer la fiabilité des données utilisées pour déterminer si les emplacements répondent aux critères relatifs à l’habitat essentiel; aider à préciser les limites spatiales de l’habitat essentiel. 2013-2015
Mener d’autres relevés ciblant cette espèce afin de combler les lacunes touchant l’aire de répartition et aider à déterminer le degré de connectivité entre les populations. Il peut être nécessaire de savoir où se trouvent les autres populations ainsi que leur habitat essentiel afin d’atteindre les objectifs en matière de population et de répartition. 2013-2015
Créer un modèle des populations sous la commande des habitats disponibles pour chaque stade de développement. Ce modèle facilitera l’élaboration de cibles de rétablissement et la détermination de l’étendue de l’habitat essentiel nécessaire pour chaque stade de développement afin de rendre possible l’atteinte de ces cibles. 2015-2017
D’après l’information recueillie, passer en revue les objectifs en matière de population et de répartition. Déterminer l’étendue de l’habitat essentiel requis pour atteindre les buts ainsi que la configuration de celui-ci si l’on dispose d’information adéquate. Valider le modèle. Il peut être nécessaire d’effectuer un réexamen des cibles de rétablissement pour vérifier si elles sont justifiables et si elles peuvent être atteintes; cette activité permettra d’améliorer la description de l’habitat essentiel (attributs spatiaux et biophysiques). 2015-2017

Les activités précisées dans ce calendrier des études seront effectuées dans le cadre d’un processus de collaboration regroupant le MPO, l’APC, le SCF-EC, l’EREE, les Premières nations et d’autres groupes et gestionnaires du territoire concernés. Il convient de noter que nombre des approches de rétablissement permettront de combler certaines des exigences en matière d’information énumérées ci-devant.

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2.7.6 Exemples d’activités susceptibles d’entraîner la destruction de l’habitat essentiel

La définition de la destruction est décrite de la manière suivante.

« La destruction de l’habitat essentiel aura lieu si une partie de cet habitat est dégradé de façon permanente ou temporaire, à un point tel que l’habitat essentiel n’est plus en mesure d’assurer ses fonctions lorsque celles-ci sont requises par l’espèce. La destruction peut découler d’une ou de plusieurs activités à un moment donné ou de leurs effets cumulés au fil du temps. »

Aux termes de la LEP, l’habitat essentiel doit légalement être protégé contre la destruction une fois qu’il a été désigné comme tel.  Cette protection sera assurée par un arrêté pris au titre de l’article 58, qui interdira la destruction de l’habitat essentiel désigné.

Le ministre de Pêches et Océans Canada invite les Canadiennes et les Canadiens qui le désirent à formuler des commentaires sur la prise éventuelle d’un arrêté au titre de l’article 58 en vue de protéger l’habitat essentiel du lépisosté tacheté dans les plus brefs délais. Veuillez prendre note qu’aux termes de l’article 58, un tel décret doit entrer en vigueur dans les cent quatre-vingts (180) jours suivant l’affichage de la version définitive du programme de rétablissement ou du plan d’action qui désigne l’habitat essentiel.

Les activités qui augmentent l’envasement/la turbidité ou qui entraînent l’enlèvement de quantités excessives de végétation aquatique indigène peuvent avoir des impacts négatifs sur l’habitat du lépisosté tacheté. Cependant, dans les zones où les charges en éléments nutritifs se sont traduites par un accroissement extrême de la végétation aquatique, l’enlèvement de végétation à petite échelle peut être bénéfique pour l’espèce. Dans ces situations, selon l’examen du site, il peut être permis de procéder à l’enlèvement de la végétation à petite échelle si les projets utilisent des moyens chimiques ou physiques approuvés. Des orientations supplémentaires concernant l'enlèvement de la végétation sont présentées à l’annexe 3.
 
En l’absence de mesures d’atténuation appropriées, la réalisation d’activités ou de travaux tels que ceux décrits dans le tableau 11 peut entraîner une destruction directe de l’habitat.

La liste des activités présentées dans le tableau ci-après n’est ni exhaustive ni exclusive et a été établie d’après les menaces générales décrites à la section 1.5 du programme de rétablissement de l’espèce. L’absence de cette liste d’une quelconque activité humaine ne peut empêcher ou entraver la capacité du Ministère à réglementer cette activité en vertu de la LEP. En outre, l’inclusion d’une activité dans cette liste n’entraîne pas automatiquement son interdiction puisque c’est la destruction de l’habitat essentiel qui est interdite. Étant donné que l’utilisation de l’habitat varie dans le temps, chaque activité doit être évaluée au cas par cas, et des mesures d’atténuation pour chaque site doivent être prises lorsque c’est possible et que celles‑ci sont fiables. Dans tous les cas, lorsque l’information est disponible, les limites et les seuils sont associés à des attributs afin de permettre une gestion et une prise de décisions réglementaires éclairées. Cependant, dans de nombreux cas, les connaissances sur l’espèce et sur son habitat essentiel peuvent faire défaut. Cela peut être le cas en particulier de l’information associée aux seuils de tolérance d’une espèce ou d’un habitat aux perturbations découlant d’activités d’origine anthropique, cette information devant alors être obtenue.

Tableau 11. Activités humaines susceptibles de détruire l’habitat essentiel du lépisosté tacheté.
La séquence des effets ainsi que les liens potentiels avec les fonctions, les caractéristiques et les attributs biophysiques de l’habitat essentiel sont indiqués pour chaque activité.
Activité Séquence des effets Fonction touchée Caractéristique touchée Attribut touché
Modifications de l’habitat –
Dragage
Nivellement
Excavation
Enlèvement de structures (p. ex. récupération de billes)
Les changements dans la bathymétrie et dans la morphologie des rives causés par le dragage, le nivellement près des berges et les travaux d’excavation peuvent entraîner l’élimination (ou le remblayage) des substrats de prédilection ainsi que modifier les profondeurs d’eau et les profils de débit, ce qui peut avoir un impact sur la turbidité, les concentrations d’éléments nutritifs, les températures de l’eau et la migration.
L’enlèvement de structures immergées peut entraîner la disparition d’abris et avoir un impact sur l’alimentation et la reproduction.
Frai
Croissance
Alimentation
Abri
Migration
Milieux humides côtiers et zones de bras morts calmes reliées le long de la côte nord du lac Érié, y compris les zones riveraines inondées interreliées et les chenaux tributaires.
  • Eaux calmes et claires avec peu de débit, voire aucun (p. ex. bras morts calmes)
  • Eaux peu profondes (profondeur < 1 m)
  • Végétation dense, submergée et émergente (p. ex. myriophylle [Myriophyllum sp.] et potamot crépu [Potamogeton crispus])
  • Mélange de substrats de sable, de limon, d’argile ou de terre organique
  • Structure immergée (p. ex. branches, abri)
  • Températures chaudes de l’eau (le frai a lieu d’ordinaire à des températures oscillant entre 21 et 26°C; la migration vers les aires de frai a lieu à une température de 18°C).
  • Espèces de proies en nombre suffisant (p. ex. ménés [Cyprinidae] et perchaude [Perca flavescens])
Modifications de l’habitat –
Mise en place de matériaux ou de structures dans l’eau (p. ex. épis, piliers, remblayage complet ou partiel, jetées); artificialisation des rives
La mise en place de matériaux ou de structures dans l’eau qui diminue la disponibilité de l’habitat (p. ex. la superficie occupée par la structure ou la zone remblayée est perdue); le dépôt de remblai peut couvrir les substrats de prédilection, la végétation aquatique et des structures sous-marines.
Le changement dans la morphologie des rives peut modifier les profils de débit et les zones de dépôt des sédiments, provoquer de l’érosion et modifier les niveaux de turbidité. Ces changements peuvent avoir une incidence sur la croissance de la végétation aquatique, provoquer des changements dans les concentrations d'éléments nutritifs et avoir un impact sur les déplacements des poissons.
L’artificialisation des rives qui peut réduire l’apport en substances organiques dans l’eau et modifier les températures de l’eau, ce qui peut avoir un impact sur la disponibilité des proies pour cette espèce.
Toutes (voir plus haut) Toutes (voir plus haut) Tous (voir plus haut)
Modifications de l’habitat –
Extraction d’eau ou drainage des milieux humides (p. ex. excavation de fossés, canalisation et aménagement de digues)
Modification de la période, de la durée et de la fréquence du débit
L’extraction d’eau peut réduire la disponibilité d’habitats en milieux humides. Le drainage de milieux humides peut réduire la disponibilité de l’habitat utilisé au cours des divers stades de développement de cette espèce. Les profondeurs de l’eau peuvent être réduites, ce qui a une incidence sur la croissance de la végétation aquatique et sur les structures immergées qui servent d’abri ainsi que sur les températures de l’eau. L’apport de substances organiques provenant de milieux humides drainés peut être réduit, ce qui peut avoir une incidence sur la disponibilité des proies.
Les travaux de drainage des milieux humides (p. ex. excavation de fossés, canalisation et aménagement de digues) peuvent entraîner un accroissement des niveaux de turbidité et modifier les débits.
La modification des profils de débit d'eau peut avoir un impact sur le dépôt des sédiments (p. ex. changements dans les substrats de prédilection), sur la disponibilité de la végétation immergée pour le frai, sur la turbidité et sur les concentrations d’éléments nutritifs.
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Modifications de l’habitat –
Accès libre du bétail aux plans d’eau
L’accès direct du bétail aux plans d’eau peut causer des dommages ou la perte de la végétation riveraine et aquatique. Les dommages qui sont ainsi causés aux rives, aux talus et aux lits des cours d’eau peuvent augmenter l’érosion et la sédimentation, ce qui a un impact sur la turbidité et les températures de l’eau.
Un tel accès peut également augmenter les apports en éléments nutritifs organiques dans l’eau, ce qui entraîne une hausse des charges en éléments nutritifs, peut avoir un impact sur la croissance de la végétation aquatique, favoriser la prolifération algale et diminuer l’abondance des proies.
Frai
Croissance
Alimentation
Abri
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Enlèvement de la végétation aquatique et riveraine 
Défrichage (enlèvement de la végétation par des moyens mécaniques et chimiques)
L’enlèvement de végétation aquatique ou riveraine, laquelle sert d’abri et de lieu de frai à l’espèce, peut avoir un impact négatif sur le succès du recrutement et de la prédation. La mort de végétaux qui fait suite aux traitements chimiques et aux travaux d’enlèvement de végétaux peut également avoir un impact négatif sur la qualité de l’eau et avoir une incidence sur la turbidité et les températures de l’eau. Toutes (voir plus haut Toutes (voir plus haut) Tous (voir plus haut)
Turbidité et charges en sédiments 
Travaux effectués dans l’eau ou près de l’eau, sans une gestion appropriée des sédiments et de l’érosion (p. ex. utilisation d’équipement industriel, nettoyage ou entretien de ponts ou d’autres structures)
Une mauvaise gestion des sédiments et de l’érosion ou la prise de mesures d’atténuation inappropriées peut augmenter les niveaux de turbidité, ce qui peut entraîner une réduction du succès de l’alimentation ou de la disponibilité des proies, ce qui a un impact sur la croissance de la végétation aquatique et peut entraîner une exclusion des poissons de leur habitat en raison des impacts physiologiques des sédiments dans l’eau (p. ex. irritation des branchies). Frai
Croissance
Alimentation
Abri
Migration
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Charges en éléments nutritifs –
Surutilisation d’engrais et gestion inappropriée des éléments nutritifs (p. ex. gestion des débris organiques, gestion des eaux usées, déchets d’origine animale, fosses septiques et eaux d’égouts urbains)
Les mauvaises pratiques de gestion des terres et la mauvaise gestion des éléments nutritifs peuvent entraîner du ruissellement et une augmentation des charges en éléments nutritifs dans les plans d’eau voisins. Les concentrations élevées d’éléments nutritifs peuvent accélérer la croissance de la végétation aquatique et modifier les températures de l’eau. La disponibilité des espèces de proies peut aussi être réduite si les proies sont vulnérables à la pollution imputable aux substances organiques. Toutes (voir plus haut) Toutes (voir plus haut) Tous (voir plus haut)
Introduction délibérée d’espèces exotiques Les activités d’alimentation de la carpe commune peuvent provoquer une augmentation de la turbidité et un déracinement de la végétation aquatique que le lépisosté tacheté utilise pour s’abriter.
La présence du lépisosté de Floride peut entraîner une exclusion du lépisosté tacheté de son habitat de prédilection et entraîner une concurrence accrue pour les proies.
Frai
Croissance
Alimentation
Abri
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Obstacles au déplacement –
Barrages, déversoirs et ponceaux (p. ex. problèmes relatifs au passage des poissons)
L’installation de structures qui empêchent les poissons de passer peut limiter le déplacement des individus, entraînant une fragmentation des populations. La modification du débit parfois associée à la construction de ces structures peut, en outre, avoir un impact sur la disponibilité de l’habitat (voir : Modifications de l’habitat – modification de la période, de la durée et de la fréquence du débit). Les obstacles peuvent modifier les niveaux d’eau, en amont et en aval, et ainsi avoir une incidence sur la disponibilité de l’habitat. Frai
Croissance
Alimentation
Abri
Migration
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Certaines activités de gestion de l’habitat sont reconnues comme étant bénéfiques pour la survie et le rétablissement à long terme de l’espèce et peuvent être permises au besoin. Parmi ces activités, mentionnons l’enlèvement ou la réduction de la végétation aquatique/semi-aquatique exotique, la gestion des niveaux de l’eau (y compris l’entretien des digues) et les activités de restauration de l’habitat (p. ex. gestion des incendies). Par exemple, dans les RNF, il est possible que l’on doive gérer les niveaux de l’eau et enlever une partie de la végétation aquatique pour maintenir des conditions de marais semi-émergents (c.-à-d. habitat 50 % d’eaux libres/50 % de végétation émergente). On peut également envisager la tenue d’autres activités de restauration qui améliorent la qualité de l’habitat de milieux humides disponible ou la disponibilité de ce type d’habitat pour le lépisosté tacheté.

2.8 Approches actuelles et recommandées pour la protection des habitats

L’habitat du lépisosté tacheté reçoit une protection générale lorsque des travaux et des projets sont entrepris en vertu des dispositions sur la protection de l’habitat de la Loi sur les pêches du gouvernement fédéral. La Loi canadienne sur l’évaluation environnementale (LCEE) tient également compte des impacts des projets sur l’ensemble des espèces sauvages inscrites et leur habitat essentiel, lorsque celui-ci est désigné. Pendant l’examen d’un projet en vertu de la LCEE, tous les effets négatifs que le projet peut avoir sur une espèce inscrite et son habitat essentiel doivent être relevés. Si le projet est exécuté, il faut prendre des mesures qui sont conformes avec les programmes de rétablissement ou les plans d’action applicables afin d’éliminer ou d’atténuer les effets en question (mesures d’atténuation) ainsi que d’assurer un suivi de ces effets.

L’habitat essentiel du lépisosté tacheté situé dans le parc national de la Pointe-Pelée et dans la RNF du ruisseau Big sera protégé grâce aux dispositions interdisant la destruction de l’habitat essentiel, conformément au paragraphe 58(2) de la LEP, 90 jours après que la description de l’habitat essentiel, tel que défini dans le présent programme de rétablissement, aura été publiée dans la Gazette du Canada. Cette interdiction assure également une protection supplémentaire à celle déjà offerte par la Loi sur les parcs nationaux du Canada et la Loi sur les espèces sauvages au Canada respectivement ainsi que les règlements d’application de ces lois. Les individus des populations d’espèces en péril inscrites se trouvant sur des terres et dans des eaux relevant de la compétence du gouvernement fédéral sont également protégés en vertu de la LEP lorsque ces espèces sont inscrites à l’annexe 1 de la LEP.

À l’échelon provincial, une protection est également offerte en vertu de la Loi sur l’aménagement du territoire. Les autorités responsables de l’aménagement du territoire doivent se « conformer » à l’énoncé de politique de l’article 3 de la Loi sur l’aménagement du territoire de l’Ontario qui interdit le lotissement et la modification de sites se trouvant dans l’habitat d’espèces en voie de disparition et menacées. L’aménagement riverain, en Ontario, est régi par la réglementation sur les plaines inondables mise en application par les offices de protection de la nature locaux. En vertu de la Loi sur les terres publiques, un permis peut être requis pour la réalisation de travaux dans l’eau ou le long des berges. Le lépisosté tacheté est inscrit en tant qu’espèce menacée aux termes de la Loi sur les espèces en voie de disparition de 2007 de l’Ontario. En vertu de cette loi, l’espèce même est protégée, et son habitat le sera en vertu des dispositions générales concernant la protection de l’habitat de la Loi à compter du 20 juin 2013, à moins qu’un règlement sur l’habitat propre à cette espèce ne soit promulgué par le gouvernement provincial avant cette date.

Les populations actuelles de lépisostés tachetés du lac Érié se trouvent dans le parc national de la Pointe‑Pelée, le parc provincial Rondeau (qui représente la partie est de la baie uniquement) et la baie Long Point (y compris la RNF) ainsi que la RNF du ruisseau Big, ce qui assure une certaine protection à l’espèce. Présentement, l’habitat occupé fait l’objet de la protection supplémentaire accordée aux RNF par la Loi sur les espèces sauvages au Canada et aux parcs provinciaux par la Loi sur les parcs provinciaux et les réserves de conservation de 2006.

Parmi les zones de priorité élevée actuellement recommandées à des fins d’intendance, mentionnons le bassin hydrographique de la baie Rondeau, où les impacts de l’utilisation des terres semblent compromettre les conditions régnant dans l’habitat à l’intérieur de la baie.

2.9 Effets sur d’autres espèces

Il est concevable que l’augmentation des populations de lépisostés tachetés puisse entraîner un accroissement de la prédation à l’égard d’autres espèces de poissons en péril également présentes (p. ex. brochet vermiculé [Esox americanus vermiculatus], sucet de lac, petit-bec [Opsopoeodus emiliae], méné camus [Notropis anogenus] et crapet sac-à-lait [Lepomis gulosus]). Cependant, les activités de rétablissement proposées bénéficieront à l’environnement en général et auront un impact net positif sur d’autres espèces indigènes sympatriques. Bien qu’il soit possible que des conflits surviennent avec d’autres espèces en péril (aquatiques ou dépendant du milieu aquatique) durant la mise en œuvre du rétablissement, cette possibilité sera limitée par l’étroite coordination entre les diverses équipes et les divers groupes de rétablissement/organismes gouvernementaux qui peuvent travailler sur les espèces en péril et sur la gestion de l’habitat au sein des milieux humides côtiers du lac Érié. En outre, la plupart des activités d’intendance et d’amélioration de l’habitat seront mises en œuvre par l’entremise de l’initiative de rétablissement de la région Essex-Érié, laquelle prévoit d’importantes mesures de sensibilisation à l’égard des autres programmes de rétablissement. Le MPO, Environnement Canada et l’APC reconnaissent qu’il faut adopter une approche écosystémique pour assurer la gestion de l’habitat afin que les décisions prises à cet égard tiennent compte des besoins de toutes les espèces en péril dont les habitats essentiels se chevauchent (p. ex. petit blongios [Ixobrychus exilis], lépisosté tacheté et sucet de lac).    

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2.10 Approche recommandée pour la mise en œuvre du rétablissement

Le présent document portant sur une seule espèce représente un volet de la mise en œuvre du rétablissement d’espèces en péril cooccurrentes qui vivent dans les mêmes endroits. L’Équipe de rétablissement des poissons d’eau douce de l’Ontario recommande qu’on l’on fasse une utilisation efficace des ressources et que l’on réduise les coûts en coordonnant les efforts consentis par les groupes concernés, l’EREE et ses groupes de mise en œuvre dans les régions où l’espèce vit. Les trois milieux humides côtiers du lac Érié où le lépisosté tacheté est actuellement présent ont été désignés par l’équipe de rétablissement de la région Essex-Érié comme étant des zones centrales primaires pour l’orientation des efforts de rétablissement qui profiteront à cette espèce. L’EREE et ses groupes de mise en œuvre incluent des représentants d’organismes de gestion des parcs responsables de la gestion de ces habitats en milieux humides. Ce chevauchement des efforts associés à ces plans nous aidera à faire en sorte que les mesures de rétablissement du lépisosté tacheté cadrent avec les plans actuels de gestion des parcs. Même si le lépisosté tacheté est inclus dans le programme de rétablissement de la rivière Sydenham (Dextrase et coll., 2003), les observations originales effectuées dans ce bassin hydrographique ont été considérées depuis comme étant douteuses (COSEPAC, 2005).

2.11 Énoncé relatif aux plans d’action

Les plans d’action sont des documents qui décrivent les activités qui ont été mises sur pied pour assurer l’atteinte des buts et des objectifs de rétablissement précisés dans les programmes de rétablissement. En vertu de la LEP, les plans d’action exposent la planification détaillée du rétablissement à l’appui des orientations stratégiques établies dans le programme de rétablissement de l’espèce. Le plan expose ce qu’il faut faire pour assurer l’atteinte des buts et des objectifs de rétablissement précisés dans le programme de rétablissement, y compris les mesures à prendre pour faire face aux menaces et assurer le suivi du rétablissement de l’espèce ainsi que les mesures destinées à protéger l’habitat essentiel. Les plans d’action offrent l’occasion de solliciter la collaboration de nombreuses parties intéressées dans la recherche de solutions créatrices aux difficultés posées par le rétablissement.

Au moins un plan d’action en lien avec le présent programme de rétablissement sera élaboré dans les cinq ans suivant la publication de la version définitive du programme dans le Registre public des espèces en péril.

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